La paroisse de Pioussay
La paroisse Saint-Martin de Pioussay s'étendait sur le même territoire que celui de la commune actuelle. Elle relevait de l'archiprêtré de Bouin. Et lui même de l'archidiaconé de Brioux qui relevait de l'évêché de Poitiers.
Pioussay est nommée pour la première fois dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Maixent (79) en 1108 sous le nom de Poziciacus (
latin du Moyen Age).
L'archidiaconé de Briançay ou de Brioux avait une immense étendue, il comprenait Niort et allait jusqu'aux portes de Confolens, dont un faubourg même en dépendait et de Ruffec il remontait presque jusqu'à Parthenay.
L'archidiacre étendait sa juridiction sur douze archiprêtrés dont relevaient cinq cent paroisses et plus de cent vingt prieurés ou monastères.
Le pape Alexandre IV sur la demande de Jean de Melun, évêque de Poitiers, l'autorisa par la bulle dont nous donnons plus bas le texte, à former deux archidiaconés de cette trop vaste circonscription, mais il ne put effectuer cette division ; l'archidiacre de Briançay pendant la vie duquel ce changement ne devait pas être opéré, survécut sans doute à son évêque, et ni Hugues de Châteauroux, qui monta sur le siège épiscopal après Jean de Melun, ni ses successeurs ne réalisèrent ses projets.
Le vocable
Le "vocable" est le nom sous lequel est désignée une paroisse, le nom à qui est "vouée" la paroisse (ou l'église) dont elle conserve parfois quelques reliques, objets de vénérations. C'est souvent le nom d'un saint, de la Vierge Marie, quelquefois l'une ou l'autre des personnes de la Trinité.
La paroisse
"La paroisse est la
cellule de base de l’organisation ecclésiastique. C’est aussi la division administrative la plus importante sous l’Ancien Régime. Elle rassemble la communauté des âmes, la communauté des fidèles et constitue ainsi le cadre de vie essentiel de nos ancêtres.
La paroisse correspond géographiquement à un territoire limité, parfois borné. Mais un village ne forme pas nécessairement une paroisse. Les divisions territoriales sont souvent plus compliquées et une paroisse peut regrouper plusieurs villages, hameaux et écarts. L’église-mère, c’est-à-dire celle où il y a les fonts baptismaux, est alors secondée par des succursales ou des annexes.
La paroisse possède des biens de nature diverse, notamment meubles et immeubles : l’église, le cimetière, un presbytère avec un jardin, parfois un ossuaire, une école. Mais l’église compte aussi sur les fondations : il s’agit généralement de terres, de rentes ou de maisons données par testament ou par acte notarié par des fidèles "en crainte de l’enfer" ou qui désirent s’assurer des messes à date fixes (les messes d’obit) et à perpétuité.
L’ensemble des biens de l’église est géré par une assemblée de paroissiens :
la fabrique. Les membres de cette fabrique, les marguilliers, s’occupent notamment de l’entretien des bâtiments, du luminaire, des vases, des linges sacrés, des sièges et des bancs, des locations des terres, de la perception des rentes, de l’aide aux nécessiteux, et versent au curé le casuel, c’est-à-dire l’argent rapportée par les messes (d’où parfois des rapports tendus entre les marguilliers et le desservant).
Ce dernier, élément primordial du paysage paroissial, est nommé le plus souvent par un "patron de commune", personnage influent, lointain descendant du "fondateur" matériel de la paroisse. Dans ce cas, l’évêque se contente de ratifier le choix en question.
C’est encore dans le cadre paroissial que le curé contrôle tous les actes importants de l’existence : depuis le concile de Trente (terminé en 1563), tous les baptêmes, mariages et extrêmes-onctions sont consignés dans un registre (puis un double à la suite de l’ordonnance civile de 1667).
