Le Mellois Pioussay le 20 février 1916
Lettre de félicitations
M. le Préfet des Deux-Sèvres vient d’adresser à Melle Alice Pavaillon de Pioussay, la lettre de félicitations ci-dessous. Cette jeune fille de 15 ans, a fait seule, et avec une charrue qui n’appartient point au matériel agricole moderne, les durs labours de l’exploitation abandonnée par son père mobilisé, et a semé le blé avec l’aide de sa mère.
Actuellement, nous écrit-on, elle prépare le terrain pour les semis de printemps.
De plus, elle et sa mère ont fait plusieurs centaines de fagots, ouvrage jusqu’ici laissé au sexe masculin.
Voici la lettre de M. le Préfet, elle honore grandement cette jeune française, qui méritait d’être citée en exemple. Cabinet du préfet
Niort le 8 février 1916
Mademoiselle,
Monsieur le maire de Pioussay m'a signalé le dévouement dont vous avez fait preuve depuis le départ de votre père mobilisé, pour le remplacer dans les travaux des champs, pénibles en raison de votre âge.
Vous avez aussi donné un bel exemple de l’énergie des femmes françaises qui doivent actuellement s’efforcer de procurer à l’absent la joie de retrouver à son retour le foyer familial tel qu’il l’avait abandonné.
e suis heureux de vous adresser toutes mes félicitations, et vous prie d’agréer, mademoiselle, l’hommage de mon respect.
Ruy des Adrets
Le Mellois Pioussay le 23 avril 1916
Accident
M. Louis Besson, 60 ans, propriétaire, se rendait à motocyclette à Ruffec, lorsqu’en arrivant à l’entrée de la ville la machine dérapa sur la boue et le malheureux cycliste fut projeté sur le sol, se faisant dans sa chute de nombreuses blessures à la tête.
Le Mellois Pioussay le 4 mai 1916
Congés et permissions
En raison d’épidémie, il est interdit jusqu'à nouvel ordre, d’accorder des permissions et congés de convalescence pour la commune de Pioussay, canton de Chef-Boutonne.
Un courrier, un bulletin, avertissait le maire de la disparition d'un enfant de la commune, parfois des mois après la disparition effective. L'attente durera parfois tant que la guerre durera jusqu'au jour où le tribunal civil prononcera le décès effectif... sur de vagues témoiganges.
Mairie de Pioussay
13 août 1915 Le soldat Alexandre Canon est porté disparu depuis le 17 février 1915 à Boureuilles dans la Meuse.
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
25 août 1915 Le soldat Fernand Emile Robineau est porté disparu depuis le 5 mai 1915 à Mouilly dans la Meuse.
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
8 mars 1916 Le soldat Auguste Derbord est porté disparu depuis le 8 mars 1916 à Vaux devant Damloup dans la Meuse.
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
29 juin 1916 Le soldat Louis Eugène Pasquet est porté disparu depuis le 7 mai 1916 à la cote 304 à Verdun.
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
29 juin 1916 Le soldat Alcide Auvin est porté disparu depuis le 7 mai 1916 à la cote 304 à Verdun.
Mais... Le Mellois Pioussay le 02 juillet 1916
Retrouvé. M. Auvin dont la famille habite le village de Jouhé, était considéré mort d’après des lettres de camarades attestant qu’il avait été tué par un éclat d’obus, et ses parents avaient pris le deuil. Or, le 15 courant, Mme Auvin a reçu une lettre de son mari lui annonçant qu’il était en parfaite santé et prisonnier en Prusse rhéane.
Mairie de Pioussay
26 juillet 1916 Le soldat Frédéric Vezinat est porté disparu depuis le 3 mai 1916 à la cote 304 à Verdun.
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie
19 août 1916 Le caporal Eugène Gervais est porté disparu.
Provisoirement car son nom ne figure pas sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
18 octobre 1916 Le soldat Martin Ernest est porté disparu depuis le 28 août 1914 à la bataille de Réméréville. La lettre émanant du 125e RI de Poitiers demande au maire d'informer l'épouse avec tous les ménagements possibles en la circonstance... Sans doute avait-elle encore plein d'espoir !
