Le patois des Pousséens
 

Une manifestation à Poitiers pour la survie des langues régionales : le 31 mars 2012.

Même chose vu autrement.

Vu par la Nouvelle République.

Le patois des Pousséens ne doit pas être si différent de celui des Chef-Boutonnais, Sauzéens, Loubilléens, Villefagnanais, Ruffécois, Mellois, et pourtant... "Faudra qu'on demande à Eric Nowak, comme ça on s'ra sûr de pas se tromper."
 
Carte postale de Célestin Guérineau, 1906.

Célestin Guérineau ou C. Lestin
C’est la passion des cartes postales et le plaisir de lire le patois de C. Lestin qui ont poussé Patrick Ricard à collectionner les œuvres de cet artiste. Passion communicative...
Célestin Guérineau est né le 21 avril 1886 à La Rochonnière, un petit hameau de la commune de Loubillé. Son père, Jacques Maximin Guérineau était né le 3 juin 1851 au même endroit, il était cultivateur. Le 19 janvier 1885, il épousa à Paizay-Naudouin Félicité Damy, née le 21 mai 1863 dans cette commune. Elle résidait alors chez ses parents au village de Saveille, sur l’autre rive de l’Osme, à quelques centaines de mètres de La Rochonnière. Célestin était fils unique.
Le regretté Marcel Daniaud, dans son ouvrage sur Couture-d’Argenson publié en 1992, sera l’un des premiers à évoquer C. Lestin. « Célestin Guérineau signait C. Lestin. Ce fils d’un cultivateur de La Rochonnière avait bien du talent. Ce dessinateur-caricaturiste a été le créateur de milliers de cartes postales (1), aujourd’hui recherchées par les collectionneurs... Il exprimait dans un langage grivois, parfois paillard, et un tantinet anticlérical, toutes les scènes de la vie de ses compatriotes. 
(1) Deux cents exemplaires plus exactement.

Pour en savoir plus : http://artistesdeloubille.over-blog.com/


Il y eut donc C. Lestin après tant d'autres, aujourd'hui nous disposons d'un célèbre linguiste régional, Eric Nowak. Un explorateur des langues régionales qui sillonne notre région inlassablement.

