Histoire de Montalembert page 2

Montalembert, notes historiques

Pour servir à l'Histoire de la Paroisse de Montalembert (1) à la fin du dix-huitième siècle

Le document qui a servi de base à cette étude se trouve conservé aux archives de la Mairie de Montalembert et m'a été communiqué par M. Métayer, Maire. C'est un cadastre sur la première page duquel on peut lire :
Généralité de Limoges, Élection d'Angoulême, Paroisse de Montalembert
Etat général des Fonds de la Paroisse de Montalembert, fait par nous Jean Demondion, arpenteur, demeurant au Jouchaud, paroisse de Charmé (2) sous la Garantie de Nous Jean-Joseph Dutillet, Géomètre, demeurant en la ville d'Angoulême, en exécution de la délibération des habitants de ladite paroisse, passée devant Gourtant, notaire, le 26 Mars 1742, et de l'Ordonnance de Monseigneur l'Intendant de cette Généralité du 22 Septembre 1746 après avoir prêté serment de m'acquitter de ma commission fidèlement, et conformément à ses instructions, ay procédé comme il s'en suit :
Cejourd'huy 4 Septembre 1747 sous le bon plaisir de Monseigneur l'Intendant, moy, dit arpenteur me suis transporté au bourg de ladite paroisse, où étant à huit heures du matin, après avoir informé les Syndic, collecteurs et principaux habitants du sujet de notre transport, je les ay requis de nous accompagner au dit mesurage, tant pour voir et connaître par eux-mêmes l'exactitude d'icelui, que pour nous indiquer les véritables propriétaires et exploitants de chaque pièce, et nous aider à prendre dans les habitations des domaines ou fermes, un état des bestiaux ayant coutume d'y servir à l'exploitation, ou d'y être tenu pour l'engrais, à quoy les dits habitants nous ayant fait réponse qu'ils étaient prêts de satisfaire, accompagné de Thomas Friot, Jacques Pissard, François et Etienne Guillaud, François Raffoux, Jean Guiot, Jean Friot, François Faure, Pierre Maumon, Jean Brunet, Jacques Giraud, Jean Machet, Jean Rolland et autres, syndic, collecteurs et principaux habitants, j'ay commencé par le. bourg pour continuer de proche en proche sans omettre aucune pièce, en les mesurant au journal d'Angoumois, composé de 800 toises ou 200 carreaux, la toise de 36 pieds, faisant en superficie 28.800 pieds de Guinne ou 33.800 pieds de Roy, les numérotant l'une après l'autre par ordre de numéro, depuis la première jusqu'à la dernière. Demondion.

Nous, Jean Demondion, arpenteur demeurant au village du Jouchaud, paroisse de Charmé, soussigné, reconnaissons que sur le réquisitoire de M. Dutillet, géomètre, demeurant en la ville d'Angoulême, icelui autorisé du consentement de Monseigneur l'Intendant de la présente Généralité, nous avons mesuré, arpenté, confronté et pris exactement toutes les pièces d'herbages qui composent la paroisse de Montalembert et portées au présent Etat des Fonds ; comme aussi nous avons pris le nombre des bestiaux, ayant coutume d'y être tenus par les particuliers, en nous conformant scrupuleusement aux ordres, et instructions de Mondit seigneur l'Intendant, dont copie nous ont été mise entre mains par ledit sieur Dutillet affirmant avoir fait le présent arpentement en notre âme et conscience et le plus équitablement qu'il nous a été possible, promettant et nous obligeant de garantir le dit sieur Dutillet de la contenance de chaque pièce et des omissions. Nous soumettant aux peines où il pourrait lui-même être contraint pour raison de l'arpentage de ladite paroisse.
Fait à Angoulême ce sept mars 1760. Demondion.

Quelques précisions sur ce cadastre nous sont fournies par les cahiers de doléances de 1789 (3). Dans celui de Bonnes en Angoumois on peut lire à l'article 5 (4) :
«Environ l'an 1740 ou 17/12, sous l'administration particulière de Monsieur de Tourny, intendant de Limoges, il fut fait un cadastre des terres de l'Angoumois. Cette opération sagement conçue promettait au moins la répartition juste et relative de l'impôt entre les contribuables. Mais elle fut confiée à des mercenaires qui firent leurs verbaux à la hâte, souvent sans se déplacer et qui n'interrompirent même pas leurs opérations dans le temps où la terre était couverte de neige et de glace.»

