Supplément à la Revue de l'ouest du samedi 17 février 1894
Deibler (le bourreau) est arrivé jeudi matin, par le train de 11 heures, avec les bois de la justice. Il est descendu, avec son fils et ses aides, à l'Hôtel des Etrangers, où il a pris un repas dans la salle commune, à une petite table.
Sur la Brèche
C'est à 4 heures que la guillotine a été dressée au coin de la Brèche qui fait face à l'avenue de Paris. Un escadron de hussards fait la service d'ordre. La place est pliene de monde...
...M. l'abbé Granier, vicaire de Notre-Dame, et M. le docteur Fayard, ont pénétré dans la cellule de Sabourin. Celui-ci s'était couché hier soir à 10 heures, après avoir, comme distraction, exécuté quelques dessins. Il semblait absolument calme.
Quand on vient le réveiller et qu'on lui annonce que son pourvoi en grâce est rejeté, il ne manifeste pas une grande émotion.Sabourin déclare qu'il n'a rien à ajouter, qu'il a tué sa soeur...
L'éxécution
Le cortège se met en marche pour la place de la Brèche. A 7h15, le fourgon est fermé... On apporte un escabeau, Sabourin descend, accompagné de M. Granier, qui lui présente un crucifix. le condamné est livide. Un silence de mort pèse sur la foule.
Les aides enlèvent la veste grise de Sabourin et Deibler lui découvrent largement les épaules, M. l'abbé Granier embrasse le condamné et lui fait baiser le crucifix.
Les aides saisissent alors Sabourin et le couchent sur la bascule.
Le couteau, rapide comme un éclair, tombe avec un bruit sourd. Justice est faite.
les aides placent la tête et le tronc dans le panier, et le fourgon, estcorté toujours par les hussards, emporte les restes de Sabourin au cimetière où ils sont mis en bière.
M. l'abbé Granier lit les dernières prières et la fosse est recouverte immédiatement.
Guide du voyageur vers 1880
Ruffec (buvette), ch.-l. d'arr. de 3,426 hab., plus célèbre par ses pâtés de perdreaux truffés que par ses monuments. Dans la ville, on remarque la façade romane de l'église (le reste du vaisseau date des xve et xvie s.), et une maison de 1582, avec inscription partie en grec, partie en latin.
A 20 k. - voiture à 1 cheval, 15 fr., à 2 chevaux 20 fr., dans tous les hôtels de Ruffec - Pioussay reçoit d'innombrables visiteurs, qui viennent y consulter le curé, célèbre comme guérisseur. L'église est du XIIe s. Le château de Jouhé, à 2 k. N.-E., offre un pavillon à mâchicoulis et à lucarnes, du xvie s.
En Charente
...Le curé était souvent consulté en cas de maladie et celui de Pioussais avait une grande renommée. Une de nos voisines étant allée le voir, pour une maladie d'estomac, il lui avait demandé si elle allait bien à la trompette, à quoi elle avait répondu : "Que soune homme en avait une bonne dans son jène temps, mais qu'en vieilllissant i ne s'en sarvait pas si souvent, son cot de langue se ramollissant, et déjà quo zi manquait joliment des dents."
Extrait de Léo Ganachaud, Souvenirs et espoirs d'un paysan charentais, ed. Coquemard Angoulême.
La vie du curé de Pioussay (résumé)
Pierre Granier est né à Blanzay, commune de 1500 âmes dans le canton de Civray (Sud de la Vienne, 86) le 28 avril 1828. Ses parents, Jean Granier, et son épouse Monique Vallade, étaient agriculteurs. Pierre était l'aîné de leurs cinq enfants. Sa soeur, Clémentine, l'accompagne et l'aidera jusqu’au dernier jour.
Agrandir le plan Une vocation précoce
Pierre Granier ne fréquentera jamais l'école de son village. C'est le curé de la paroisse, l'abbé Leclerc qui l'éduquera au presbytère. Et de très bonne heure, le petit Pierre manifesta le désir de se consacrer à Dieu tout entier et d’être prêtre un jour, comme le vénéré maître qui l’instruisait. Agé seulement de neuf ans, il entre à l’école cléricale de Poitiers en 1837, école destinée aux seuls clercs.
Une partie de sa famille. De gauche à droite :
- Ernestine, une nièce;
- Clémentine, sa soeur et gouvernante (née en 1841; dcd 28 mai 1928 Blanzay);
- Lucie, sa nièce;
- Derrière Lucie, Basile, neveu et médecin.