Saveille, février 2010, Henriette Turbaud s’amuse des interrogations des enquêteurs.
Eric Nowak est le 2e à partir de la gauche.
En 2010, Eric Nowak a interrogé des gens, à Saveille et à Montjean.
"Trois anciens du canton de Villefagnan ont fouillé leur mémoire pour exhumer leur patois dans le cadre d’une étude menée à micro rompu par Jean Léonard et Eric Nowak. Qui ont été surpris. Paizay-Naudouin et Montjean ont des termes bien à eux, même si finalement tout le monde se comprend.
L’intérêt du Civraisien Erick Nowak pour le patois remonte au temps où il a commencé à dire m’man : «Parce que je l’ai entendu parler quand j’étais drôle, dès la 5e au lycée de Civray, j’ai débuté la réalisation d’un dictionnaire que je finirai à l’âge de la retraite. Dans les années 85, j’ai suivi les cours de poitevin saintongeais à l’université de Poitiers». Beaucoup de pain sur la planche pour ce passionné, instituteur en poste à Saint-Cyr-sur-Gironde, né en 1964 à Genouillé dans la Vienne. Il estime que le patois est en péril, malgré son intérêt patrimonial d’où son combat. «La situation actuelle, c’est une injustice, une négation du droit des hommes, dit-il, le parler du Poitou, Charentes et Vendée doit avoir accès à la presse, aux médias, le même accès que l’occitan, le corse.» Pour lui, la réplique c’est de publier ses recherches et de publier d’autres auteurs.
Son compère, Jean Léonard, est né en 1960 à Noirmoutier. Il aime causer son patois. Et pour cause, il dit en riant être le seul survivant à causer le vendéen à Paris. Il a soutenu en 1991 une thèse sur la parlhange de Noirmoutier. Il est maître de conférences à La Sorbonne Paris III pour enseigner la linguistique, les sciences du langage. «Autour de plein de langues : les finnoises, les romanes, les amérindiennes précolombiennes d’Amérique centrale» dit-il. Aujourd’hui, il a repris la collecte dans son île natale pour une diffusion grand public.
Mercredi, il accompagnait Erick Nowak : «J’ai un projet avec l’université de Poitiers, les langues et vous, ou l’aménagement linguistique des pays d’oïl au travers de la graphie, de l’animation culturelle, de la mise en valeur de la langue».
Les piles redonnent vie aux haridelles
Henriette Turbaud était quelque peu inquiète en attendant l’équipe chez elle à Saveille, commune de Paizay-Naudouin-Embourie. Elle est née Augier : «En 1923, dans cette maison où j’ai toujours vécue en tant qu’agricultrice». Les mots de son grand-père sont encore en mémoire. Souvent, elle précisera que leur usage s’est perdu. Mais elle ne manque pas d’exemples : «Mon grand-père appelait un noyau de pêche un nâ». Erick Nowak explore tous les domaines de la vie rurale. Jean Léonard fait répéter trois fois devant la caméra chaque mot important (pour la prononciation).
A Montjean, René et Jeanne Rimpaud (née Rouffaud), la mémoire solide, sont nés en 1924. «L’un le 8, l’autre le 9 décembre, clament-ils, lui à Montjean, elle à deux pas, aux Touches de Sauzé-Vaussais.» Les métiers de maréchal-ferrant et de maquignon amusent les enquêteurs. Les découvertes ne manquent pas. René Rimpaud expliquera comment on transforme en cheval de course une vieille haridelle. Des secrets de professionnel. «Jusqu’à dix ans, le centre de la dent du cheval contient du noir, dit l’homme de l’art, pour rajeunir les chevaux qui n’ont plus ce noir, on enfilait à la place du charbon pris à l’intérieur des piles électriques».
Le Ruffécois fournit un bon territoire d’étude car on parle encore le patois. «Le même patois qu’à Civray et Paizay-Naudouin, différent de Chef-Boutonne» constate Eric Nowak
«La clé de l’enquête, dit-il, c’est de mettre les mots sur des sujets, faire qu’ils n’arrivent pas comme un cheveu sur la soupe, il faut connaître la réponse et ses variantes, même si on fait des découvertes, comme aujourd’hui avec le poirichounnier qui donne des poirichons, en fait le poirillon (petite poire), en Catalogne, on dit péricon.» Chacun pourra s’amuser à comparer le mot espagnol tapas avec le mot patois tapon (pour fermer la barrique), les ramifications du patois sont ainsi surprenantes.


Eric Nowak portraitiste de Picto-charentaises
C'est le langage de la Charente-Poitevine qu'a choisi Eric Nowak (1) pour parler des femmes. Depuis ses plus tendres années, depuis 1987 il en fait de tendres portraits (2). Il crayonne élégamment avec ce patois qu'il étudie sans se lasser depuis l'adolescence, quand il fréquentait le collège de Civray dans les années 70. Avec un tout petit peu de malice, avec beaucoup de pudeur, d'amour et de respect, il tente de percer le secret des femmes : caché sous le voile parfois, exposé à nu très souvent.
Rimajhes de fanes, portrait de femmes, en traduction simultanée ! Le livre présente le texte en patois en page de droite, et celui en français en page de gauche. Idéal pour le néophyte, utile pour perfectionner son vocabulaire poitevin. Ce livre d'instituteur sera un outil pédagogique incontournable pour les maîtres d'écoles soucieux d'initier leurs pensionnaires au langage de Charente-Poitevine. Cette présentation invite à opérer deux lectures, et de là, à éveiller l'attention sur deux magies linguistiques. Le patois sonne mieux car il résonne comme les sabots roses du premier poème, se fait calin face à des talons hauts ou malin dans le vent d'un top de toile fine. Mais le français donne une chance à chacun de saisir le sens profond de l'hommage rendu aux femmes par ce militant émouvant.
Eric Nowak milite pour la défense et la promotion, dans le respect de leur différence, des parlers d'entre Loire et Gironde, formant à la fois une langue unitaire et plurielle. Pour parachever son oeuvre, l'auteur s'est adjoint le talent de Krystina Le Rudelier, illustratrice. «Mariée à un Civraisien natif du Ruffécois, elle vit en Gironde saintongeaise depuis 1987, elle dessine et peint des tableaux...» nous dit-il.
Trois préfaces et des éclaircissements de l'auteur en début et fin d'ouvrage remettent en place les idées du lecteur. La poésie mérite bien un peu de géographie et d'histoire.
Pascal Baudouin
(1) Erick Nowak est originaire de Genouillé en sud-Vienne, est instituteur à Saint-Cyr-sur-Gironde (33).
(2) Rimajhes de fanes, portrait de femmes, éditions des régionalismes Pyrémonde, 11,95 euros en librairie.


