Trois ou quatre moulins à vent
En 1853, Jean Rambault est meunier au moulin à vent dépendant de la seigneurie de la Rogneuse. En 1817, François Papillaud est meunier au moulin à vent de la Rogneuse. En 1832, Jean Thésard est meunier au moulin de la Rogneuse. Le dernier moulin à vent de la paroisse... Un Papillaud sera le dernier meunier du moulin de la Rogneuse.
Trois ou quatre moulins à vent ont ventilé le ciel de la paroisse de Pioussay :
un au sud-est de Pioussay ;
deux (à voir car un seul en 1853) au sud de la Rogneuse (carte de Cassini, 1768) ;
un au sud du château de Jouhé...
Grâce, entre autres, à la carte de Cassini (1768), au cadastre de 1826, à la carte au 80.000e de 1851, et à différents textes anciens, nous observons donc
au moins 4 moulins à vent :
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1. un à l'ouest de Pioussay (mention champ du moulin) dans la direction de Lugée (mais détruit avant la révolution),
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2. deux au sud du logis de de la Rogneuse (un seul en 1853, la légende rapporte que le dernier a fonctionné jusqu'en 1850 environ),
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3. un au sud du logis de Jouhé (en ruine à la révolution).
Ces
moulins, en ruine pour deux d'entre eux à la Révolution, sont devenus rapidement obsolètes avec l'arrivée des minoteries.
Après les moulins à sang mus par les animaux, les esclaves ou les femmes, c’est la nature, en l’occurrence l’eau et le vent, puis l’énergie mécanique et électrique qui prendront le relais.
Le moulin à eau semble être apparu dès le troisième siècle au sud de la Gaule romaine.
Au IXe siècle, ces moulins connaissent une forte croissance. Le moulin à eau est alors une source de richesse et les moulins, qui jusque là étaient exploités par de petites communautés villageoises, vont être alors pris en charge par les seigneurs ou construits et exploités par les monastères.
Les habitants n’ont d’autre choix que de se rendre faire moudre leurs bleds à ce moulin contre redevance, c’est une obligation qui résulte du droit de banalité des seigneurs. Cette redevance se faisait sous la forme d’un prélèvement de un seizième sur les quantités à moudre.
La chasse du meunier
Le meunier n’a pas le droit d’aller « chasser » du grain à moudre sur les terres de ses collègues voisins. Son chasseron qui va chercher le grain chez le paysan et lui redonne en farine est placé sous haute surveillance.
Une idée des croisés
Le moulin à vent apparaît en Europe vers 1080. En Poitou-Charentes au XIIIe siècle. Ce sont les croisés qui ont rapporté cette bonne idée, car ils avaient pu observer les détails de construction et en apprécier le fonctionnement en Orient.
Au début, les ailes, le plus souvent au nombre de quatre, sont constituées d'une armature en bois supportant une toile tendue, du chanvre. Le meunier oriente la tête du moulin selon le vent et déplie les voiles en fonction.
Sous l’Ancien Régime, le meunier est parfois le propriétaire du moulin - quand il ne l'afferme pas -, il l’érige avec l’autorisation du seigneur moyennant paiement d’un droit. Après la Révolution, le moulin à vent (usine) devient entreprise libre, souvent rachetée par le meunier. Le moulin est encore le lieu de rencontre des hommes et des femmes. On y discute de toutes ses affaires, on y échange des nouvelles.
Le rendement était faible, le meunier connaissait des périodes de chômage imposées par l'absence de vent.
Avec la modernisation des moulins à eau et l’arrivée des minoteries, l'apparition de la minoterie industrielle et la généralisation de l'électricité dans les campagnes,
l’imposition sur les moulins en tant qu’outil industriel - même s’ils n’était pas utilisés - ces géants ailés étaient condamnés. On leur coupe les ailes, au mieux on les recouvre de tôles pour en faire des silos à grain ou des poulaillers, voire des porcheries. Et ce sont souvent les derniers construits, après 1800, qui disparaissent les premiers. Les meules sont transférées vers un moulin à eau.
Le droit de mouture
La production de la farine a longtemps constitué un enjeu national majeur : l'État souhaitait à tout moment connaître la capacité de production des minoteries françaises en cas de guerre et de crise. Autour de 1935, étant donné la surproduction et la chute du prix du blé, l'État avait imposé, dès 1936, un contingentement de la production. Ce système, unique en Europe, perdure encore aujourd'hui puisque les moulins doivent posséder un « droit de mouture » qui peut s'acheter d'un moulin à l'autre. On trouve ainsi encore quelques minoteries familiales, où le droit de mouture se passe de génération en génération.
