Analyses et extraits du chartrier de Loubigné
suivi de la monographie de cette commune
La communication des papiers de la seigneurie de Loubigné, arrière fief du marquisat de Chef-Boutonne, m’a été accordée, l’an passé, d’une façon très bienveillante, par le propriétaire actuel de ce domaine, et je l’en remercie avant tout. Sans avoir un intérêt de premier ordre, celui qu’aurait par exemple le trésor de la famille d’Estissac, surtout au temps de Rabelais, le chartrier est curieux. Il n’est pas si fréquent de trouver en Poitou un ensemble de titres ayant suivi leur terre ; pas si commun encore de les rencontrer commençant au XIIIe siècle (1264), et remontant la filiation des possesseurs, par dessus les guerres protestantes jusqu’avant la domination anglaise (1349) ; et il est rare tout à fait de découvrir, en dehors et au dessus des filiations généalogiques, des renseignements territoriaux, quelques détails plus généraux d’histoire et même de littérature. Je m’explique sur ces derniers mots dont il ne faudrait pas exagérer la portée.
La Roche du Montet, qui est un Bosquevert, second mari de Marguerite Savatte, dame de Loubigné, a été attaché presque toute sa vie, et sous différents titres, au duc de La Rochefoucauld et au prince de Marsillac. Tantôt il les suit à la guerre, ou leur enrôle des soldats, ou dirige leur écurie, et à ce titre fait pour Madame la duchesse le marché d’un carrosse ; tantôt il correspond pour eux avec diverses personnes du Châtelier Barlot (1), par exemple, ou l’abbé Esprit (2), l’académicien, lequel plaidait alors pour la possession du prieuré de Loubillé. Non seulement il garde les lettres qu’il reçoit, mais les brouillons de celles qu’il envoie ; il est homme à bonnes fortunes et ses poulets d’amour (3) ont un ton précieux, dont le style n’en contraste que davantage avec certains passages un peu verts. Avec cela il aime la poésie et nous a conservé des vers au moins transcrits par lui, des épigrammes surtout contre le cardinal de Richelieu, qu’il semble ne pas trop aimer. Voilà pour la littérature. Pour l’histoire, Pierre de La Couture Renom (4), premier mari de la même Marguerite, a été élevé avec les deux Biron, et le frère du favori décapité de Henri IV lui écrit parfois de la guerre des lettres intéressantes. L’épitaphe du dit La Couture, bien qu’incomplètement assez mal conçue, indique assez sa vie pour mériter du reste d’être ici reproduite.
VIATOR, FLORA ET ORA
(Si nos) Petri de La Cousture Renom Equitis corpus solo dolemus condi, ani(mam) (cœlo) frui gaudemus. Si genus qæris ; ex antiquissimà inter Lemovicenses (famil)iâ fuit. Si prima vitæ studia ; cum utroque Bironio educatus, maximam….tis laudem tulit. Si animi generositatem, et in arte militari peritiam ; xv (annis) …mo a Bironio Duce Majori vexillo donatus est. Si Fortunam ; Loubiniac …ntiæ (quæ ut in insignibus ita in canoribus crucem habet) matrimonio se conjunxit. Si Religionis ardorem ; conjugem cibi non prius junxit quam ipsam matrem que , non longopost, ex hæreticatabe traduxerit ad Christum. Si Mores ; demonstrat Nomen Nobilatem que generis duxisse virtutibus vel ipsa fatetur invidia . Si ætatem ; ad i.v. ætetis annum vitam ipsam traduxit. Si futuri cautionem ; decennem filium D. Jacobi Ayrault sacerdotis in Canonico Jure Doctoris et Loubiniacensis Parochi prudenciæ, acque quinque superstites filia uxoris viduæ Margaritæ Savatæ pietati credidit. Si Fidei probationem, nec non Charitatis perfectionem; ter quotannis Sacrosanctum Missæ sacrificium, circa festum Incarnationis Dni, celebrarie adem que de caussà nummum Parocho perpetui reditus donodonari, tresque simul misturæ modios tribus inter parecianorum indigentioribus (partia)ri voluit, decrivit, jussit. Si vitæ clausulam; eadem virtus quæ vitam orna(vit) ornavit et mortem, x. kal Novemb. Anno Salutis M.DC.XXX (III)… non moritur Justus sed post mortem vivit.