Le cahier de la ville d'Angoulême (5), en son article 30, affirme que ee les cinq élections qui composent la Généralité ont été arpentées à peu de paroisses près.
Il est probable que ce cadastre n'avait pas partout été mené à bonne fin car les habitants de la paroisse de Nanclars (6) demandent un arpentement général et une estimation de toutes les terres (7).
Si on le réclame en certaines paroisses, il en est d'autres où l'on s'en plaint. Les habitants dé celle de Villegast (8), article II, représentent : «que le cadastre qui a été si malheureusement introduit dans leur paroisse a monté à un point si excessif que tous les propriétaires et cultivateurs roturiers qui ont vingt livres de revenu en payent dix-huit de subsides ou impôts» (9).
Il faut cependant faire la part de l'exagération. Les griefs qu'autrefois on faisait au cadastre de 1742 se répètent chaque jour pour la réfection du cadastre actuel.
On met en doute la bonne foi de l'arpenteur, on critique la rapidité de l'opération, la catégorie où sont classés les sols, on crie à la surestimation des parcelles.

Unités de superficie employées
Avant d'examiner les propriétés bâties et non bâties que l'on trouvait alors dans la paroisse, il est intéressant d'examiner l'unité de mesure employée par l'arpenteur.
Le cadastre dit que les aires sont estimées en journal d'Angoumois composé de 800 toises ou 200 carreaux, la toise de 36 pieds faisant en superficie 28.800 pieds de Guine ou 38.800 pieds de Roy.
Par 36 pieds, il faut entendre 36 pieds carrés, soit, en convertissant en mètres carrés et en comptant le pied comme 1/3 de mètre :
1/3 X 1/3 X 36 = 4 m2.

Le carreau valait donc en surface :
4 m2 X 800 = 16 m2
       200

et le journal de l'Angoumois :
16 m2 X 200 = 3200 m2 ou 32 ares
Un moyen facile pour le vérifier est de considérer la superficie de l'église qui est estimée à 18 carreaux dans le cadastre de 1747 et à 3 ares dans le cadastre actuel.
La superficie du carreau devait être de :
300 = 16 m2 2/3
 18

- valeur suffisamment voisine, aux erreurs de mesure près.

Estimation du revenu des parcelles
Le cadastre mentionne, avec la superficie, la valeur du revenu des terres sur lequel devait être basé le calcul de l'impôt. On peut dès lors presque assurer que le chevalier de Touchembert, dont le revenu est estimé, ainsi que les Messieurs de Fontaine, qui paraissent être les nobles du coin, payaient les impôts comme le peuple.
Quant à affirmer que le taux d'estimation était le même pour tous, cela est différent.
A l'article 4, les 21 journaux de terres du Logis donnent 29 livres de revenu, ce qui fait 1 livre 1/2 environ pour un journal.
A l'article 8, un champ de 133 carreaux (moins d'un journal) donne 2 livres 6 sols (propriétaire : Jean Michelet).
A l'article 1247, les 13 journaux des Jésuites de Poitiers, près de la Chapelle de Terruan, donnent 7 livres 8 sols de revenu et les 4 journaux de Pierre Merle, à l'article 1248, donnent 3 livres 16 sols.
Cette estimation du revenu paraît avoir été faite de visu, car il est difficile, dans une même catégorie de terres ou de bois, d'établir une proportionnalité entre la superficie et le revenu.
Les jardins semblent rapporter 1/2 sou par carreau (articles 1384, 2162, 2164, 2165).
Les chataignières rapportent 1 livre au journal au bois du Breuil ;
Les taillis : 10 sols dans le bois de Dessé ;
Les vignes : 2 livres au journal (art. 174-175) ;
Les ajoncs : 5 sols au journal (art. 791-1728) ;
Les chaumes : 20 sous au journal.Pour les maisons et leurs dépendances, le cadastre ne donne pas le détail du revenu.