Du vent mais pas d'eau à Pioussay
Pioussay bénéficie de la force du vent et d'aucun filet d’eau, d'où quelques moulins à blé et à vent sur son territoire. Trois moulins à vent sont attestés, on évoque deux moulins à La Rogneuse mais nous n'avons pas de preuve. Outre la mouture des bleds (nom commun des froment, orge, méture, etc.) pour faire la farine à pain, le meunier devait écraser le maïs destiné aux animaux. Avec le temps, et l’arrivée des minoteries, les derniers moulins ne se consacraient plus qu’à cette tâche.
La maison du meunier à Pioussay.
Cette maison se discerne en bas à droite de cette photo (datée de 1958), toute seule sur le côté droit de la route de Lugée. La propriététaire de cette petite maison, Marie-Thérèse Bergeron, certifie que le moulin à vent était érigé dans le champ au nord-est immédiat de cette maison de meunier, champ dit "champ du moulin" sur un point élevé au sud de "la plaine du moulin". "Le moulin de Pioussay (à proximité de cette maison du meunier) fût acheté par la famille Terrasson au dernier meunier qui se nommait Terrassier" indique Marie-Thérèse Bergeron.
Moulin à vent de Narçay, commune de Loubillé (79) entre les deux guerres.
Exemple de bail de moulins
Loubillé, Potonnier le 21 juin 1754
Bail du moulin à eau de Potonnier et du moulin à vent de Bois-Naudouin
Pardevant le notaire du marquisat de Ruffec en Angoumois soussignés, et en présence des témoins bas nommez ; furent présents et personnellement établis en droit et dument soumis Me Charles Maillefaud sieur du [nom mari] et exerçant les droits de Marie Andrée Goubaud son épouse, demeurant au bourg de Loubillé, lequel de sa bonne et libre volonté a loué et affermé, et par ces présentes loue et afferme et a promis de faire valoir et jouir pendant le temps et espace de cinq ans et années consécutives les unes des autres et sans intervalle de temps y compris cinq cueillettes et levées de fruits, à Jacques Bovet, farinier, et Marie Binnaud sa femme de luy bien et dument autorisée, demeurant au bourg de Saint-Fraigne, présent, stipulant et acceptant pour les susdits temps.
Savoir est, le moulin à vent appelé le moulin de Bois-Naudouin situé près du village de Bois-Naudouin, paroisse de Narsay, avec ses dépendances et douze seillons de terre situés près et touchant des deux cotés à la terre du sieur Bordeau à cause de son fils, et d'un bout au cheminant du dit Loubillé à Longré à droite et autre bout à la chaume du dit moulin, plus le moulin d'eau appelé le moulin de Potonnier situé près du village de Potonnier avec ses appartenances et dépendances et un petit jardin situé devant et une petite [...] située près et droits de chaussée dépendant du moulin sans plus amples désignations, ayant les preneurs déclaré bien savoir et connaître les susdits lieux, dont ils se contentent et commencer la jouissance du tout au jour et fête de Saint Jean Baptiste prochaine pour finir à pareil et semblable jour au bout de cinq années et icelle finies et révolues quelle soient. Pour les preneurs en jouir en bon père de famille sans y commettre aucune malversation n'y dégradation et entretiendront les dits preneurs les bâtiments dépendant du dit moulin d'eau de couverture de la main de l'ouvrier seulement sans être tenu de fournir aucun matériaux.
La présente ferme a été ainsi faite pour et moyennant le nombre et quantité de trente boisseaux de blé mesure du dit Ruffec mouture de moulin bon blé pur et net, que les dits preneurs ont promis et seront tenus solidairement l'un pour l'autre, un d'eux seul pour le tout sans division n'y renoncement de bailler et payer par chaque an et par quartier et à proportions iceux échoira à commencer le premier paiement du premier quartier lors de son échéance pour ainsi continuer de quartier en quartier et d'année en année et jusqu'à ce qu'il y ait cinq paiements de fait de trente boisseaux de blé, et outre et sans diminution du prix de la présente ferme, seront tenus les dits preneurs de payer et acquitter tous les lieux à eux cy dessus affermés de tous devoirs seigneuriaux pendant les susdits temps et de garantir et indemniser le dit sieur bailleur, et à l'égard des droits royaux soit de taille, fourrage, capitation qu'autres impositions royales a été convenu entre les dits parties que les dits preneurs ne paieront par chaque an que la somme de douze livres et entre les mains du dit sieur bailleur. Le dit sieur bailleur ayant promis de les garantir du surplus. A été convenu entre les parties que les preneurs feront ou feront faire toutes réparations nécessaires aux dits moulins telle quelles puissent être, sans néanmoins être tenus de fournir aucun matériaux et auront les dits preneurs en faveur de ce que dessus les pièces qui en auront été cassées ainsi que les éclats provenant de celles qu'on y mettra. Seront tenus les preneurs de faire moudre par chaque an tous les blés qu'il faudra au dit sieur bailleur tant pour son utilité que pour ses domestiques, sans en avoir aucune récompense n'y en prétendre. Seront aussi tenus les preneurs de bailler et payer par chaque an au jour et fête de Saint Michel en forme de menus suffrages quatre canets bons et recevable et un boisseau de noix mesure du dit Ruffec. Sera fait état et procès verbal entre les dites parties au jour de Saint Jean Baptiste prochain de tous les lieux cy dessus affermés. Reconnaissent aussi les dits preneurs avoir des aujourd'hui pris entre leurs mains pour remettre à la fin des présentes cinq marteaux pesant une livre et servant au moulin, une barre de moulin, garniture de câble, une herse à lever le moulin d'eau, un vieux demi boisseau mesure de Ruffec, un crible, une [...], une poêle à frire assez neuve et qui a la queue cassée et trois toiles servant au moulin à vent au deux tiers usées, comme aussi seront tenus les dits preneurs de fournir au dit sieur bailleur incessamment une grosse des présentes.