Il y reste trois ans et entre au petit séminaire à Montmorillon. “La première épreuve marquante dans la vie de l’abbé Granier fut une ophtalmie purulente. Les médecins donnent ce nom à une maladie des yeux avec inflammation et suppuration des paupières.” Au repos quelques mois, à Blanzay, dans sa famille. Le médecin espérait beaucoup d'une opération chirurgicale qui ne réussit que médiocrement. Le malade se remis, mais son oeil gauche resta blessé. Et retour à Montmorillon.
En octobre 1846, Pierre Granier entre au gand séminaire de Poitiers. Il a dix-huit ans. Tonsure cléricale la veille de la Trinité 1847, vers la fin de sa première année scolaire de théologie.
Pierre Granier fut placé comme surveillant à Poitiers dans un petit collège écclésiastique placé sous le patronage de saint Vincent de Paul, dont il portait le nom. L’année suivante, il fut nommé professeur à l’Institution ecclésiastique de Saint Maixent. A Poitiers, il avait reçu les ordres mineurs ; à Saint-Maixent, il fut appelé au sous-diaconat qu’il reçut le 6 janvier 1850 des mains de Mgr Pie, le nouvel évêque. Le 21 décembre, Pierre Granier fut ordonné diacre.
Pierre Granier resta professeur à Saint-Maixent pendant dix années, de 1849 à 1859. Tout en faisant la classe à ses élèves, il continuait pour son propre compte les études théologiques, qui servent de préparartion au sacerdoce. Il fut ordonné prêtre en 1852.
Courageux, pour aller visiter sa famille à Blanzay, il trouvait une solution bien simple au problème : il faisait le voyage pendant la nuit, et il avait la journée à consacrer à sa famille. A Saint-Maixent, s'il lui restait encore quelques moments de libres, il les employait à la musique : il soufflait dans un ophicléïde.
Saint-Maixent possédait un hôpital, et cet hôpital avait une chapelle. L’aumonier chargé de desservir fut alors l’abbé Granier, qui chaque matin allait y célébrer la sainte Messe et donner les secours religieux aux malades. Il refusa le poste de premier vicaire auprès du nouvel archiprêtre, dans les soins de son nouveau ministère de Niort. Toutes ses préférences étaient pour le ministère à la campagne. Il fut servi à souhaits, et on le nomma curé de Pioussay.
La Paroisse de Pioussay
Le territoire de la paroisse se divise en deux zones extrêmement différentes d’aspect. A l’Est, des terres riches, fertiles et couvertes d’une végétation luxuriantes, où les moindres arbrisseaux se développent vigoureusement et atteignent des dimensions peu ordinaires. Dans cette partie se trouve les villages ou hameaux de La Place, Jouhé, L’houmelée, Villeneuve et Lugée. Dans la première zone, qu’on appelle le Segelé, on trouve des terres de labour qui ont une valeur vénale de cinq, et même six mille francs l’hectare. Vers l’Ouest, vers le bourg, à 1 kilomètre avant de l’atteindre, tout d’un coup, et pour ainsi dire sans transition, le sol devient maigre et sec, auquel les arbres rabougris et souffreteux donnent un aspect beaucoup plus pauvre qu’il n’est en réalité. C’est le commencement des terres calcaires, qui s’étendent sur une partie de la Charente et de la Charente-Inférieure ; deux départements qui viennent joindre celui des Deux-Sèvres tout près de Pioussay et qui étaient si fiers de leurs riches vignobles avant l’invasion du terrible Phylloxéra.
Les terrains de l’Est, au contraire, produisant abondamment le froment et les céréales, ne peuvent donner qu’un petit vin de treilles sans valeur commerciale.
L'arrivée à Pioussay
Par quel côté l’Abbé Granier pénétra-t-il dans sa paroisse quand il arriva le 26 novembre 1859? Nous l’ignorons ; mais ce qui est très vivant dans le souvenir de ceux qui l’ont connu alors, c’est qu’il éprouva une impression plus que pénible, presque découragé.
- “Je ne fis que pleurer pendant trois semaines” racontait-il plus tard.
Pour qu’un homme aussi froid qu’était l’abbé Granier, aussi réservé et maître de soi, ne put retenir ses larmes et les laissât couler en telle abondance, il fallait que le tableau ne fut pas gai.