Il ne reviendra pas bien évidement : son nom figure sur le monument aux morts.
Mairie de Pioussay
24 avril 1917 Le soldat Rullier Julien est porté disparu depuis le 16 novembre 1914 à Saint-Julien en Belgique (présumé décédé).
Il ne reviendra pas : son nom figure sur le monument aux morts.
Le Mellois Pioussay le 18 février 1917
Congestion mortelle
Inquiets de l’absence prolongé de M. Saizy, 76 ans, ses parents firent des recherches dans le bois où il travaillait. Ils le trouvèrent mort d’une congestion causée par le froid.
Le Mellois Pioussay le 18 novembre 1917
Probité
MM. Fraigneau, père et fils, domiciliés à l’Houmelée, ayant trouvé un portefeuille renfermant une somme importante, l’ont déposée à la mairie où son propriétaire, M Monteil, négociant à Chef-Boutonne, s’est rendu le réclamer.
Le Mellois Pioussay le 21 juillet 1918
Incendie
Un incendie s’est déclaré dernièrement dans un immeuble appartenant à M. A. Robineau, propriétaire à Lugée. Malgré les secours empressés de la population, l’eau faisant défaut, on dut se rendre et faire la part du feu. Plusieurs milliers de kg de fourrage ainsi que plusieurs bâtiments ont été la proie des flammes ; les pertes qui sont élevées sont couvertes par une assurance.
Nous ne possédons pas de renseignements particuliers sur la mobilisation de la guerre de 1914-1918 à Pioussay, mais à défaut, nous vous proposerons des exemples tirés des cahiers rédigés par les instituteurs1 des communes charentaises voisines ou limitrophes.
A Villefagnan, M. Piveteau consigne : « La dernière semaine de juillet 1914 est une semaine d’attente, d’attente fébrile de nouvelles. L’angoisse grandit avec le rappel des permissionnaires le 28 juillet. Le 1er juillet est une journée déprimante entre toutes. Les gendarmes, consignés à la poste, attendent l’ordre de mobilisation générale. Quatre heures et demie… C’en est fait ! L’ordre de mobilisation arrive. Consternation générale ! Quelques instants après le tocsin sonne, le tambour bat ».
A Tuzie, M. Rollet décrit les premiers instants : « Pendant ce temps le garde-champêtre lit à tous les carrefours le décret de mobilisation ; ceux qui travaillent dans les champs se hâtent vers leurs demeures, de loin ils ont entendu le tambour et tout deviné. Parmi eux, il y en a qui sont affectés à la garde des voies ferrées, ils doivent partir immédiatement ; ils prennent à peine le temps de ramasser un menu bagage et rejoignent le poste qui leur a été désigné2 ».
A La Faye, M. Jolly inscrit : « La mobilisation fut accueillie par toute la population, sinon avec enthousiasme, du moins avec courage et patriotisme… Les hommes arrivent des champs, pâles mais résolus, les femmes sanglotent. Les appelés sans délais ayant brusquement quitté leurs occupations, se hâtent, vont chercher leurs livrets, les consultent, préparent leur paquetage… ».
A Tuzie, M. Rollet souligne le patriotisme des mobilisés : « Tous sont animés d’une sainte colère et d’un même patriotisme… Ils oublient la famille pour ne plus penser qu’à la Patrie ». Et le courage des femmes : « Les moissons n’étaient pas complètement achevées au moment de la déclaration de la guerre, toutes les gerbes étaient dehors et dans bien des champs le blé était encore sur pied. Les femmes se demandaient comment elles pourraient achever seules ce pénible travail, et quelques unes dont les chevaux avaient été pris immédiatement pour la remonte, étaient particulièrement embarrassées. Du reste, accablées par la douleur et le désespoir, peut-être n’avaient-elles pas la force de chercher de moyen de se tirer d’affaire ». Les enfants font preuve de vaillance : « A l’exemple de leurs mères, les enfants redoublent d’efforts afin d’accomplir leur devoir, la guerre en a fait des hommes. La mère malade, un enfant est resté seul pour cultiver une grande propriété ; il s’est mis bravement à l’œuvre et récolte chaque année une moyenne de 80 à 100 sacs de grain. Pendant qu’il travaille ainsi aux champs, son plus jeune frère âgé de dix ans, s’occupe du bétail ; tout est si bien qu’en visitant les champs et les étables, on oublie que le chef de la maison est parti ».
