Cet extrait de L'Observateur de Ruffec du dimanche 20 mars 1932 nous relate une intervention de la brigade d'Aigre sur Paizay-Naudouin en 1814.
Échauffourée politique à Paizay-Naudouin (avec mêlés à l'affaire des Pioussayens...)
Le 2 mai 1814, jour de foire à Paizay-Naudouin, la brigade de gendarmerie d'Aigre qui s'était, selon l'usage, rendue dans cette commune a été maltraitée. Une sédition relative à la cocarde blanche a eu lieu. Ils ont eu la leur enlevée et foulée aux pieds et forcés de se retirer. Ceux qui ont pris le plus de part à cette sédition sont des habitants du département des Deux-Sèvres, dont la commune de Paizay-Naudouin est limitrophe, et des anciens gentilshommes qui cherchent à aigrir le peuple, des déserteurs et des partisans de l'ancien gouvernement.
M. Girardin, adjoint de la dite commune, est soupçonné par le maire d'avoir contribué par sa mauvaise tête à cette rébellion en soulevant les esprits. Ils se sont portés jusqu'à crier : «Vive l'empereur...! » (extrait du rapport de la 20e division militaire, dont dépendait la Charente)
Cette crainte, généralement répandue de voir l'ancienne noblesse rentrer dans ses biens et dans ses droits, tourmente de plus en plus l'acquéreur de propriétés nationales et l'homme des campagnes, et a donné lieu le 2 de ce mois à une scène dangereuse dans l'arrondissement de Ruffec. C'était à la foire de Paizay-Naudouin, une foule d'individus parmi lesquels on a remarqué plusieurs militaires rentrés dans leurs foyers, ont assailli, maltraité à coups de bâtons et de pierres plusieurs personnes parce qu'elles portaient la cocarde blanche et notamment le maire de la Madeleine et l'adjoint au maire de Paizay, en criant «vive l'empereur...! à bas Louis XVIII...!» Il résulte du procès-verbal rédigé par le dit adjoint que cette troupe de séditieux a arraché la cocarde blanche à ceux qui ont refusé de l'ôter, et particulièrement aux gendarmes chargés de la police, et qu'ils l'ont foulée aux pieds, que l'écharpe dont le magistrat était revêtu a été déchirée, que son domicile a été violé, qu'il y a été poursuivi et menacé, qu'un dégât considérable a été commis et que lui même n'a échappé à leurs coups qu'en se réfugiant dans une chambre haute, dont il avait barricadé les portes...
Le préfet de la Charente au ministre de la police générale :
Angoulême le 5 mai 1814
«Je vois, M. le Préfet, par votre rapport de police en date du 5 de ce mois, que le tribunal de Ruffec a pris connaissance des actes violents dont plusieurs individus, et notamment des militaires nouvellement rentrés, se sont rendus coupables à la foire de Paizay-Naudouin. Pressez-en la poursuite, non avec rigueur et cette étendue de recherches qui ne tendraient qu'à aggraver le mal, mais avec cette juste mesure qui, par un exemple, fait à propos, fait arrêter les désordres dans leur sources. Continuez, je vous prie, à me donner communication de tous les faits qui intéressent la sureté et la tranquillité publiques. Vous me ferez connaître également les résultats de l'évènement qui a eu lieu à Paizay-Naudouin.» (Minute de la réponse ministérielle, expédiée de Paris le 19 mai 1814)