Depuis deux ans, en effet, la paroisse était sans titulaire. M. Lebrun, qui mourut à Pioussay en 1857, avait eu pour successeur M. Narcisse Giret. Mais ce dernier, d’une santé plus que débile, ne parut que quelques mois au bout desquels la mort vint aussi le prendre, dans sa famille, à la Chapelle-Saint-Laurent, où il s’était retiré. Le service religieux de Pioussay fut confié à M. le curé de Lorigné.
L'église autrefois, le bâtiment sur la gauche aurait abrité un temps le corbillard. A l’arrivée du nouveau curé de Pioussay, l’église et le presbytère présentaient l’image de la désolation; on eût dit des ruines. Les terrains qui forment aujourd’hui le bel enclos de la cure, reste des anciens biens qui n’avaient pas été dilapidés et vendus pendant la révolution, formaient comme des terrains vagues, couverts de broussailles, où les gamins et les chèvres venaient à loisir prendre leurs ébats. Enfin c’était la fin de l’automne, saison qui n’a pas coutume de colorer les paysages en joie.
La cure lorsqu'elle fut vendue à M. Surault. Les terrains du presbytère, qui n’avaient pas été aliénés avec les autres dans la vente faite à Niort en 1791, se trouvaient en friche et couverts de broussailles. La belle cour de service n’était pas en meilleur état. Le nouveau curé, qui était et qui a toujours été un homme d’ordre, commença par déblayer l’intérieur et l’extérieur des bâtiments, de tout ce qui était étranger à leur destination.
En même temps le curé de Pioussay travaillait à ce champ spirituel des âmes auquel, très probablement, l’absence de prêtre résident n’avait pas été moins nuisible qu’au jardin de la cure. Pendant plusieurs semaines, un mois ordinairement, le curé n’aura ni trève, ni repos; tous les jours et une partie des nuits seront absorbés dans la préparation des fêtes, la combinaison des exercices et la mise en oeuvre de tous les moyens pour préparer à la prédication des missionnaires les saintes conquêtes, qui sont le fruit ambitionné de cette entreprise.
A la mort de M. Magné, curé de Hanc, en 1867, il fut chargé du service de la paroisse de Bouin, ce qui, pour ne parler que du dimanche, lui imposait un parcours de dix kilomètres avant sa Grand’Messe de Pioussay. En 1871, il dut accepter la même charge à Lorigné, paroisse très étendue, dont certains hameaux sont éloignés de quatre lieues du presbytère de Pioussay. Or en cette année 1871, une épidémie de petite vérole sévit cruellement dans cette région, et l’abbé Granier, dans l’espace de douze mois, eut à faire 45 enterrements dans chacune de ces deux paroisses.
A Pioussay, Le jardin du presbytère est vaste, il fut entouré de murs par les soins de l’abbé Granier ; c’est lui qui le cultivait, et avec un goût et une entente qui l’aurait fait prendre pour un spécialiste en ce genre. Il planta des treilles qui fournirent longtemps une ample récolte, tellement que sa réputation de viticulteur était devenue proverbiale dans la paroisse.
En même temps, d’importantes réparations furent faites à l’église. Par ses soins les fenêtres, auparavant délabrées, furent garnies de vitraux peints et un beau Chemin de Croix en relief orna les murs de la maison de Dieu, en retraçant sous les yeux des fidèles les stations de la voie douloureuse.
Il entretint de bonnes relations avec les curés des environs, de la Forêt-de-Tessé et de la Madeleine, de Bouin et Ardilleux.
Le curé guérisseur
Guérisseur, il le fut, mais il ne commença pas par là. Mais, le soin des malades a été le point de départ de sa grande réputation. Sa réputation de guérisseur se fit insensiblement, à son insu, et à l’insu de tout le monde ; chacun s’en aperçut quand la chose fut faite, et il essaya plus d’une fois à s’y dérober.
Les conseils toujours simples et sans prétention de M. le Curé avaient le grand mérite d’être très bien compris et d’une merveilleuse facilité d’exécution. On reconnut vite qu’ils étaient efficaces et salutaires. L’épidémie de la petite vérole, qui fit tant de victimes en 1871, obligea le curé de Pioussay à voir un nombre considérable de malades dans les deux paroisses confiées à ses soins. Il fit, à cette occasion, de nombreuses remarques sur les effets variés de la même maladie suivant le tempérament particulier des personnes, et grâce à son esprit si finement observateur, cette pénible année mûrit son expérience et lui valut autant qu’un stage dans un grand hôpital de Paris.
