Le Marquisat de Ruffec
La paroisse de Pioussay, ses seigneuries et ses habitants, relevaient de la baronnie d'Empuré qui elle-même relevait du marquisat de Ruffec.
Source : Louis Picat, Ruffec son histoire.
Ruffec est campée au seuil du Poitou. Elle est née en 963, sous le roi Lothaire, lorsque Guillaume Taillefer II reçut le domaine de Ruffus ou Ruffiacus en récompense de ses exploits guerriers contre les Normands.
La terre de Ruffec fut ensuite donnée par les Taillefer aux seigneurs de Marcillac et de Montignac au début du XIè siècle. D'abord baronnie, elle devint une vicomté. Au XIVè siècle, la terre de Ruffec passa dans la maison des Volvire avec le mariage d'Hervé de Volvire avec Eléonore de Ruffec.
La ville se bâtit un château forteresse, avec l'aide de la riche abbaye de Nanteuil-en-Vallée, une église, et, peu à peu, établit son habitat sur le promontoire qui domine ses deux rivières, le Lien et la Péruse, dont l'une est la mystérieuse résurgence de l'autre.
Charles VII et son fils, le futur Louis XI, la visitèrent pour Pâques 1443. Le dauphin faillit d'ailleurs y perdre la vie au cours d'une sortie en barque sur la Charente.
La châtellenie de Ruffec était composée de quatre seigneuries : Ruffec, Ayzie, Empuré et Ralx. Celle d'Aysie devint dans l'onzième siècle le partage d'un cadet, et a été tenue en parage avec la moitié indivise de la haute, moyenne et basse Justice de Ruffec : mais tous les droits de châtellenie, et entr'autres ceux de guet, béans et corvées demeurèrent attachés à la portion principale, au château de Ruffec.
Hirvois de Ruffec, par son testament de l'année 1290, partagea de nouveau ce qui restait dans ses mains de la châtellenie de Ruffec. Il donna à Gulllaume de la Motte le château et seigneurie de Ruffec, à Matthieu de Bernac l'hébergement d'Empuré, et à Guillelmine, femme d'Elie Vigier, l'hébergement de Raix, avec leurs appartenances et dépendances.
Mais il ordonna que Guillaume de la Motte, ou celui qui après lui posséderait le château de Ruffec, porterait la foi et hommage au seigneur de qui la terre de Ruffec relève, et que les autres héritiers institués auraient leur portion sous son gariment. Il réserva en outre à Guillaume de la Motte la haute-justice dans toute l'étendue de la châtellenie de Ruffec. Enfin, il lui réserva les droits qui dépendaient du château et châtellenie de Ruffec : en sorte que les droits de guet où de béans ou corvées personnelles demeurèrent en entier à Guillaume de la Motte.
Le seigneur de Ruffec reporta en effet ces droits sous la qualification de «devoirs corporaux», dans un aveu et dénombrement qu'il rendait de cette terre en 1364. Il fut maintenu dans le droit de guet contre le seigneur d'Ampuré, par une sentence des grandes assises d'Angoulême du 8 janvier 1369, et par une transaction du 9 mai 1456, qui fut homologuée en la cour le 2 juin suivant. Plusieurs autres titres prouvent la possession ancienne de ce droit de guet, et il en subsisterait un bien plus grand nombre si le château de Ruffec et ses titres n'eussent pas été pillés et brulés en 1468, pendant les guerres qui divisaient Louis XI et Charles son frère, dont Jean de Voluyre seigneur de Ruffec, était chambellan.
En 1584, Philippe Ier de Volvire, baron de Ruffec reçut le droit de faire de sa terre un marquisat fort de 35 paroisses ou de 36 paroisses et 200 maisons nobles, un des plus grands du royaume de France : Aiguependant (Barro), Ambourie, Ampuré, Bernac, Bioussac, Bouin, Brettes, Charmé, Condac, Hanc, La Chèvrerie, La Faye, La Madeleine, Le Breuil-Coiffaud, Les Adjots, Londigny, Longré, Montalembert, Montjean, Narsay, Paizay-Naudouin, Pioussay, Raix, Ruffec ville, Saint Gervais, Saint Martin du Clocher, Saveilles, Souvigné, Taizé-Aizie, Theil-Rabier, Tessé la Forêt, Tuzie, La Croix-Geoffroy, Villefagnan, Villegast et Villiers le Roux.