Témoin privilégié de la vie intime de la paroisse (cf les confessions), le curé participe aussi à l’assemblée des habitants : outre ce dernier, on y rencontre le bailli du seigneur, quelques artisans et laboureurs aisés. La communauté est en principe représentée par un syndic, le plus souvent un paysan investi de la confiance de tous. Ces réunions ont parfois lieu à l’église, ou dans une chapelle, souvent à la sortie de la messe, sur la place, ou éventuellement au moulin ou au cabaret. On y débat d’administration locale : désignation du maître d’école, de la sage-femme, des bergers, des gardes-vignes, des administrateurs de la fabrique, des relations avec le seigneur, du budget, des procès, des règlements de culture et de pacage, de la répartition des eaux d’irrigation, des dates de vendanges et de la moisson, des prêts de bêtes de trait pour le labour ou le transport, "des prières pour obtenir la pluie ou la fin des gelées" (cf Mandrou). On y parle également de fiscalité, notamment la désignation des assesseurs collecteurs de l’impôt : la dîme prélevée sur le champ, la moisson en javelles encore à terre, les charges seigneuriales en nature au moulin ou au pressoir, les charges en espèces. Autant de sujets qui sont souvent le prétexte de querelles, d’autant plus que les paroissiens doivent également participer à l’entretien, à la réparation, à la décoration de l’église et de ses bâtiments annexes, mais aussi au paiement du maître d’école. Charges lourdes qui entraînent souvent l’endettement de la paroisse surtout que les gros décimateurs rechignent souvent à s’acquitter de leur part.
Par ailleurs, la paroisse constitue aussi un cadre de défense contre les menaces qui pèsent sur la population. Souvent "un paysan perché sur le clocher surveille les chemins, prêt à sonner le tocsin" (cf Mandrou). Au moindre danger (brigands, soldats, rouleurs de grands chemins), les paroissiens se précipitent dans l’église avec quelques coffres et un peu de bétail.
Enfin, l’appartenance à une paroisse s’exprime parfois à l’occasion de fêtes solennelles : processions, grandes ripailles de la moisson ou des vendanges, fête du saint-patron, ou encore lors des luttes individuelles ou collectives entre paroisses."
Dans l'Église catholique romaine, archiprêtre est un titre honorifique attribué à un prêtre, en général le curé d'une église importante, de l’église principale d’une ville ou d’un ensemble de paroisses, ou encore d'une cathédrale ou une basilique. Il est a la tête d'un archiprêtré.
Avant la Révolution,
l’archiprêtré de Bouin comptait 23 paroisses. Vers l'an 1500 (et en 1597 de façon attestée), la paroisse de Bouin est le siège d'un archiprêtré du diocèse de Poitiers dépendant de l'archidiaconé de Brioux comprenant les paroisses suivantes au sein de trois provinces : Couture-d'Argenson, La Bataille, Lussay, Lorigné, Melleran et Villemain en Poitou ; Bouin, Hanc,
Pioussay, Longré, Paizay, Theil-Rabier, Empuré, Raix, Saint-Fraigne, La Forêt-de-Tessé, Les Gours, Ambourie, et La Chèvrerie en Angoumois ; Loubillé en Saintonge. Cet archiprêtré durera jusqu'au Concordat de 1801.
Cet archiprêtré jouxtait les archiprêtrés de ROM, CHAUNAY, GENCAY, RUFFEC du même diocèse, puis AMBERAC du diocèse d’Angoulême et enfin MATHA et BEAUVAIS du diocèse de Saintes.
La Constitution civile du clergé, en 1790, réorganise, sans accord avec Rome, les diocèses de France sur la base des départements.
Le diocèse de Poitiers
Le diocèse de Poitiers, tel qu'il subsistait à l'époque de la Révolution, est un des diocèses dont les limites ont subi le plus de variations dans le cours du Moyen Âge. Le pays de Retz, ainsi que celui des Mauges, situés au nord du diocèse de Poitiers et dépendant encore tous deux de cet évêché dans la première moitié du IXe siècle, en furent détachés, peu après, pour être réunis, le premier au diocèse de Nantes, et le second à celui d'Angers. Un changement d'une plus grande importance modifia encore les limites de la cité des Pictavi : une bulle du pape Jean XXII, en 1317, créa les deux diocèses de Luçon et de Maillezais, formés de la partie occidentale de celui de Poitiers. Quant au diocèse actuel de Poitiers, rétabli en 1801, il n'a qu'un rapport bien faible avec celui qui subsista de 1317 à 1790 ; son territoire, on le sait, est formé des départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. Les paroisses du nord de l’Angoumois, relevant des archiprêtrés de Bouin ou de Ruffec par exemple, en faisaient également partie.
Le Conseil de fabrique, ou la «Fabrique».
Le "conseil de fabrique", organisme élu par les paroissiens et chargé de la gestion temporelle de la paroisse. Ces fonds dont les revenus servent à entretenir en partie l’église paroissiale et à couvrir les frais du culte, notamment l’éclairage des offices.