Ci-gît La Couture Renom
Qui vivra mort malgré l’envie,
Car la mort lui ôtant la vie,
Lui laissa la fin de son nom.
(Non o)pus est tumulum scriptis decorare superbis
Æternum celebrant Nomen et arma locis.
I.A.D.D…..Ætern…
J’ai copié cette épitaphe (dit l'auteur), œuvre probablement de Jacques Ayrault, curé de Loubigné, protégé du défunt, sur un papier qui porte encore les traces malencontreuses du mur auquel il fut collé. Peut-être n’a-t-elle pas eu d’autre publicité ? Mais n’ayant jamais vu Loubigné, je n’ai pu m’en assurer et je n’en sais pas davantage.
(1) Seigneurs du Châtelier Barlot ( ou Chastelier Barlot) le Poiré sur Velluire (Vendée).
(2) Jacques Esprit, dit l’abbé Esprit, bien qu’il ne fut jamais prêtre, né le 22 octobre 1611 à Béziers, décédé le 11 juin 1677 à Béziers, moraliste et homme de lettres français.
(3) Billet de galanterie.
(4) Seigneur de la Couture Renon à Blond, près Mortemart (Haute-Vienne).
Antoine de La Faye et Jean, son oncle, plus anciens seigneurs du même lieu, méritent d’être mentionnés aussi : le second, pour avoir, sous Louis XII, pris part aux guerres d’Italie ; le premier, pour avoir aidé à lever, en 1529, la rançon de François 1er à Niort ; tous les deux, pour avoir tué en rixe, près du village de La Bataille, un maçon du pays, meurtre pour lequel ils obtinrent du même roi, l’année 1516, une lettre de rémission. Ce sont ces derniers documents sur ces deux personnages, que je veux publier ou compléter ici. J’y ajouterai seulement quelques notes généalogiques et une pièce concernant Louis de La Faye, frère de Jean, lequel, en 1542, commandait pour le Roi cent lances et trois cents hommes.
Généalogie La Faye : http://jm.ouvrard.pagesperso-orange.fr/armor/fami/l/lafaye.htm
Louis et Jean de la Faye, susdits, étaient, avec leurs quatre sœurs, Catherine, Antoinette, Agnès et Marguerite, les enfants de Guillaume de la Faye, époux de Cécile Turpin. Ils constituent un quatrième degré de filiation suivie, dont leur père fait le troisième avec Fleurie, sa soeur, laquelle épousa Jean Vigier, écuyer, seigneur de Bouteville. La famille en a huit, dont six complets, d’après les documents.
Le second est alors Guillaume, père des précédents, marié à Marguerite Prévost, fille de Guillem Prévost, écuyer, et de Catherine de Sensac, demoiselle. Ce Guillaume, eut un frère du nom de Jean. Quant au premier, c’est encore un Guillaume, premier seigneur de Loubigné, nommé au chartrier. Il eut pour femme Jeanne de la Tour, et était mort avant 1417. Ce doit être lui qui prit, le 8 avril 1390, la tutelle de ses neveux ; Jeanne de La Faye, fille de Pierre, Sieur de Saint Maixent, et de Jeanne de Peyré, défunts, et Jean de La Faye, fils de Poinson de La Faye, dit Saint Maixent, et de Marie Vigière, dont Pierre avait déjà la tutelle avant sa mort.
En remontant à la Toussaint 1369, Guillaume et Jean de La Faye, frères, comparaissent contradictoirement avec Jean de Vars à la prévôté de Ruffec, pour régler le prix d’une vente, et, le 2 septembre 1349 Guy Turpin de Crissé, sénéchal de Poitou et Limousin, condamne Pierre, alias Saint Maixent, à restituer partie des terres par lui saisies, pour droit de fief, sur une veuve.
