Noms, prénons... surnoms

Les noms de famille.
L’association du prénom et du nom de famille relève d’une pratique relativement récente. En effet, au moyen âge et avant l’an 1000, il était d’usage de ne porter qu’un seul nom sous forme de prénom voire de surnom.
Traduits du Celte, du « Viking » ou du « Germain », nos nombreux noms de famille se rapportent souvent à la guerre, à la terre, au lieu de résidence ou à un animal. Deux exemples : Souchard très courant dans l’Ouest vient de souches, donc de terres défrichées ; Baudouin fortement usité dans l’Est comme dans l’Ouest est tiré de Baldwin qui en Germain veut dire « audacieux ami ».

L’église interdisait par ailleurs les mariages consanguins, du moins jusqu’au 6° degré (cousins issus de germains). L’évêque pouvait cependant accorder des dérogations en cas de force majeure, lorsque les intérêts étaient grands, surtout si la famille était très riche...

L’association des prénoms et noms de famille avait pour but de différencier les lignages au sein des familles nobles. Les Mérovingiens et les Carolingiens avaient pour usage de répartir équitablement l’héritage familial entre tous leurs enfants mâles (la loi Salique interdisait aux filles l’héritage des domaines) quel que soit leur rang de naissance. Cela était équitable sans doute, mais avait pour fâcheuse conséquence de morceler à l’infini les fiefs et territoires. Les héritiers étaient tentés de se battre afin de reconstituer l’héritage des ancêtres. Vers l’an 1000, afin de faire face à cet inconvénient, il fut décidé que le seul héritier serait l’aîné des garçons. Il était inconcevable que le nom s’éteigne, que le fief quitte la famille, et donc il était formellement interdit à une sœur d’assurer la succession. Cependant, il arrivait que la famille ne compte que des filles. La nature restait la nature, et sauf remariage du père ou adoption d’un enfant mâle, le cours de l’histoire ne pouvait être détourné.
Cet usage se répandit immédiatement à l’ensemble des couches sociales, nobles et roturiers, serfs et hommes libres. L’Edit de Villers-Cotterêts, émanant de François 1er en 1539, renforça cette pratique en ordonnant la tenue par les curés de registres de baptêmes sur lesquels ils inscrivaient les noms et prénoms.
Cependant, les hommes étaient liés le plus souvent à la terre, à la paroisse et dépendaient du seigneur qu’ils ne pouvaient quitter. Autant dire que sur une paroisse comme Raix, il devenait très vite difficile de différencier les frères des cousins. Par ailleurs, la tradition imposait de donner systématiquement à l’aîné de la famille le prénom de son père. Il arrivait parfois qu’un puîné (né ensuite) en bénéficie aussi. De plus, la liste des prénoms employés se limitait quasiment à Jean, Pierre, Louis, Jacques, François et André.
Il fallait une solution : aux nom et prénom serait ajouté un surnom…

Les surnoms.
Pioussay présente une particularité intéressante de même que quelques communes des alentours, en matière d’attribution de surnoms aux nouveau-nés.
Les surnoms étaient donc donnés pour différencier les membres d’une même famille, voir des voisins homonymes ; certains surnoms ont étés portés par 4 voire 5 générations (ex. Robert Buchat. Les ROBERT étaient si nombreux sur la commune que cette liste à elle seule en compte douze.
Deux principales variantes étaient utilisées : on attribuait dès la naissance à l’enfant le surnom traditionnel de la branche paternelle ; on ajoutait simplement la qualification d’aîné ou de puîné (parfois de cadet) lorsque la famille était peu importante...
Ces surnoms ou noms associés étaient officialisés en étant inscrits non seulement dans les registres d’état civil, mais aussi sur les actes notariés. Il faut dire que dans ce cas particulier, cet usage était de prime importance.
Cet usage s’est perpétué jusque vers 1860, lorsqu’il devint habituel à peu près partout d’attribuer deux ou trois prénoms. Là, il était souvent donné à l’enfant, le prénom de son père, suivi du prénom de son aïeul maternel. Pour mettre toute la famille d’accord, on intercalait entre les deux premiers, un troisième prénom, nouveau cette fois, et c’était souvent ce dernier qui devenait usuel.
Aujourd’hui, la mode est venue d’accoler au nom de l’époux celui de l’épouse. Il devient alors facile de différencier la lignée, pour le moins sur la première génération. Mais comment procèdera t’on pour les générations suivantes ?
Maintenant que les familles se sont dispersées comme jamais, l’usage d’un seul prénom est redevenu courant.

