Les protestants

Vers la fin du XVIIe siècle, il y avait un certain nombre de protestants habitant la paroisse ; le culte était assuré par le pasteur Mitaud de Chef-Boutonne. Mais il y avait également beaucoup de protestants à Villefagnan.
Pioussay, comme les paroisses voisines, a connu de bien tristes rendez-vous. Les dragonnades entre autres, mieux valait ne pas être l’hôte forcé de ces « messieurs » les dragons.

Tableau de l'hérésie dans le secteur
Hérésie Noms Lieux Age Par qui Témoins
28/12/1673 Miault Philippe
 
23
 
Vergnault
12/04/1675 Veillon Daniel La Jarge Lorigné
 

 
Vergnault
25/12/1675 poupard abel lugée 15
 
vergnault

 
daniel Lugée
 
valet Vergnault
18/03/1674 chadouteau marguerite villefagnan
 

 

 

 
pougnant antoine theil
 

 

 
24/05/1676 amiaud pierre embourie 19
 

 

 
besson suzanne villeneuve 23
 

 

 
poupard jean lugée 46
 

 
26/03/1677 texier marie theil rabier 22
 

 
28/03/1677 Boyé marie lorigné 21
 

 
09/01/1680 miaud pierre villeneuve 25 Luther et Calvin Mort 4 jours + tard
25/05/1681 armand 25
 

 

 
09/04/1682 ayrault madeleine st martin clocher 35 depuis 8 mois dans la paroisse
 
15/05/1685 chevrière anne tourteron 10
 

 
12/09/1685 bordier marie rogneuse fermière
 

 
pierre legrand laboureur et louis trébuchet tonnelier
13/09/1685 vachon marie et pierre
 
18 et 14
 
charles desmier
13/09/1685 poichamin anne embourie
 

 
femme de jacques moinard sieur de la remigère embourie
04/10/1685 les De beauchamps marie,isabeau,marie,charlotte,
élisabeth,baltazar et jeanne poitevin la servante

 

 

 

 

Les débuts du protestantisme
Le protestantisme est arrivé dans le Poitou par Poitiers qui était cité étudiante. Trois amis et disciples de Calvin introduisent cette religion dans les alentours dès 1534. Nous n’allons pas reprendre l’histoire du protestantisme à ses débuts, mais citerons quelques écrits. Il y eut l’édit de Nantes.
« Si le protestantisme s’introduit de bonne heure en Poitou1, c’est en raison du séjour de Calvin dans la capitale de la province où il rangea à ses opinions plusieurs notabilités prises particulièrement dans le barreau. Bientôt Poitiers eut son ministre et son prêche, les novateurs furent d’abord persécutés, puis tolérés, puis persécutés encore ; ils recoururent alors aux armes et ouvrirent l’ère de ces luttes si désastreuses pour la France. Au commencement de 1562 les calvinistes occupèrent Poitiers pour la première fois (…) »
« L’Église était déchue2, le sacerdoce avili, le dogme dégénéré, le christianisme oublié (…). Les prêtres exploitent le purgatoire et les saints, l’Évangile a fait place à un code de vice où le crime tarifé, le vol, le parricide, l’adultère, le viol et l’inceste, cotés, se rachètent à prix d’argent. Lucrative industrie…
 Poitiers ne resta pas en arrière. Un étudiant nommé Quintin venu de la Bourgogne fit une levée de boucliers en faveur des idées nouvelles et prononça en public une harangue tout imprégnée d’hérésie. (…) Cependant les nouvelles doctrines prirent difficilement racine dans la capitale du Poitou. Les premières manifestations en leur faveur, furent moins le résultat d’une conviction positive que du mépris assumé sur un clergé moralement peu recommandable mais puissant par sa masse. Dans les temps de souffrance que l’on traversait, les prêtres qui formaient assure-t-on le tiers de la population, se retiraient durement dans leur égoïsme. La peste et la misère ravageaient la cité les mendiants à toutes les portes, criant jour et nuit à la faim. »

Inspection du diocèse de Poitiers lors des Grands Jours de 1634
« Les commissaires mettent l’accent sur les paroisses où l’influence des huguenots occasionne des troubles.

Lors de l’inspection de la paroisse de Souvigné dans la région de Ruffec, tout près de Civray, les commissaires notent que la paroisse est aux mains du Sieur de Bussac, gentilhomme huguenot. Ils écrivent : « Estans entré dans l’église, l’avons trouvée couverte, mais du reste en pitoyable état... les autels tout à nu... les fenêtres sans vitres et ladite église même polluée par la sépulture de deux corps de la religion prétendue reformée inhumés depuis sept ou huit mois au milieu du cœur devant le grand autel. »

Plusieurs seigneurs des environs avait embrassé la religion prétendue réformée (RPR). Ainsi Abraham Hérard, écuyer, seigneur de Bramefan et du Fouilloux. Il demeurait à Bramefan, paroisse de Paizay-Naudouin, et fut deux fois parrain au temple de Chef-Boutonne, les 9 septembre 1593 et 9 juin 1594 (registres protestants).