Le Bourg
Comme aujourd'hui, le bourg n'était pas l'agglomération la plus importante de la commune. Les maisons se groupaient autour de l'église et du logis, les deux bâtisses les plus importantes.
L'église est désignée : «L'Eglise paroissialle du dit lieu, clocher et sacristie dédiée sous Saint-Silvestre, patronage de Monseigneur l'évêque de Poitiers.»
Le cadastre mentionne la place publique (article 2560 ; superficie : 19 carreaux), mais ne parle pas du tilleul qui s'y trouve et que la tradition fait remonter à l'époque de Sully. Une ordonnance de 1605 aurait recommandé la plantation d'un orme sur la place de chaque village (10).
Dans la région, l'orme était remplacé par le tilleul. On oublie aussi la fontaine qui sort au sommet de la colline et qui ne tarit jamais, celle à qui probablement Montalembert doit son origine.
Le Logis était composé de tour, pavillon, granges, écuries, toits, jardin, héraux (11), pré, bois taillis, bois haut de futaie et vigne contenant 22 journaux 73 carreaux ». Il était limité par des chemins partout. Aujourd'hui il forme encore une propriété d'un seul tenant, qui n'a pas été démembrée. Au milieu du clos [se trouvait] une tuilerie composée d'un four et d'une gallerie ». Comme le Logis, elle appartenait à M. le Chevallier de Touchembert [Touchimbert].
Une autre maison [avec] jardin, héraud, composée d'une chambre basse d'une grange écurie et toit tenant deux boeufs et couvrant une superficie de 120 carreaux était encore la possession du dit chevallier de Touchembert.
Dans le bourg également, Pierre Naud possédait une «maison (avec) jardin et hérau» (art. 2556) et François Raffoux une maison et héreau, la maison composée de deux chambres basses, un apant (12), four et gallerie» (13) (art. 2555).
Une autre construction importante était « le logis, cour, jardin et héreau, le logis composé de deux batimans, pré et vigne, le tout renfermé de murs et fossés appartenant au sieur Pierre Paul Leclerc, Escuyer, pour la Réserve » et couvrant une superficie de 15 journaux, 146 carreaux. Il possédait en outre (art. 2558) une maison, jardin, héreau, la maison composée d'une chambre basse et haute, grange, écurie».
Enfin restait «la maison presbitérale composée de trois chambres basses, chambre, grange, écurie, seillier, fourny et autre batimans jardin et héreau». Il ne faut pas s'étonner de son importance, puisque à cette époque bien des dîmes étaient perçues en nature.

Village de la Tuilerie
A proximité du bourg, à la crête de l'anticlinal (cote 173), se trouvait le village de la Tuilerie, au nom significatif. A côté se trouvent encore les trous d'extraction de l'argile. Au sommet de l'anticlinal de Montalembert réapparaissent en effet les marnes bleues du Toarcien, portées aux cotes 173 et 190. Ces trous, catalogués dans l'ancien cadastre sous le nom de Fausses ont conservé cette appellation jusqu'à nos jours.

En 1742, la Tuillerie ne comptait que six maisons.
L'une, avec jardin et pré, appartenait à Charles Pierron ; l'autre, avec toit et jardin, à Jean Boiteaux. Pierre Naud possédait «maison, héreaux et jardin» ; Georges Brunet, «Maison, jardin et héreau» ; François Rolland, «maison, grange, héreau, jardin, pré et terre» ; Georges Brunet, nommé plus haut, possédait enfin une autre maison avec «jardin et héreau».

Village du Pigeon-Blanc
Celui du Pigeon-Blanc avait plus d'importance, avec ses 15 maisons, son communal et son four.
Auguste Demay y était possesseur d'une maison avec jardin et héreau ; François Demay d'une maison et héreau ; François Servant d'une maison avec toit, jardin, héreau ; Auguste Demay d'une autre maison ; François Rolland d'une maison et héreau, composée de deux chambres basses, écurie et gallerie ; Pierre Grimaud d'une maison et héreau composée de deux chambres basses, grange, écurie et toit tenant deux boeufs ; Jacques Guillaud d'une maison avec héreau ; Jean Guilloud d'une maison avec héreau ; Jeanne Demay d'une maison avec héreau ; Jean Guillaud d'une autre maison avec héreau ; Pierre Demay d'une maison avec gallerie, héreau et jardin ; Jeanne Grimaud d'une maison avec gallerie, terre et pré ; François Tribot d'une maison avec héreau ; Pierre Petit (de Saint-Martin-du-Clocher) (14), d'une maison avec héreau; François Tribot (de Limalonges) (15), d'une masure avec héreau ; François Grimaud d'une maison avec jardin, héreau et chaume, la maison composée d'une chambre basse, grange, écurie et toit tenant deux bœufs.
Enfin le communal du four occupait trois carreaux.