Eric Nowak publie des contes traditionnels du Poitou
Ce sont des histoires extraordinaires que la mémoire des plus âgés a dû parfois conserver. Juste à temps, Eric Nowak a pu les enregistrer pour nous les offrir. Afin de continuer à les raconter en famille à la veillée.
Du Poitou et de la Charente-Poitevine, puisque ces contes recueillis au cours des enquêtes linguistiques de l'auteur proviennent autant de la Vienne, des Deux-Sèvres que du nord de la Charente. Au fil des pages (1) s'égrènent des histoires extraordinaires, en français et en poitevin, qui font sourire souvent, peur parfois et rêver la plupart du temps.
Eric Nowak a exhumé et enregistré, au début des années 1990, une multitude de témoignages auxquels se sont mêlés des contes traditionnels. Ces textes sont publiés en langue locale sur la page de gauche, livre ouvert, et en français sur la page de droite. Une formule qui permet de retrouver ses petits... souvenirs de patois.
Certaines histoires ont traversé plusieurs siècles sans prendre une ride. Elles racontent la vie à la ferme, les foires, les animaux, les hommes et leur bêtise. Elles sont dites en quelques lignes parfois, mais peuvent s'étaler sur plusieurs pages. Elles sont merveilleusement illustrées par des cartes postales anciennes ou des dessins de Pierre Audoin.
L'instituteur Eric Nowak n'aurait pas publié cet ouvrage sans une bonne dose de pédagogie. Il introduit le volume en expliquant les particularités de la langue locale, à l'orée de la langue d'oc, il évoque ses sources et précise comment il a mené son enquête. Il conclut en ajoutant une longue liste (index) de précisions fort utiles.
(1) Cet ouvrage de 120 pages est disponible en librairie, éditions «Reflets de terroir» CPE, au prix de 18 euros.

En savoir plus avec Charente Libre


Les accents des Charentes
Patois et chansons de nos grands-pères charentais
Encore un bel outil consacré au thème linguistique régional ! Eric Nowak hausse le ton en proposant un nouvel ouvrage «Patois et chansons de nos grands-pères charentais» (1). Il fait danser les parlers de Saintonge et d'Angoumois, le parler ruffécois emprunt de poitevin, celui d'Aunis à tendance bas poitevine, il avance vers les parlers occitans limousins du Confolentais et pays marchois «sur leurs marges». Eric Nowak statue sur le carrefour linguistique que sont les Charentes et détermine leurs limites. Il joint des cartes historiques pour éclairer le sujet.
En bon instituteur, il s'oblige à retracer l'historique de la littérature charentaise en langue régionale depuis le Moyen-âge en passant par la renaissance, cela jusqu'à maintenant. Il décrit à merveille le panorama linguistique charentais.
Le folklore et la présence du patois dans la vie publique sont au centre de cette brillante étude. L'auteur nous rappelle l'existence de nombreux festivals de patois, le travail des compagnies patoisantes. Il évoque la présence de la langue régionale dans la vie publique : le charentais s'impose sur l'étiquetage des produits régionaux, il fait ses marques (Luma boutique), il se pose sur les vêtements.
Pour compléter son étude, Eric Nowak a choisi des chansons et des poésies, «prises aux meilleures sources anciennes, mais aussi issues de collectage ou de la production contemporaine». C'est de cette façon qu'il publie un texte en poitevin du Nord-Charente écrit par feu Marius Gagnère : «La corselette». Il ajoute deux poèmes de François Migaud né à Pleuville aux confins du Confolentais. Il se tourne vers les patoisants du moment comme le Cognaçais Bruno Rousse pour chanter l'actualité. Il happe une chanson et un poème en saintongeais de l'Angoumoisin Jean-Pierre Coutanceau.
Un lexique inédit du pays rochefortais vient clôturer l'ouvrage.
Cet ouvrage constitue une nouvelle référence linguistique régionale. Il fait le point de l'usage du patois. Il est accessible à tout lecteur grâce au travail pédagogique de son auteur instituteur.
(1) Editions CPE, disponible en librairie, 22 euros.





MATHIEU TOUZOT - Venez vous sacae den ma chançun par Mathieumt


Balinajhes_0001 par Kanentelos




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