M. Pelletier à Theil-Rabier évoque les réquisitions : « A proprement parler, il n’y eut de réquisition que pour les chevaux, voitures et harnais. Toutes les autres fournitures nécessaires à l’armée et à la population civile, ont été faites à l’amiable, chacun donnant tout ce dont il pouvait disposer. La commune a ainsi livré à l’autorité militaire 52 chevaux, juments, mulets et mules, deux voitures à quatre roues et un harnais ».
M. Piveteau précise : « Le commerce local fut d’abord difficile. Les réserves étaient insignifiantes ; quelques habitants craignant l’enchérissement excessif des denrées, se hâtèrent de faire des provisions. La mobilisation accaparant les transports rendait impossibles les approvisionnements… Les choses reprirent leur cours normal lorsque les chemins de fer recommencèrent leur trafic ».
Mme Maumon, à Empuré confie : « Les travaux agricoles ont été effectués courageusement par les vieillards, les femmes des mobilisés et leurs jeunes enfants. Les moissons et les battages ont été faits en commun par les agriculteurs de la commune ».
M. Pelletier à Theil-Rabier cible les prix : « Le prix du lait acheté par la laiterie coopérative de Chef-Boutonne s’est élevé progressivement de 0,12 à 0,21 fr. le litre. Durant la deuxième année, les porcs gras vivants ont atteint le prix fort élevé de 220 fr. les 100 kg. ; quant aux porcelets, ils ont été extrêmement chers ».
Les instituteurs noteront sur le livre d’or les noms des premiers « Morts pour la France », ajouteront les disparus, les prisonniers, les blessés. Ces cahiers se terminent en 1916…
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1 Site Internet des archives départementales de la Charente.
2 Tuzie borde la voie-ferrée Paris-Bordeaux. Le cahier de Mme Collet, institutrice à Brettes pendant la Grande Guerre
Les archives départementales de la Charente conservent à Angoulême le cahier rédigé par Mme Collet, institutrice à Brettes avec son époux pendant la première guerre mondiale. Ce cahier nous éclaire sur de nombreux aspects de la vie locale jusqu'en août 1916.
Sur le site des archives départementales de la Charente on nous explique : « Par une circulaire du 18 septembre 1914, Albert Sarraut, alors ministre de l'Instruction publique, recommande aux instituteurs et institutrices en fonction « de tenir note de tous les évènements auxquels ils assistent » : mobilisation, réquisitions, administrations de la commune, ordre public, vie économique, réfugiés... Les notes rédigées, d'après des « renseignements contrôlés » devaient l'être à l'origine sur des fiches et non sur des cahiers en double exemplaire, l'un conservé à l'école, l'autre envoyé aux Archives départementales. »
Voici ce cahier rédigé selon les vœux du ministre de l'Instruction publique.
Mobilisation
Depuis 1870, l'Allemagne avait souvent fait les gros yeux à la France, la plupart des gens refusaient de prendre au sérieux les évènements de Serbie, croyant que tout s'arrangerait encore; quelques rares personnes seulement, plus clairvoyantes, s'attendaient de jour en jour à la rupture des pourparlers.
Ce n'est que lorsqu'on vit rappeler à la hâte quelques soldats en permission dans leurs familles et surtout lorsqu'on vit apposer les grandes affiches de la mobilisation qu'on sentit qu'il ne restait aucun espoir de conserver la paix; la déclaration de guerre ne surprit plus personne.