Les habitants de Pioussay ne gardèrent pas pour eux le secret de l’habileté de leur curé. Lorsqu’un cas de guérison devenait plus saillant, plus extraordinaire, il défrayait les conversations dans les rencontres ente amis et connaissances, et bientôt, de proche en proche, on prit l’habitude d’avoir recours au curé de Pioussay.
Quelle réputation ! Il a eu des visiteurs de tous les points de la France : Paris, le Nord, la Bretagne, la Normandie, la Provence, la Gascogne, l’Est, l’Anjou et la Vendée surtout connaissaient le curé de Pioussay. Des Belges, des Espagnols et même des Américains sont venus le voir.
Le concours de visiteurs étrangers commença à prendre une réelle importance vers l’année 1875 ; depuis il alla toujours croissant jusqu’à déverser à Pioussay plus de cent voyageurs par jour. Ils arrivaient à pied, en voitures particulières ou au moyen de divers services à volonté organisés à Chef-Boutonne, à Saint-Saviol et à Ruffec spécialement pour Pioussay.
Pioussay août 1879
Monsieur le Préfet
Le nommé Robineau Pierre, cultivateur au bourg de Pioussay canton de Chef-Boutonne , département des Deux-Sèvres, a l'honneur de vous exposer :
1. Qu'il n'existe ni auberge ni débit de boisson au chef-lieu de la commune de Pioussay qu'il habite.
2. Que cet endroit assez important se trouve à proximité des routes de Chef-Boutonne à Ruffec et de Chaunay à Paizay-Naudouin.
3. Qu'il arrive que des voyageurs ou des marchands se trouvant à Pioussay à des heures avancées, ou par mauvais temps, demeurant sans asile, et qu'ils sont obligés de recourir à la charité publique.
4. Que les habitants du bourg de Pioussay n'ont eux-mêmes aucun lieu de réunion, et qu'il leur est fort difficile de ce procurer le vin, ou autres spiritueux, dont ils peuvent quelquefois avoir besoin.
En conséquence il vient vous prier, Monsieur le Préfet de vouloir bien l'autoriser à ouvrir une auberge au chef-lieu de la commune de Pioussay de manière qu'il puisse librement fournir aux voyageurs et autres quelconques, gîte, substances alimentaires, vin et autres liqueurs.
Il joint à sa demande, Monsieur le Préfet, l'extrait du casier judiciaire qui le concerne et l'avis de monsieur le maire de la commune de Pioussay.
Avec l'espoir que vous voudrez bien lui accorder l'autorisation qu'il sollicite, Il a l'honneur d'être, Monsieur le Préfet, votre très humble et très dévoué serviteur.
Le demandeur ne sait pas signer.
L'affluence oblige à créer deux hôtels.
Pierre Guienne, qui n'est pas un spécialiste en orthographe, tient outre son livre de "comte" un livret de logeurs et aubergistes, un exemplaire a été paraphé par le commissaire de police de Niort et le maire de Pioussay le 31 janvier 1889. Dommage que nous ne possédions pas les registres précédents.
Ce registre doit être tenu réglementairement.
Formalités. Obligations.
Les logeurs et aubergistes devront inscrire, jour par jour, et sans aucun blanc ni rature, les noms, prénoms, qualités, domicile, dernière demeure de résidence, profession, date d'entrée et de sortie de toute personne qui couchera ou passera même une seule nuit chez eux...
On relève :
Pierre Bordier, 81 ans, marchand de cochons, né à Theil-Rabier, domicile à Lagnate, dernière demeure à Lagnate (17), entré le 2 février 1899, sorti le 3 février 1889.
François Desamis, 54 ans, serrurier, né à Bournezeau, réside à Machecoul (79), dernière demeure à Machecoul (79), entré le 17 février 1889, sorti le 18 février 1889.
Pierre Vivien, 39 ans, cultivateur, né à Asnière, domicile Sainte-Soline (écroit Souline) (79), dernière demeure Sainte-Soline (79), entré le 9 mars 1899, sorti le 10 mars 1889.
Arthur Fraigneau, 36 ans, voyageur de commerce, né à Toutren (?), domicile Ruffec (16), dernière demeure Ruffec (16), entré le 9 mars 1889, sorti le 10 mars 1889.
Gabriel Drouinaud, 49 ans, voiturier, né à Ballans (17), réside à Ballans, dernière demeure Ballans, entré le (? au soir) 1889, sorti le 6 (?) au matin 1889.