Village de Chez-Garenne
À côté, le village de Chez-Garenne, sur le bord de la route de Saint-Martin-du-Clocher, n'avait que deux maisons : l'une, avec grange, jardin et héreau, appartenant à Marie Gobineau, veuve de Jean Guillaud ; l'autre, avec jardin, héreau et pré, la maison composée d'une chambre basse, deux autres petits bâtiments et four, appartenant à Jacques Boitand.

Village du Chail
Un peu plus loin que la Tuillerie, sur la route de Montjean, se trouvait le village du Chail (16), avec ses deux maisons et ses deux masures. Pierre Renaud possédait une maison avec jardin et héreau, la maison composée d'une chambre basse, deux toits écurie tenant deux bœufs et Françoise de Belacq, de la paroisse de Saint-Macoux (17), une maison avec héreau. Les masures étaient la propriété : l'une, de Charlotte de Belacq ; l'autre de Pierre Renaud.

Village de la Thomassière
En traversant la plaine de Guillerand, en partant du Chail et marchant vers le sud, on arrivait à la métairie de la Thoumasserie (aujourd'hui la Thomassière), comprenant «maison, jardin, héreau, pré, vigne, terre, ajoncs, la maison composée de 2 chambres basses, une grange, écurie, toit, coulombier, tenant deux bœufs et deux veaux» appartenant à Monsieur de Tessé et occupant 8 journaux 195 carreaux.

La métairie des Grandes Brandes
Après le carrefour du Lacq de Saudon, la grange de Monsieur Gautraud, possesseur de la métairie des Grandes Brandes, séparait la paroisse de Montalembert de celle de Londigny (18).

Village de Chez-Bourdin
Sur le versant nord-ouest de l'anticlinal, le village de Chez-Bourdain, actuellement disparu, voisinait avec celui de l'Egaud. Des deux maisons, l'une appartenait à Françoise Auvin, veuve de Thomas Friot ; l'autre, avec jardin et héreau, à Pierre Friot.

Village de L'Egaud
On écrivait Légaud. Cassini donne Les Gauts et les registres de l'Etat-civil, année 1688, Laigot, forme vraisemblablement plus correcte, ce mot dérivant probablement de aiguë qui signifiait eau (19).

Ses 13 maisons, dont deux avec four, accusent une toute autre importance que celle qu'il possède aujourd'hui. Jacques Héreau y possédait une maison avec héreau ; Jean Renaud une maison avec héreau ; Jeanne Demay une maison composée de deux chambres basses ; Jacques Giraud une maison avec héreau, jardin, la maison composée de deux chambres basses, grange, écurie, deux petits toits, four et gallerie, tenant deux bœufs ; Jeanne Grimaud, veuve de Pierre Demay, une maison avec jardin, héreau, la maison composée de deux chambres basses, grange, écurie, toit gallerie, tenant deux boeufs ; Jean Clotin, une maison avec héreau, la maison composée de deux chambres basses ; Philippe Héreau une maison avec héreau et une autre maison avec héreau, la maison composée de deux chambres basses, boutique, fourny ; Jacques Boiteaux une maison avec héreau ; Jean Clotin, une autre maison ; Jean Renaud une autre maison ; Philippe Héreau, une maison avec héreau et une grange ; François Grimaud, une maison avec toit, grange, héreau et jardin ; Françoise Auvin, une maison ; Pierre Friot, une maison avec jardin et héreau.

Village de la Croix
Sur le même versant, en filant vers le sud, on trouvait le village de La Croix, de peu d'importance et qui est resté tel qu'il était à cette époque.
On y trouvait, appartenant au sieur de Boistillet (20), une maison composée de deux chambres basses, avec héreau, deux toits et un four ; une autre maison, composée de deux chambres basses, à Mm 8 de Boistillet ; enfin une troisième maison également composée de deux chambres basses avec deux toits et four appartenant à Pierre Paintureau.




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