Erection des terres relevant de Ruffec en marquisat
La châtellenie d'Aizie se trouvant sans château (voir histoire d'Aizie), les Rohan la vendirent vers la fin du XVIe siècle, en 1584, à Philippe de Volvire.
Pour faire ériger la terre de Ruffec en marquisat, il lui fallait quatre baronnies; Aizie et Ruffec relevant de la mouvance d’Angoulême furent mis en avant, ainsi que Martreuil et
Empuré qu’il venait d’acheter.
En 1588, des lettres-patentes érigèrent la terre de Ruffec en marquisat pour Anne de Daillon de Ludre, veuve de Philippe de Volvire, assassiné par les protestants à Paris en 1586 et enterré dans la cathédrale d’Angoulême.
De leurs huit enfants, Philippe, l’aîné, fut marquis de Ruffec, seigneur de Boisseguin (qu’il acheta vers 1600), Châteauneuf, la Rochecervière, Charmes, etc.; il mourut le 19 août 1604.
D’Aimerie de Rochechouart, il eut plusieurs enfants morts sans postérité, à l’exception de sa plus jeune fille,
Eléonore, marquise de Ruffec, dame d’Aizie, de Boisseguin, Empuré, Verrières, Charmé, Martreuil, qui épousa le 17 novembre 1631, François de Laubespine, marquis de Hauterive, de Châteauneuf-sur-Cher, gouverneur de Bréda, mort le 27 mars 1670.
Ils laissaient deux fils et deux filles: l’aînée, Charlotte, eut en partage Ruffec, Aizie, Empuré, Verrières, Martreuil, Charmé.
Elle épousa, le 12 octobre 1672, Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1). Dont un fils,
Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, l’auteur des « Mémoires », qui fut seigneur de Ruffec, Aizie, Empuré, Verrières, Martreuil, Charmé, etc. Il épousa Geneviève-Françoise de Durfort de Lorges, le 8 avril 1695. Il bâtit les forges d’Aizie en 1730.
Leur petite-fille, Marie-Christine, épousa le duc de Valentinois; ils vendirent le marquisat de Ruffec et les forges d’Aizie au duc de Broglie, en 1763.
(1) Parmi les marquis de Ruffec,
Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon, marquis de Ruffec (né en 1606, décédé en 1693). Page et favori de Louis XIII, il fut successivement nommé premier écuyer, puis capitaine des châteaux de Saint-Germain et de Versailles, grand louvetier, premier gentilhomme de la Chambre, et enfin, gouverneur de Meulan et de Blaye (1630). Il fut créé duc et paire en 1635. Disgracié en 1636, à cause de Richelieu, il se retira dans son gouvernement de Blaye. Il reparut à la cour en 1643, se démit de la charge de grand louvetier, cèda aussi sa capitainerie de Saint-Germain et de Versailles, et vendit sa charge de premier écuyer (1645). Pendant la Fronde, il se prononça pour la cause royale, et joua un rôle important dans les évênements de Guyenne.
Il épousa en premières noces Diane de Budos, et en eut une fille, mariée au duc de Brissac. Elle mourut sans enfants en 1684, et institua son demi-frère Louis de Rouvroy, son légataire universel. Il se remaria en secondes noces en 1672 avec Charlotte de l'Aubespine, fille de François, marquis de Ruffec. Il avait 68 ans lors de la naissance de son fils Louis.
Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon, marquis de Ruffec.
Écartelé: aux 1 et 4, échiqueté d'or et d'azur, au chef d'azur, chargé de trois fleurs de lys d'or (qui est Vermandois Saint Simon) ; aux 2 et 3, de sable à la croix d'argent, chargé de cinq coquilles de gueules (qui est Rouvroy).