En redescendant, au contraire, Louis de La Faye (4e degré) eut d’Agnèe Richarde trois enfants : Perrette, épouse de François Offroy ; Marie, femme de Raymond Guillochier, et Antoine, qui se maria avec Anne d’Orfeuille, de la maison de Foucault, d’où trois garçons : François, Louis, Jean. François, l’aîné, de son alliance avec Marguerite Vasselot d’Annemarie, n’eut qu’une fille, Renée, laquelle, par son mariage avec Jacques Savatte, écuyer, seigneur de Beaulieu, porta la seigneurie dans la maison de Savatte. L’union ultérieure de Marguerite Savatte, fille unique de ce dernier, avec Pierre de La Couture Renom, la fit passer presque immédiatement (1618) dans cette maison de La Couture, originaire du Limousin, mais venue, comme nous l’avons vu, à Chef-Boutonne, à la suite de ducs de Biron. Tel est approximativement et en tant que seigneurs de Loubigné, la généalogie des La Faye. Si quelqu’un a besoin des dates intermédiaires, je les tiens en partie à sa disposition.
Revenons maintenant à nos deux personnages. Le premier document que je vais publier est une lettre écrite d’Italie par Jean de La Faye, à son frère de Loubigné. Elle n’est pas datée, mais la mention du projet de mariage entre Claude de France et Charles Quint me la fait reporter aux environs de 1504. Aussi, bien qu’elle n’ait pas un intérêt très général, son ancienneté relative la rend-elle un peu curieuse ; et puis, s’il est permis dans un écrit à demi sérieux d’émettre une idée plus légère, je trouve amusantes à lire les formules, presque analogues à celles des soldats actuels, qu’emploie l’archer de 1504 pour demander à ses parents les mêmes choses : l’état de leur santé, un cheval, de l’argent. Être obligé, ayant perdu son cheval de guerre, chose alors si chère et si rare, d’en envoyer chercher un de Quiers (Piémont) à Loubigné, et attendre pour être remonté, le retour de son messager, devait être une chose assez triste et longue. En cela, comme en autres faits analogues, avec le temps et la facilité des communications, il s’est opéré des progrès, et je le comprends bien, l’analogie ne va pas loin ; mais elle existe dans les termes au moins, et pour cela l’esprit humain n’a pas autant changé qu’on pourrait croire.
A Monsieur de Loubigné, à Loubigné
Mon frère, je demeure un peu longuement sans vous écrire de mes nouvelles, mais je vous prie d’en être point marri (de marrir : triste, contrarié) ; car je vous assure que ce n’a point été faute de bonne volonté que j’ai en votre endroit, mais cela a été que j’espérais toujours m’en aller ; mais il faut par force que je sois toujours piémontais parce que j’espère être promu gendarme à la revue d’octobre qui n’est pas encore faite et ne se fera que après Noël, et si je m’en fusse allé, je n’eusse pas été promu et je puis être aussi été cassé de ma place d’archer, de quoi je serais bien marri, car en ce pays il n’est autre bruit que l’on espère tous les jours la paix ou la trêve, car il y a ambassade en pays depuis huit jours. Il est passé un cardinal de la part du pape qui s’en va en poste. A la cour est dit qu’il en est allé un autre vers le fils de l’empereur ; et l’on dit que celui qui s’en va trouver le roi lui porter nouvelle de marier sa fille avec le fils de l’empereur qui est le roi d’Espagne. Si cela se peut faire, c’est pour avoir longuement la paix, aussi c’est la condition que le roi renonce au pays de Naples et au duché de Milan ; et cela fait je serai bien aise, car j’espère de ne partir jamais du Piémont que je ne sois gendarme car ce me serait un grand bien en temps de paix. Mon frère, je vous veux bien aussi mander (demander, mais aussi envoyer, déclarer) de mes nouvelles, vous assurant que je ne fus jamais en meilleure santé que je suis maintenant de ma personne, et je prie celui qui peut toutes choses que vous et votre bonne compagne soyez en aussi bonne santé et qu’il lui plaise vous y maintenir. Je suis marri que je ne m’en puis aller pour vous voir et pour vous faire plaisir et service et pour mettre ordre en nos affaires. Je vous supplie, mon frère, de m’exempter s’il vous plait, et de faire pour cette année comme nous avons accoutumé et de laisser jouir à mon beau-père, et en ce faisant, vous m’obligerez ; au reste, je m’en remets à votre bonne volonté de vous et de mon beau père et de ce que vous en accorderez avec nos bons amis. Après vous avoir écrit de mes bonnes nouvelles, je suis contraint de vous mander la perte que j’ai faite, c’est que j’ai perdu mon roussin (cheval entier) qui m’est un grand mal maintenant, encore qu’il ne valut pas guère, mais voyant le bruit qui court et l’espérance que nous avons de la paix, car maintenant je ne suis pas monté pour pourchasser une place de gendarme et je ne sais plus que faire, si ce n’est de me retirer vers mes amis et de les prier tous d’avoir pitié de moi et de me secourir en ma nécessité et affaires.