Au premier moment, il y eut, certes de l'émoi, mais pas d'affolement; du chagrin, mais ni cris, ni tumulte. De grands rassemblements se formaient autour des gendarmes ou des automobiles militaires, mais les visages ne manifestaient qu'une tristesse relative: la guerre ne serait pas longue; les mères, les épouses espéraient voir revenir sous peu leurs fils et leurs maris, l'Allemagne et l'Autriche ne pouvaient tenir longtemps contre l'Angleterre et la France et la Russie ! La Rusiie, « pépinière » d'hommes inépuisable » ! Quand le « rouleau compresseur se mettrait en marche, l'affaire serait vite réglée ! Hélas !
Réquisitions
Dès le début du mois d'août 1914, commencèrent les réquisitions; elles continuent encore.
Indépendamment des charrettes, voitures et chevaux pris dès le commencement de la guerre et dont il ne m'a pas été possible d'évaluer la quantité ni le prix, la commune de Brettes a fourni jusqu'en août 1916 à la commission de ravitaillement du canton de Villefagnan:
169 quintaux viande de bœuf pour 17,529, 65 fr;
6 quintaux viande de mouton pour 693;
4 quintaux viande de porc pour 460,80;
230 quintaux pommes de terre pour 2306,04;
28 quintaux haricots pour 1657,40;
383 quintaux de blé pour 11429,80;
804 quintaux d'avoine pour 18581,72;
85 quintaux de foin pour 733,78;
819 quintaux de paille pour 4789,05.
Total : 58180,94 fr.
Administration municipale
Dès les premiers jours de la mobilisation, l'adjoint M. Ricard Louis et trois conseillers municipaux M.M. Trigaud Félicien, André Ferdinand, et Chambert Daniel, furent appelés; un autre M. Piedfroid Arnaud, instituteur à Souvigné, s'engagea.
Le maire, M. Roux Pierre, administra seul la commune. L'instituteur, M. Collet Jean, quoique en remplissant pas les fonctions de secrétaire de mairie lui vint en aide dans les premières réquisitions.
Le conseil municipal ne posséda plus, non compris le maire, que quatre membres: M. M. Repain Pierre, Mounier Jean, Turbaud François et Béguier Frédéric.
Agriculture
Au moment de la mobilisation, la moisson de 1914 était à peu près terminée, les vieillards, les jeunes gens, les inaptes, les femmes et quelques hommes non encore mobilisés, purent, en s'aidant mutuellement, rentrer le grain et le battre; pour ce dernier travail, la machine à battre du syndicat agricole de la commune leur fut d'une grande utilité.
Les semailles en 1914 s'effectuèrent à peu près convenablement et de la même manière que le battage des graines, quoique avec un peu plus de difficulté, presque tous les hommes mobilisables étant partis.
Les travaux d'été de l'année 1915 souffrirent un peu par manque de main-d'œuvre; les pommes de terre, betteraves, maïs, mal façonnés, eurent, en moyenne, un faible rendement.
Rien à dire de la moisson et du battage des grains de 1915, qui s'effectuèrent d'une manière aussi satisfaisante qu'en 1914. Quatre réfugiés belges, trois hommes et une femme, y contribuèrent. Récolte médiocre à cause de la sécheresse de l'été.
Les semailles d'automne souffrirent davantage. Le labourage étant un travail familier aux femmes, quelques fermières, dont le mari, les enfants, les domestiques étaient mobilisés, se virent obligées d'abandonner la terre qu'elles cultivaient, laquelle resta en partie en friche. Il en fut de même au printemps de 1916. Malgré cela, la commune put, non seulement suffire à ses besoins, mais encore contribuer au ravitaillement de nos armées plus largement qu'on ne l'aurait supposé.
Commerce local
Pas de commerce dans la commune.
On trouva encore dans les localités voisines, pendant l'année 1915, à peu près toutes les denrées dont on avait besoin, mais le prix en fut très sensiblement augmenté, surtout pour la laine, le cuir et les objets métalliques dont quelques-uns doublèrent et triplèrent de valeur.
En 1916, l'approvisionnement fut moins facile, surtout en sucre et, à l'approche de l'hiver, en bois, charbon, pétrole, essence, alcool à brûler, sel de cuisine. Les vêtements et surtout les chaussures renchérirent beaucoup.