Relevés effectués par Patrick Ricard
Année de l'acte du relevé Prénom Nom de famille Surnom
1702 JEAN FILLON Vaillant

 
FRANCOIS TERRASSIER La coudre

 
JEAN PETIT Buras

 
FRANCOIS TERRASSIER La ramée

 
JEAN ROUSSEAU Capitaine

 
JACQUES ROBERT Barabas

 
JEAN BOUYER Buchat

 
LOUIS AUDOYER Sentinelle

 
LOUIS ROBERT La barre

 
LOUIS AUDOYER Costaud
1733 JEAN LEGRAND Le boiteux
1740 JEAN RAOU Jolicoeur (101 ans)
1742 JEAN LUCAS Barret

 
PIERRE CHARRUYER Marais

 
PIERRE FILLON Leblanc
1753 PIERRE PAILLIER Champagne
1764 JEAN FILLON Genotin

 
PIERRE FILLON Pairaud

 
JACQUES ROBERT Labord
1767 JEAN VEZINAT Bois de travers
1770 FRANCOIS TEXIER Germain

 
JEAN LEGRAND Renuche

 
JEAN ROBERT Bûchât

 
FRANCOIS FILLON Chevalier
1780 PIERRE ROBERT Barabas
1780 PIERRE AUDOYER Sentinelle

 
JEAN SICAULT Grand bonjour

 
JEAN DANGER Tonin

 
JEAN FILLON Janotin

 
LOUIS ROBINEAU Le crac

 
JEAN ROBERT Le Roy

 
FRANCOIS BERGERON Gautron

 
PIERRE RICHE La truelle

 
GABRIEL BILLAUDEAU Bataillon

 
JEAN DAMY Gatineau

 
GABRIEL GALPIN Cousson
1788 JACQUES AUDOYER Labourolle
1797 PIERRE SUIRE Forgeterie
1798 PIERRE ROBERT Courtanneau

 
JEAN BRISSONNEAU Diot
1806 JEAN ROBERT Caillaud
1810 JACQUES MENARD La doue

 
JEAN MENARD Cadet
1813 JEAN MAINARD L’huilier
1815 JEAN TESSIER Germain
1817 JEAN ROBERT Le menu
1818 FRANCOIS FILLON Le carriboteur

 
JEAN DECHAMBE Janneton
1824 PIERRE RAFFOUX Bison
1828 JEAN FILLON L’aîné

 
FRANCOIS AMIOUX Olivier
1830 FRANCOIS ROBINEAU La bollée
1831 JEAN DEMONDION Grand pré

 
PIERRE SICAUD L’abbé
1832 JEAN THEZARD Favre

 
JACQUES ROBERT Elie
1833 PIERRE PERRET Planchon
1842 LOUIS TREBUCHET L’avocat
1844 FRANCOIS NAFFRECHOUX La cuillère

 
PIERRE SILLON Salé (père)

 
FRANCOIS SILLON Salé (fils)
1849 JACQUES TEXIER Michelet
1850 PIERRE TREBUCHET Collet

 
FRANCOIS FILLON Chevalier
1851 JACQUES TEXIER Le boiteux

 
JACQUES ROBERT Le geai

 
JEAN SILLON Guillaume
1853 ALEXANDRE AYRAULT Boulange

 
PIERRE SILLON Touchard

 
JEAN VEZINAT Cadet

 
JEAN AUBERT Puitou
1860 PIERRE SILLON Pérault
1866 JACQUES RULLIER Le frisé
1866 LOUIS SILLON Salé
1868 FRANCOIS ROBERT Le petit
1869 FRANCOIS ROBERT Laborde

 
FREDERIC ROBERT Jumeau

 
JACQUES MENARD L’aveugle
1870 PIERRE ROBERT Ménebrut

 
JEAN SUIRE François
1872 JEAN FILLON Dinot

 
JEAN ROBERT Lucas
1873 FRANCOIS RULLIER Le frisé

 
FRANCOIS SILLON Général

 
FRANCOIS SILLON Salé

 
JEAN ROBERT Martin
1875 FRANCOIS RICHARD Constant
1876 LOUIS RULLIER Polet

 
JACQUES FILLON Grand pré
1877 MARIE RULLIER Le cœur
1879 FRANCOIS RICHE Jacques
1879 GABRIEL TREBUCHET Fonbriont
1879 FRANCOIS VEZINAT La vie
1880 GABRIE RULLIER Briot

 
PIERRE SILLON Le général
1882
 
MENARD Le prince

 
AUGUSTIN MENARD Eugéne
1883
 
TERRASSIER Roclor

 
MAURICE RICHARD Le sardinier
1885 BARTHELEMY COIN Amédé

 
PIERRE COIN Le juge

 
JEAN COIN Antoine

 

 
BEAU Jean peti

 
JOSEPH VEZINAT Genton
1886 JEAN COIN Le mineur

 
PIERRE TERRASSON Le seigneur
1888 JEAN AYRAULT Grand pré
1889 AUGUTIN ROBERT Le caporal
1890 ROBERT LUCAS Le pelé

 
FRANCOIS SILLON Salé

 
FRANCOIS TERRASSIER Le maixent
1893 PIERRE ROBINEAU Pluton

 
LOUIS ROBERT Martin (La Place)
1895 PIERRE RAFFOUX Bison
1907 FRANCOIS BERGERON Chambret
1910 FRANCOIS BERGERON Arthur



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