Mon frère, puisque maintenant il me faut employer tous mes amis, si faut-il encore que je craigne fort de ne pas trop vous importuner et que jamais je ne vous pourrai satisfaire aux peines que je vous ai toujours données et donne tous les jours, si ce n’est que je vous puisse rendre ce que(vous) m’aurez prêté et de toute ma vie m’obliger à vous faire service et vous rendre l’obéissance et devoir en quoi je vous suis tenu et plus s’il m’est possible. Et il me faut premièrement adresser en votre endroit comme à celui que j’estime de tous le plus parfait de mes amis, pour vous prier de me secourir en ma nécessité et de remontrer à mon oncle monsieur de Plassay comment j’ai perdu mon cheval et que je le supplie très affectueusement de penser à moi et me retenir toute ma vie son humble neveu et son obéissant serviteur et qu’il lui plaise me secourir de quelque cheval ou de quelque argent pour en acheter un ; et ce faisant, il m’obligera à toute ma vie lui faire service ; et mon frère, si par fortune vous n’en pouvez rien avoir de lui, je vous supplie de trouver quelque autre moyen, s’il vous est possible, avec nos amis, et si avez encore votre roussin accoutumé et que vous vous en puissiez passer, puisque en avez d’autres, et si vous voyez qu’il me puisse servir, je vous supplie de me l’envoyer et je le vous paierai, le plus tôt qu’il me sera possible, à prix raisonnable. Si vous ne l’avez (plus), je vous prie si le basque de Javarzay a encore le sien, de faire envers monsieur de Plassay, s’il ne le voulait payer tout, qu’il en paya pour le moins la moitié et que vous fissiez tant envers le basque que de le pouvoir avoir et je lui paierai l’autre moitié et lui paierai plus tôt l’intérêt de son argent qui lui restait. Et si ne pouvez avoir celui-là, savoir si monsieur de Pamproux a encore les siens et faire avec monsieur de Luché et nous autres bons amis qui y ont crédit, que de m’en pouvoir retrouver un, ou de quelqu’un de nos amis qui en ont, les priez qu’ils aient pitié de moi, Mon frère, vous entendent, cela mieux que je ne le pourrais écrire ; je vous supplie d’avoir pitié de moi et si avez volonté de me secourir, de prendre la peine de faire un peu diligence, car je vous envoie mon valet exprès afin qu’il soit de retour par deçà un peu avant la moitié de janvier qui se fera avant la fin de mars.