Conversions et dragonnades
Les conversions n’étant pas assez nombreuses, on « institua » les dragonnades en 1681.
L'Edit de Nantes, signé le 30 avril 1598, a été voulu par Henri IV qui connaît les deux religions pour avoir appartenu à l’une et à l’autre. La clémence, le pardon des fautes, la réconciliation des sujets font de lui un roi vertueux et contribuent à construire l’image d’un grand roi, très chrétien. C’est l'Absolutisme qui amènera à cette révocation, la seule année 1685 voit la promulgation de près de trente ordonnances royales contre ceux de la religion prétendue réformée, dont la dernière, le 18 octobre, est la Révocation de l'Édit de Nantes.

Pour la période, les pasteurs de Chef-Boutonne sont successivement :
  • Charles de Mars, 1591-1597 ;
  • Olivier Enguerrand, 1603-1606, ancien cordelier qui abjure de nouveau en 1606, et revient au protestantisme en 1610 ;
  • Jean Chalmot, 1603-1647, il est mort en 1667 ;
  • Jean Mitault, 1667-1685.
« Ce fut en Poitou3, province pleine de protestants, et qui avait pour intendant Marillac, petit-fils de celui qui avait été garde des sceaux et que Richelieu poursuivit de sa haine, que, dès l'année 1681, Louvois fit pour la première fois l'essai de ce moyen terrible de conversion, qui fut plus tard connu sous le nom de dragonnades. Par sa lettre du 18 mars 1681, il annonçait à l'intendant que d'après les ordres du roi il envoyait en Poitou un régiment de cavalerie. « Sa Majesté trouvera bon, disait-il, que le plus grand nombre des cavaliers et officiers » soient logés chez les protestants; mais elle n'estime pas qu'il faille les y loger tous si, suivant une répartition juste, les religionnaires en dévoient porter dix, vous pouvez leur en faire donner vingt. »
Mme de Maintenon écrivait à son frère le 19 mai 1681 : « Je crois qu'il ne demeurera de huguenots en Poitou que nos parents ; il me paroit que tout le peuple se convertit ; bientôt il sera ridicule d'être de cette religion-là. »
Relevé des conversions opérées par les dragonnades en 1681 et inscrites dans le rôle des nouveaux convertis de Poitou à la foi catholique depuis le mois de février 16814, pour le diocèse de Poitiers, l’archiprêtré de Bouin et des paroisses de : Hanc, 10 ; Brettes, 3 ; Melleran, 6 ; Empuré, 28 ; Loubillé, 4 ; Lorigné, 7 ; Paizay-Naudouin, 35 ; Longré, 2 ; Theil-Rabier 28 ; Tessé la Forêt ; 9.
Commencent alors les assemblées au désert5 et une lutte « fratricide » entre certains curés et les protestants. Les protestants ne peuvent être inhumés dans les cimetières catholiques.
« Dès la fin des années 17606, des voix se font entendre pour réclamer une reconnaissance légale des non-catholiques. Le problème le plus urgent est celui de l'état civil, en particulier celui des mariages juridiquement nuls dès lors qu'ils ne sont pas célébrés à l'église, et donc à l'origine de nombreuses contestations. En 1785, La Fayette, de retour de la guerre d'Indépendance américaine, milite en faveur de l'émancipation des protestants français. Il entre en contact avec le nouveau député général des Églises du Désert, le pasteur Rabaut Saint-Etienne, qui, par son intermédiaire, rencontre le ministre d'État Malesherbes favorable de longue date à l'idée d'un mariage civil pour les protestants. »
En signant l'Édit de Tolérance le 29 novembre 1787, le roi Louis XVI accorde aux protestants un état civil. Il leur assure le droit d'exister dans le royaume sans y être troublés sous le prétexte de religion.


1 Histoire des villes de France, page 336, de Aristide Guilbert, Aristide Matthieu Guilbert, 1845.
2 Histoire des Protestants et des Églises réformées du Poitou, page 29, par Auguste-François Lièvre, 1860.
3 Histoire des Français, page 329, de Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi, 1847.
4 Histoire des protestants et des églises réformées du Poitou, page 335, de Auguste-François Lièvre, 1860.
5 Les protestants se rassemblaient dans des lieux tenus secrets.
6 http://www.museeprotestant.org




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