Le labour en question
La qualité du labour impacte fortement la qualité de la récolte. La plante doit trouver sa nourriture et la végétation de surface ne doit pas être un parasite. En l’enfouissant, de même que les chaumes, c’est autant de gagné pour la suite.
Le labour consiste alors à gratter la terre à l’aide d’un pic, ou la déchirer en billons (sillons) avec l’araire (arreau) plus qu’à la couper pour en retourner de belles tranches à la charrue. Dans ces petits sillons, quand on emblave, on répand le fumier qui est très substantiel et très actif au moment même où l’on sème. Puis on fait passer la charrue pour recouvrir les sillons.
Il existait deux catégories de laboureurs : le laboureur à bœufs, le plus riche, propriétaire le plus souvent d’une ferme, qui est aussi entrepreneur de labour ; et le laboureur à bras, modeste propriétaire d’un petit lopin ou journalier.
Les outils de travail du sol :
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Il faut souligner que Chef-Boutonne produisait, grâce aux prairies des bords de rivière, des bœufs, blancs de race parthenaise, et rouges (des auvergnats), qui s’exportaient sur les foires des environs. Ainsi, la municipalité de Raix (Charente) créait-elle un champ de foire aux bœufs en 1841 pour s’ajouter à celui des mulets et poulains.
Mais le faible prix de la main-d’œuvre encourage le travail à la main. La vigne est essentiellement labourée de cette façon avant le phylloxéra.
« M. le Président demande au déposant si ses cultivateurs cultivent la vigne à la bêche ou s’ils se servent de la charrue
1. M. de Sonneville répond qu ils ne labourent pas, mais qu’ils travaillent à bras. M. le Président fait remarquer que la culture à la charrue nécessite moins de bras, et qu’en procédant de cette manière, le déposant n’aurait probablement pas à se plaindre du manque d’ouvriers. M. de Sonneville dit que l’on ne peut pas toujours se servir de la charrue.
Il faut que les vignes soient disposées pour cela et il n’y a guère qu’une grande propriété dans laquelle on puisse avoir du bétail. Le travail de la vigne n’est pas très long, et une fois les labours faits, on ne saurait que faire de ses bœufs ou de son cheval. Le déposant pense que pour une propriété qui n’est pas très considérable, le travail avec des animaux serait encore plus dispendieux que l’emploi de l’homme. Après avoir donné quelques détails sur le manque de bras, M. de Sonneville ajoute que depuis bien longtemps, l’agriculture souffre de la dépopulation des campagnes et de la rareté de la main d’œuvre. »
Au début du XIXe siècle, le sud du Poitou utilise encore l’araire, avec ou sans avant-train. Cet outil, en bois, est composé de trois parties essentielles : le mancheron tenu par la main de l'homme pour guider l'araire ; le sep, pièce centrale en bois qui entre en contact avec la terre, ouverte par la reille qui y est fixée - sorte de soc qui vient coiffer à coups de maillet l’avant du sep ; l'age, pièce généralement recourbée, relie l'araire au joug auquel sont attelés les bœufs. Mais l’outil local reçoit comme en Angoumois des améliorations sous la forme d’oreilles en bois - de simples planches dont l’écartement se règle par des chevilles de bois. Elles permettent d’écarter la terre de chaque côté du sep pour former de plus amples sillons.
Les systèmes sans jachère qui se mettent progressivement en place sont performants, mais ils sont limités par la faiblesse de l'outillage et des moyens de transports. Après l’invention du soc et versoir métalliques vers 1760 (système brabant) et les inventions du début du XIXe siècle comme la charrue Dombasle (ci-dessous), célèbre par son régulateur, vont faire progresser la qualité du labour. La terre n’est plus grattée mais bel et bien retournée. Le perfectionnement ira vers l’avant-train tout métal réglable à volonté par l’action d’une simple manette, avant-train qui se greffe sur les anciennes charrues dont l’age est en bois. Enfin, c’est Delaunay qui invente la charrue « brabant double », charrue réversible qui autorise le labour à plat et non en planches. Notons que les chevaux et les charrues « brabant double » n’apparaîtront en nombre dans notre contrée que vers la fin du XIXe siècle.
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