Le Comte de Broglie marquis de Ruffec.
De Broglie portait : "D'or, au sautoir ancré d'azur".
Charles François comte de Broglie (Paris 1719- St-Jean-d'Y 1781)
En achetant Ruffec en 1763, le comte de Broglie prit le titre de marquis de Ruffec et de baron des baronnies d’Aizie, Martreuil et Empuré, c’est du moins les titres qu’on lui donne dans une note baptistaire des registres de Taizé-Aizie à la date du 5 avril 1769.
Voici son portrait...
Aventure avec Lafayette
Charles François comte de Broglie était le fils cadet du maréchal François-Marie (1671-1745), duc de Broglie et de Thérèse Gillette Locquet de Grandville (1692-1763).
Né à Paris en 1719, mort à Saint-Jean-d'Angély le 16 août 1781 (1), Charles François comte de Broglie épousa, le 21 mars 1759, Louise Augustine de Montmorency (Gand, 3 janvier 1735 - Paris, 13 janvier 1817), fille de Louis François, prince de Montmorency († 1736), dont il eut :
- Auguste Charlotte Louise (paroisse Saint-Sulpice (Paris), 25 août 1760 - Paris, 21 octobre 1827), mariée, le 8 novembre 1779 à Ruffec, avec Étienne, marquis de Vassé (1753-1820), député aux États généraux de 1789, dont postérité ;
- Philippine de Broglie (Paris, 5 février 1762 - Paris, 15 août 1843), dame pour accompagner Madame Elisabeth (1789), mariée, le 2 juin 1783 à Ruffec, avec Jules de Faret de Fournès (1752-1826), dont postérité ;
- Adélaïde Charlotte (Paris, 29 juillet 1763 - Ruffec (Charente), 10 octobre 1847), mariée, le 2 juin 1783 au château de Ruffec (Charente), avec Gabriel Emé, 5e marquis de Marcieu (1761-1830), capitaine de cavalerie, dont postérité ;
- Auguste Louis Joseph (30 janvier 1765 - Exécuté le 31 juillet 1795 à Vannes, victime de la Révolution française), colonel de chasseurs, émigré durant la Révolution française ;
- Amédée (janvier 1766 - Ruffec (Charente), 19 septembre 1766) ;
- Elséar Ferdinand François (Paris, 29 janvier 1768 - 9 avril 1837), maréchal des camps et armées du roi, commandeur de la Légion d'honneur.
(1) "Il avait remarqué, dans différens voyages qu'il avoit fait à Rochefort, combien l'intempérie qui y règne pendant plusieurs mois chaque année faisoit périr d'hommes précieux à l'état. Il s'étoit occupé des moyens d'y remédier, & il avoit fait accueillir des Ministres un projet pour y parvenir. Il restoit à lever quelques doutes qui restoient encore sur sa possibilité & la dépense qu'entraîneroit son exécution. Toujours animé de ce désir du bien, qui fut sa passion dominante, il s'offrit d'aller sur les lieux pour vérifier les faits, conjointement avec le Commandant de la Province, & les Ingénieurs du Roi. II ne fut point effrayé du danger qu'il pouvoir courir, & se rendit le premier Août 1781 à Rochefort ; il visita le lendemainles marais qu'on se proposoit de dessécher, & il y employa toute la journée ; à son retour, il fut attaqué de la fièvre, qui ne l'empêcha pas de continuer pendant plusieurs jours de s'occuper sans relâche de cet objet; le mal augmenta, il partit pour se rendre à sa terre de RufFec, mais il ne put passer St.-Jean-d'Angely, où il mourut, le 16 Août 1781, victime de son zèle & de son humanité."
Source : Google books...
Plusieurs paroisses du Marquisat de Ruffec (Bouin (Deux-Sèvres), Hanc, Pioussay, Le Breuil-Coiffaud, Narsay, etc.) ont été détachées de l'Angoumois à la création du département voisin des Deux-Sèvres en 1790.