Les marguillers
Les marguillers étaient les membres du «Conseil de fabrique», administrateurs de la paroisse.
Ce n'était pas une profession. Ils avaient un métier et s'occupaient du Conseil de fabrique que l'on appelle plutôt de nos jours conseil paroissial.
Il y avait trois marguilliers pour une paroisse. Chaque année, le conseil de fabrique procédait à l'élection de deux d'entre eux. Le plus ancien était sortant et ne pouvait se représenter.
Les marguilliers étaient responsables de la gestion des biens de la paroisse : terres, locations de terres, écoles, rentes et impôts.
8 février 1885
Budget de la fabrique de Pioussay
Le 8 février 1885 le conseil municipal à l'examen du budget de la fabrique en excédent de recettes de 95 francs constate des erreurs et demande des rectifications. Le profit annuel des bancs et des chaises inscrit à 240 francs par an est en fait de 450 francs. Que la fabrique possède une caisse de 3.300 francs non inscrite au budget, entre les mains non du trésorier mais du curé de Pioussay ainsi que le déclare le président des marguilliers. Cette somme reste improductive d'intérêts, réel préjudice pour la fabrique. Demande qu'à l'avenir l budget de la fabrique soit établi de façon régulière et qu'il soit produit au conseil municipal toutes les pièces des recettes et dépenses nécessaires à l'examen des comptes.
12 septembre 1901, le sacristain
Attribution d'une ressource de traitement annuel de 200 francs payé par trimestre au sacristain qui jusque là se contentait de la quête qu'il faisait dans la commune et de personnes qui l'occupent.
22 juin 1902, demande de la fabrique
Les membres de la fabrique demandent qu'il soit permis de démolir quand il plaira à M. le curé, le chai ou cellier qui ne répond plus à sa destination, et dont les vieux matériaux (tuiles et vieilles planches) pourraient être employées très utilement à réparer la toiture en mauvais état de l'église. Le conseil municipal accepte.
Legs Tallonneau le 8 juin 1879
M. le maire fait connaître que par testament olographe en date du 22 août 1874, déposé chez Me Gaquet notaire à Saint-Maixent (79), M. Camille Edouard Tallonneau, avocat demeurant et décédé à Versailles le 15 février 1879, a légué à l'église de Pioussay une somme de 1.000 francs pour que chaque année soit dit un certain nombre de messes pour sa famille et pour lui. Ces 1.000 francs, selon ses termes, devront servir à former une rente perpétuelle pour la fabrique. Le conseil municipal accepte, l'argent sera placé sur l'état français à 3 pour cent.
Legs Tallonneau 1904
Délibération du conseil municipal de Pioussay du 28 février 1904
L'an mil neuf cent quatre, le vingt huit du mois de février sur les onze heures du matin, le conseil municipal de la commune de Pioussay s'est réuni extraordinairement.
Monsieur le maire a fait connaître au conseil municipal que par testament olographe, en date du vingt et un de mai mil huit quatre vingt douze, à Saint-Maixent et déposé par minute en l'étude de Me Hublin notaire à Saint-Maixent le 28 décembre 1902 ; madame Catherine Flavie Anaïs Carsin Larente, en son vivant propriétaire et veuve de M. Jean Jérôme Tallonneau, demeurant à Saint-Maixent, ou elle est décédée le vingt cinq décembre mil neuf cent deux, a entre autres dispositions légué à l'église de Pioussay une somme de trois mille francs pour que chaque année, il soit dit un certain nombre de messes pour sa famille et pour elle. Ces trois mille francs, d'après les termes du testament, devront servir à former une rente perpétuelle pour la fabrique.
Le conseil, après en avoir délibéré et avoir pris connaissance du testament précité, considérant que le legs dont il vient d'être parlé est purement gratuit, est d'avis qu'il soit accepté par l'église de Pioussay, et que les trois mille francs placés, sur l'état Français, en rente de 3 pour cent au profit de la fabrique.
Fait et délibéré en mairie à Pioussay, les jours, mois et an sus dit.
Signé du maire et des conseillers.
Notes : Mme Rachel Nicias Gaillard, veuve de M. Camille Tallonneau, décédée en 1919 à Saint-Maixent, son domicile habituel , a séjourné au château de Jouhé.