Ch. Barbarit, 52 ans, voyageur de commerce, né à Bergerac, domicile Bergerac, dernière demeure Chef-Boutonne, entré le 5 juin 1889, sorti le 6 juin 1889.
P. Naud, 52 ans, cultivateur, né à Mesnac, réside à Mesnac, dernière demeure à Mesnac, entré le 17 août 1889, sorti le 18 août 1889.
Léon Dupuis, 17 ans, voyageur de commerce, né à Celles, réside à Celles, dernière demeure Couture, entré le 17 octobre 1889, sorti le 18 octobre 1889.
Jean Pinaud, 58 ans, bastier, né à Saint-Gervais, réside à Parzac, dernière demeure à Parzac, entré le 9 novembre 1889, sorti le 10 novembre 1889.
Germain Pinaud, 17 ans, cultivateur, né à Saint-Gervais, domicile Saint-Gervais, entré le 9 novembre 1889, sorti le 10 novembre 1889.
Baptiste Cazeaux, 27 ans, marchand, né à Ustons (?), domicile Pouteaute (?), entré le 29 sorti le 30 (on ne sait pas le mois.
Pierre Pineau, 25 ans, cultivateur, né à Celles-Lévécault, réside à Jarillière, dernière demeure à Cloué, entré le 3 février 1890, sorti le 4 février 1890.
Louis Guiennes, 67 ans, cultivateur, né à cloué, domicile Braude, dernière demeure Cloué, entré le 3 février 1890, sorti le 4 février 1890.
Jean Bernard (accompagné de 2 personnes), 33 ans, marchand, né à Bagnols, réside à Bagnols, dernière demeure Villefagnan, entré le 20 mars 1890, sorti le 22 mars 1890.
Auguste Chaigneau, 30 ans, boucher, né à Montaigu, réside à Montaigu, dernier domicile Montaigu, entré le 4 mai 1890, sorti le 5 mai 1890.
François Philippe, 48 ans, cultivateur, né à la Roche-Emard (?), réside à La Roche-Emar, dernière résidence (?), entré le 30 juin 1890, sorti le 30 juin 1890.
Eugène Tailler, 15 ans, cultivateur, né au Breuil-Coiffaud, réside au Breuil-Coiffaud, dernière demeure Villemanan (79), entré le 18 juin 1890, sorti le 19 juin 1890.
Guide des chemins de fer, vers 1890.
Dernières années
L’amnistie Lemire, en faveur des ecclésiastiques frappés de suspension de traitement, avait fait cesser à Pioussay ce que tous appelaient une injustice. Monsieur le curé ne fut pas celui qui sortit moindri de cette affaire. Sa réputation en avait été accrue, et le courant des visites prenait les proportions des années les plus brillantes. Cependant, les familiers de l’abbé Granier remarquaient avec inquiétude que son énergie, toujours la même, était parfois trahie par les forces. Il avait rêvé, quand il ne pourrait plus accomplir suffisamment son ministère paroissial, de se retirer à Blanzay, près de sa famille.
Les neveux que le curé de Pioussay avait instruits lui-même.
De gauche à droite :
- Basile, médecin à Blanzay;
- Albert, curé à Fontaine-le-Comte (86;
- Alexis, agriculteur à Blanzay.
Note : Albert Granier sera curé de Fontaine-le-Comte (86) de 1895 à 1935. Il est mort à 72 ans le 9 novembre 1938 à Blanzay où il s'était retiré le 1er mars 1935. Il était le fils de Charles Granier et Mathilde Montjean.
Gazette des Deux–Sèvres
PIOUSSAY le 31 décembre 1898
Mort subite
Mme GOUDEAU, de Gourgé près de Parthenay, était venue lundi à Pioussay, pour consulter l’empirique et célèbre de l’endroit, lorsque, étant entrée chez le sacristain pour se réchauffer, elle fut prise soudain d’un tremblement et ne tarda pas à rendre le dernier soupir.
M. le docteur Laffite, appelé en toute hâte, ne put que constater le décès.
La défunte était âgée de 32 ans et laisse deux enfants en bas âge.