Tout ce que dessus a été ainsi voulu respectivement consenti, stipulé et accepté par les dits parties, lesquels pour l'entretien parfaite et entière exécution ont obligés et hypothéqués tous et chacun leurs biens présents et avenirs [...] consentement et requête, ils en ont étés jugés et condamnés par le dit notaire soussigné au pouvoir et juridiction duquel les parties se sont soumise et tous leurs biens.
Fait et passé au village de Potonnier où toutes parties se sont transportées avant midi le vingt et un juin mil sept cent cinquante quatre, en présence de Jean Riché laboureur et de Jean Audoyer huilier demeurant au village de la Jarge de Pioussay, témoins requis connus et appelés, et ont les parties persisté, et ont les preneurs déclarés ne savoir signer, de ce dument enquis, et a le dit bailleur avec les témoins signés ce fait, le prix de la présente ferme a été estimé entre les parties à la somme de soixante quatre livres. Dont acte. (Repoussé un mot cy dessus raturé pour valoir)
Signé: Maillefaud, J. Riché, J. Audoyer, Ayrault notaire à Ruffec.
Contrôlé à Villefagnan le quatre juillet mil sept cent cinquante quatre et reçu douze sols. Signé : Caron.
Notes
Pierre Galard est né le 11 octobre 1827 au moulin de Theil-Rabier. Il est le fils de Francois Gallard (1) et de Jeanne Robert.
(1) François Gallard (2) est né le 7 florial en (1795) de Pierre Gallard (3) meunier et de Catherine Sorin. Pierre Papillaud témoin est lui farinier (un Papillaud est aussi le dernier meunier du moulin de la Rogneuse de Pioussay).
(2) Le père de Francois (2) et le grand-père de Pierre (3), se prénommait aussi Pierre Gallard (3)
(3) Il était né en 1755 et était aussi meunier, âgé de 72 ans il est témoin de la naissance de son petit-fils ainsi que Louis Rousseau, meunier, 64 ans.
La famille Gallard a exercé durant au moins trois générations le métier de meunier au moulin de Theil-Rabier. Les meuniers, les laboureurs, les notaires, les curés et bien d’autres exerçaient de père en fils (neveux pour les curés) et se mariaient bien souvent avec les filles de meuniers, laboureurs… Etc. afin de conserver leur rang dans la société.
Les meules de moulins
Source Dupin, 1804, préfet des Deux-Sèvres.
"On tire des meules de quelques autres parties du département, quoique en beaucoup moindre quantité.
Celles, de Caunay sont employées de préférence dans les moulins à froment; pour les autres grains, on se sert de meules de grès qu'on fait venir des départemens circonvoisins. On exporte annuellement dix à douze meules de Caunay, qui, au prix moyen de 250 fr., font 2.500 fr."
"On extrait chaque année des carrières de Pers, et surtout de Caunay, vingt meules avec leur lit, qui, à raison de leur plus ou moins d'épaisseur, varient depuis 200 jusqu'à 300 fr.
Dessous la meule dormante ; dessus, la meule courante.
Ces meules, ainsi que leur lit, sont toujours de plusieurs pièces, et au moins de trois. La pièce principale qui en forme le noyau, a toute la longueur du diamètre de la meule ; on y ajoute deux pièces latérales pour arrondir: souvent aussi le noyau est une pièce carrée, autour de laquelle on en ajuste cinq ou six autres; elles sont retenues par un fort lien de fer, et les joints sont remplis d'un ciment très-dur.
Rayonnage qui favorise la mouture et évacue la farine et le son vers l'extérieur des meules.