Les poids et mesures sous l'ancien régime

Le système métrique est né pendant la Révolution. Le 8 mai 1790, l'Assemblée nationale décide de créer un système de mesures décimal aux caractéristiques stables, uniformes et simples. La première unité de base choisie fut le pendule battant la seconde. Le 30 mars 1791, l'Assemblée fixe la mesure du mètre au 10.000.000e de la distance comprise entre le Pôle nord et l'Équateur. Le 7 avril 1795 (18 germinal An III) un décret de la Convention la pérennise...

Pioussay relève du marquisat de Ruffec. A Loubillé, tant en 1815 qu’en 1856, la surface d’une terre labourable - actes notariés - s’exprime encore en sillons. Avec le temps, le notaire précise en ares. Notons que les hectares ne sont pas encore au programme, la surface des parcelles ne dépassant guère 20 ou 30 ares.
En 1857, à Villefagnan, Pierre Fragnaud utilise dans son livre de compte les anciennes mesures. Si les sommes sont en franc, le vin est encore estimé en veltes - ai vendu à M. Joubert, 47 veltes de vin rouge - mais aussi en litres, le pain en livres, la laine en livres, la toile en mètres, les lattes pour la couverture des maisons en brasses.

Le capharnaüm des mesures
Les mesures (longueur, surface, masse et volumes) étaient différentes en Angoumois, Poitou et Saintonge. Pour Loubillé, pas facile de faire commune mesure, car la paroisse relève de deux sénéchaussées (Saint-Jean-d’Angély et Angoulême). Et la mesure de Chef-Boutonne est très employée selon les actes.
Pour faciliter les choses, les notaires partagent parfois la terre en sillons entre les bénéficiaires d’un héritage. Pas facile donc d’arpenter ce sujet. Pour faire simple, nous allons nous contenter d’énumérer ces mesures anciennes. Précisons que la boisselée (superficie) correspondait à un boisseau de semence (variable selon la valeur du boisseau, Ruffec ou Chef-Boutonne) ; le journal, superficie moyenne de terre travaillée en une journée (variable localement selon laboureur à bras ou à bœufs) ; l’arpent, le carreau ; le pied, la perche, la chaîne, l’aune… Pauvres écoliers !

Quelques mesures de l’Angoumois avant la Révolution
Unités de longueur :
? La ligne : 0,00244 mètres ; d’où la ligne carrée : 0,000006 mètres carrés ;
? Le pouce : 0,02933 mètres ; d’où le pouce carré : 0,00086 mètres carrés ;
? Le pied : 0,35191 mètres ; d’où le pied carré : 0,12384 mètres carrés ;
? La toise : 2,11146 mètres ; d’où la toise carrée : 4,45825 mètres carrés ;
? La lieue : 4 kilomètres.
Unités de surface :
? Le carreau : 0,1783296 ares ; l’are : 5,6076 carreaux ;
? Le journal : 35,66592 ares ; l’hectare : 2,8037 journaux ;
? Le septier (septerée ensemencée par un settier de 4 boisseaux) : 16 boisselées ;
? La boisselée : 133 carreaux 1/3 (ensemencée par un boisseau) ;
? Le quartier : 400 carreaux soit 2 journaux 2/3 d’Angoumois.
Unité de volume (grains) :
? 1 pipe : 12 boisseaux soit 6,64020 hectolitres ;
? 1 boisseau : 16 mesures soit 5,5335 décalitres ;
? 1 mesure : 3,4584 litres ;
? 1 hecto : 0,15060 pipes. ;
? 1 décalitre : 0,18071 boisseau ;
? 1 litre : 0,28851 mesure.
Unités de poids (masse) :
? 1 grain : 0,531 décigramme ;
? 1 soupule : 1,272 décigramme ;
? 1 grou : 3,824 décigrammes ;
? 1 once : 3,059 décagrammes ;
? 1 marc : 2,447 hectogrammes ;
? 1 livre : 0,489 kilogramme.
Volumes des liquides :
? La pinte : 1,2903 litre (pour le vin à Ruffec, pour l’huile à Ruffec et Villefagnan) ;
? La velte : 6 pintes environ ;
? La barrique : 28 veltes ;
? Le tonneau : 4 barriques de 28 veltes (n’était pas une mesure proprement dite) ;
? Le tierçon : 2 barriques de 28 veltes (réservé à l’eau de vie).

En Angoumois, Munier note dans ses statistiques à la fin du XVIIIe siècle :
« Les Domaines de toute espèce, même les bois des particuliers, se mesurent au pied de Guienne, par carreaux et par journaux. Le carreau est un carré de douze pieds de Guienne ou une figure quelconque dont la surface peut être évaluée cent quarante-quatre pieds carrés de Guienne. Le journal est une étendue qui contient deux cens carreaux ou huit cent toises de Guienne. Cette mesure est la plus générale en Angoumois... Il est étonnant que l'on soit indécis dans l'Angoumois sur l'exacte valeur du pied de Guienne; les uns lui donnent neuf lignes de plus qu'au pied de Roi, les autres neuf lignes trois quarts, les troisièmes dix lignes, et les derniers réformateurs lui donnent un pouce de plus ; ce qui réduit la toise de Guienne à six pieds quatre pouces six lignes de Roi, à six pieds quatre pouces dix lignes et demie, à six pieds cinq pouces et à six pieds six pouces. On la comptait autrefois à six pieds cinq pouces dans le Marquisat de Ruffec mais elle est fixée aujourd'hui à six pieds six pouces, ensuite de la vérification que le Seigneur a fait faire du pied de Guienne à Bordeaux, que l'on a trouvé être de treize pouces de Roi. On la compte de cette façon sur le Registre des Mesures déposé au Greffe de la Sénéchaussée d'Angoulême, mais il y est observé que cette longueur n'a jamais été reçue dans la pratique" (6). Ce journal équivaut donc à 34a, 30, 34a, 31, 34a, 75 ou 35a, 66, suivant la mesure adoptée pour le pied de Guyenne. »
Finalement, le système métrique semble une bonne idée…





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