Vivres
Le pain n'a jamais manqué dans la région. Au début des hostilités, on éprouvait quelque difficulté à s'en procurer parce qu'un certain nombre de meuniers et de boulangers avaient été atteints par al mobilisation; mais l'autorité militaire les ayant renvoyés dans leurs foyers, le ravitaillement en pain se fit à peu près normalement; le prix en fut peu augmenté.
Il n'en fut pas de même pour la viande de boucherie qui subit une hausse énorme, un peu par suite de la rareté du bétail, mais surtout par la grande consommation qu'en firent les familles des mobilisés à partir du jour où elles touchèrent une allocation.
Les boissons se maintinrent à un prix abordable jusqu'à l'été 1915. Depuis le vin a considérablement augmenté de valeur, surtout en 1916. L'abondance des pommes de la récolte 1915 permit à de nombreuses familles de le remplacer par le cidre, d'un prix plus avantageux.
Industrie
Aucune industrie à Brettes.
Assistance publique
Il y a dans la commune peu de personnes réellement pauvres; quiconque veut travailler trouve facilement et largement à gagner sa vie. Les familles dont les ressources ont tant soit peu diminué par suite du départ de quelques-uns de leurs membres reçoivent, non de la commune qui n'a encore consenti aucun sacrifice pour les œuvres de guerre, mais de l'Etat des allocations généralement supérieures au préjudice qu'elles ont subi; ce qui fait qu'elles n'ont, à ce point de vue, nul motif de se plaindre.
Le nombre des allocations qui augmente de jour en jour, est actuellement de 47, recevant une somme totale de 2345 francs.
Service médical et pharmaceutique
Il n'y a jamais eu ni médecin ni pharmacien à Brettes. Le service médical est assuré par quatre médecins et un pharmacien établis à Villefagnan. Dès le début de la guerre, les deux plus jeunes médecins (1) et le pharmacien partirent, mais la pharmacie continua à être convenablement gérée jusqu'en septembre 1915. Depuis cette époque, elle est tantôt ouverte tantôt fermée selon le caprice de madame la pharmacienne; d'où il résulte qu'on ne peut guère s'approvisionner en médicaments qu'à Ruffec, ce qui n'est pas sans occasionner quelque gêne.
(1) Les docteurs Oscar Brothier et Raoul Feuillet.
Ordre public
Rien n'a troublé l'ordre public. On n'a point eu besoin d'instituer de garde civique et il n'est pas à ma connaissance qu'aucun délit n'ait été commis.
Cultes
M. Fort desservant de Brettes a été mobilisé dès les premiers jours de la guerre. M. le curé de Villefagnan le remplace au besoin.
Les étrangers
Il n'habitait pas d'étrangers dans la localité avant la guerre.
Les réfugiés belges, serbes et français
Aucun Français des régions envahies n'est venu se réfugier dans la commune, mais au mois de juin 1915, M. le Préfet y a hospitalisé 11 belges, dont 9 de la même famille : Lasat Arthur, père; Prudence Vermote (femme Lasat); et leurs enfants, Lasat Alice; Camille; Jérôme; Rachel; Alma, Marguerite; Vermote Alida sœur de la femme Lasat.
Depuis leur installation à Brettes une autre petite fille, Lasat Maria, est née aux époux Lasat, le 10 janvier 1915.
Les deux autres Belges venus en même temps que la famille Lasat, Pierre Naiaert et Hector Vandacle, n'habitent plus la localité. Vers septembre 1915, Hector Vandacle a été rappelé par son gouvernement; il est actuellement soldat.
Pierre Naiaert a été domestique à la ferme de Fredière, commune de Paizay-Naudouin.
Tous ont été bien accueillis par la population; M. le Maire leur a procuré un logement et les habitants leur ont fourni les meubles et les ustensiles les plus indispensables.
La famille Lasat se conduit très convenablement. Le père et sa belle-sœur, les deux seuls qui puissent travailler sont employés par les gens de la localité comme journaliers ou domestiques; ils leur donnent entière satisfaction. Quatre des enfants, deux garçons et deux filles, vont en classe.