Le curé fatigue Depuis plusieurs années, ses jambes emflées ne lui permettaient plus de dépasser à pied les limites de sa paroisse. Le 16 octobre 1899, sachant qu’une de ses bonnes paroissiennes malade, au hameau de la Place, désirait lui parler, il entreprit de s’y rendre à pied, malgré que la distance soit de deux kilomètres au moins. Il lui fallut plus de trois heures pour revenir, obligé qu’il était de s’arrêter à chaque pas. En arrivant au presbytère, il tombe comme une masse inerte, et on dut le porter dans sa chambre et l’asseoir dans son fauteuil, la position couchée lui gênant la respiration. Il ne pouvait s’aider lui-même en quoi que ce soit. Il se remit un peu, et comme il n’y avait aucun indice de paralysie, il crut à une simple faiblesse passagère. Son énergie lui cachait un épuisement général, et il continua encore pendant un mois son service paroissial du Dimanche, célébrant la sainte Messe, mais au prix d’une fatigue extrème. Il ne supportait pas facilement la pensée d’avoir recours à un aide. Mais le dimanche 19 novembre, en descendant de l’autel, à la fin de la messe, il tomba de nouveau. Ne pouvant plus se dissimuler son état, et craignant que sa paroisse eut à en souffrir, il résolut de donner sa démission.
Un autre prêtre, Monsieur l’abbé Vernoux, curé d’Ardilleux, vint donc dire la Messe le 3 décembre, 1er dimanche de l’Avent. Ce service étranger, auquel, depuis quarante et un ans, l’abbé Granier n’avait jamais été obligé de recourir, ne fut pas sans l’affecter. Mais il comprit et se soumit, ne songeant qu’à son départ pour Blanzay où il comptait terminer sa carrière.
L'église de Blanzay, sous la pelouse l'ancien cimetière déplacé dans les années vingt. La Providence en avait disposé autrement.
Le dimanche 17 décembre 1899, le troisième où la messe paroissiale avait été célébrée par un autre que par lui, il rendit doucement son âme à Dieu, vers six heures du soir, entre les bras de sa soeur et des autres membres de sa famille, rassemblés autour du fauteuil où il mourut. Il était dans sa 72ème année, la 48ème de son sacerdoce, et la 41ème de son ministère à Pioussay.
Le Mellois
Pioussay le 20 décembre 1899
Décès
M. l’abbé GRANIER Pierre, le vénérable curé de Pioussay est mort dans la nuit de dimanche a lundi dans sa 72ème année, avec 41 ans de ministère dans la même paroisse et après d’immenses services rendus à une foule de personnes souffrantes, et dans toute la France et même l’Europe .
M. l’abbé Celestin Freton, vicaire de Saint Pierre de Loudun, a été nommé en remplacement de l’abbé Granier.
Les funérailles eurent lieu le mercredi 20 décembre1899.
La terre était couverte d’une neige qu’un demi-dégel transformait en verglas et en eau stagnante : les routes, et surtout les chemins de traverse, étaient extrêmement glissants et difficiles. Malgré cet obstacle, de toutes les paroisses à plusieurs lieues à la ronde, par tous les chemins, des groupes nombreux, lents et tristes arrivaient à Pioussay.
Douze ou quinze cents personnes se trouvèrent réunies dans l’église et aux alentours.
Monsieur l’abbé Collineau, curé doyen de Chef-Boutonne, présidait le service funèbre auquel assistaient M. Cabos, curé de la Madeleine, M. Saby, curé de la Forêt-de-Tessé, M. Gantron, curé de Couture-d’Argenson, M. Bouteiller, curé de Javarzay, M. L. Marais, curé de Bouin, M. Mercier, curé de Gournay, M. Michaud, curé de Tillou, M. Rabi, curé d’Aubigné, M. Vernoux, curé d’Ardilleux.
Source : Livre d'or du curé de Pioussay, F. Le Gallois, le 15 mai 1900.
Le curé Granier fut inhumé à Pioussay puis transféré à Blanzay.
Le 11 mars 1909, sous la surveillance de Pierre Foucher, garde-champêtre de la commune de Pioussay, accompagné d'Alexis et Basile Granier, neveux de feu Pierre Granier, ce dernier était exhumé. Le cerceuil en chêne et encore en bon état a permis son transport tel quel dans un camion conduit par les deux neveux jusqu'à Blanzay.
Le curé Granier partage sa tombe avec son neveu Albert Granier, décédé à Blanzay le 9 novembre 1938 à l'âge de 71 ans, curé de Fontaine-le-Comte (86 de 1895 à 1935. La tombe définitive de l'abbé Granier à Blanzay (86).