Manifestations du patriotisme des populations
Le patriotisme des habitants ne s'est guère manifesté que par la soumission empressée qu'ils ont apportée aux ordres de mobilisation et réquisition.
Lors des premières souscriptions, quelques personnes ont montré une certaine générosité, mais leur ardeur s'est vite refroidie et il ne faut plus aujourd'hui compter sur leur participation aux œuvres auxiliaires de la défense nationale.
L'école
Les deux écoles de Brettes ont continué à fonctionner comme par le passé, l'instituteur M. Collet, ayant dépassé l'âge de la mobilisation (il avait 56 ans au début de la guerre).
Le nombre des élèves et le total des présences n'ont guère varié pour les filles; ils ont un peu diminué en 1914-1915 et surtout en 1915-1916 pour les garçons plus aptes à venir en aide à leurs parents.
L'état d'esprit des enfants n'a guère varié non plus. Lors de la rentrée des classes, en octobre 1914, il y avait déjà deux mois que la guerre durait et le chagrin qu'avait pu leur occasionner le départ de quelque parent était déjà bien atténué. Chez la plupart d'entre-eux, les impressions durent si peu ! Somme toute, la discipline a été bonne et le travail satisfaisant.
Il n'a pas été établi de cantine scolaire, presque tous les enfants se rendant dîner à la maison.
Une garderie fut instituée pendant les vacances 1913-1914 : aucun enfant ne s'y présenta; les parents les utilisaient pour surveiller leurs tout petits frères ou pour garder le bétail aux champs. Par ordre de m. l'inspecteur d'académie, l'expérience ne fut pas renouvelée pendant les vacances 1914-1915.
Il n'a été fait à l'école des garçons ni cours d'adultes ni conférences, faute d'auditeurs. L'ouvroir installé à l'école des filles a confectionné les objets énumérés dans la fiche jointe.
L'école au service de la défense nationale
L'instituteur et l'institutrice de brettes, comprenant la grande utilité des œuvres de guerre, auraient été heureux de contribuer au succès de toutes, tant dans leurs écoles qu'au dehors; malheureusement, l'indifférence, l'égoïsme de la population, la suspicion injurieuse dont ils ont été l'objet de la part des gens qui ne veulent pas comprendre qu'on puisse se donner de la peine sans en retirer quelque profit, ne leur ont pas permis de le faire. Voici ce qu'il leur a été possible d'obtenir des habitants de la commune et de leurs élèves, y compris leur contribution personnelle qu'ils regrettent de n'avoir pas pu augmenter :
Linge du soldat – en espèces : 218 fr ; en nature : 41 draps, 84 chemises, 10 serviettes, 51 torchons, 21 mouchoirs, 141 bandes, 50 douzaines de carrés de pansement.
Vêtements pour réfugiés : 50 frs.
Noël du soldat : 7 frs.
Œuvre du tricot – en nature : 3 tricots, 1 gilet de flanelle, 63 paires de chaussettes, 1 cache-nez, 4 paires de gants, 5 paires de genouillères, 3,60 m de flanelle blanche.
Journée du secours national : 5 frs.
Journée du 75 : 3 frs.
Journées serbes : 5 frs.
Journée belge : 2 frs.
Journée des orphelins de la guerre : 6 frs.
Journée des éprouvés de la guerre : 4 frs.
Ambulances automobiles : 5 frs.
Œuvre des sacs à terre : 136 sacs.
Œuvre des filleuls : 155 sacs.
Accueil français : 3 frs.
Chiffons de coton : 7 frs.
Œuvre des pupilles de l'école publique : 9 frs.
Versement du personnel de l'amicale : 223 frs.
La commune au service de la défense nationale
En dehors de l'école et de ses maîtres, il aété recueilli par M. le Maire et par diverses quêteuses, savoir :
Journée du 75 : 20 frs.
Automobile des blessés : 26 frs.
Orphelins de guerre : 44, 50 frs.
Total : 90,50 frs.