Si mon oncle me voulait envoyer Charlot, il verrait (que) c’est un beau voyage et lui ferait grand bien d’être de compagnie avant la paix, car s’il attend que la paix soit faite, il sera malaisé de retrouver des places, et s’il le veut envoyer vous savez l’équipage qu’il faut, et il serait bon que vous lui mettiez un peu en tête, et vous feriez beaucoup pour moi si vous
priez, mon frère, monsieur de Saint Martin de parler pour moi à monsieur de Plassay. Je donne des lettres à mon valet pour porter à quelqu’un pour voir s’il me pourra recouvrir quelque argent. Je vous supplie, mon frère, me faire ce bien de me donner de vos nouvelles et de votre bonne compagnée (proches, entourage), vous assurant que c’est la chose de ce monde que je désire le plus savoir. Je vous ai écrit par beaucoup de fois, mais je n’ai eu réception tant de bien de savoir de vos nouvelles qu’une seule fois, je vous supplie de m’en donner quand mon homme s’en reviendra et me donner des nouvelles de mes cousins et cousines de Saint-Fleurans (Florent ?). Je suis marri que je ne puis savoir des nouvelles certaines de mon cousin le cadet, car je serais fort marri s’il était mort, me recommandant très humblement à vos bonnes grâces et à celles de ma sœur mademoiselle de Loubigné et de messieurs et de votre bonne compagnée et d’aussi bon cœur comme je prie le Sauveur de tous qu’il vous tienne en la sienne et qu’il vous donne à tous accomplissement de tous vos bons désirs. De cette ville de Quiers en Piémont ce vingtième jour de décembre.
Celui qui est et désire être et à jamais votre bon et obéissant frère et parfait ami :
J. de La Faye
Mon frère si par fortune vous mettez quelque chose pour moi, ou quelqu’un (de) mes amis, ou si vous m’envoyez cheval ou argent, pour toujours mieux l’assurer, je vous envoie un couple de blancs-seings et mettez dedans ce qu’il vous plaira car je me fie en vous.
Vous savez (ce) que c’est, je vous prie de me regarder en pitié.
Touchant le cheval que j’eus de monsieur de Lan, je lui écris et par ces lettres je le pris qu’il me fasse ce bien d’avoir patience et je lui promets de lui payer encore cette année et je crois qu’il attendra encore quelques temps car j’espère (que) paix, ou non, être pour la Toussaint en votre pays.
En 1512, au mois d’août, c’est Louis de La Faye qui sert à son tour sous les ordres de François de Longueville, comte de Dunois, et voici les lettres de ce dernier, datées, l’une de Mont-de-Marsan le dix août, l’autre de Saint-Sever le seize, qui le chargent du logement de diverses compagnies dans les villes du pays de Tursan (Du département des Landes, pays de l’Adour landais, ancienne province de Gascogne).
François, duc de Longueville, comte de Dunois et lieutenant général du Roi et gouverneur en ces pays et duché de Guyenne, à notre cher et bien aimé Louis de La Faye seigneur de Loubigné, salut. Comme nous avons présentement ordonné (de) faire loger en plusieurs et divers lieux du pays de Tursan, les compagnies de Messieurs de Bourbon, marquis de Montferrat, grand M de France, sénéchal d’Armignac et Bouynet, par quoi et pour ordonner et faire le logis des dits gens de guerre soit besoin commettre quelque notable personnage sensé et fiable, vous faisons savoir que, pour la bonne et entière confiance que nous avons de votre personne et de vos sens, suffisance, bonne conduite et diligence, à ces causes et par vertu du pouvoir à nous donné, par le dit seigneur, nous avons commis ordonné et député (fixé), commettons, ordonnons et députons par ces présentes, à faire et établir le logis des dites compagnies. C’est à savoir cents lances de mon dit seigneurs de Bourbon tant vieilles que nouvelles, dont monsieur le bâtard de la Cliècte a la conduite en la ville de Geonne, le village d’Albocant, Saint Bovier, Vielle et Vigons. Item cent lances de mon dit seigneur le marquis de Montferrat au village de Pujant, la ville de Meugron et village de Montault. Item autres cents lances de mon dit seigneur le grand M en la ville de Fagetmau, la ville de Codures et les villages d’Aires et de Bolin. Item XXV lances de mon dit seigneur le sénéchal d’Armignac et XXV du seigneur de Bussy, en la ville de Roman et Pryan et la ville de Caseres, du Vignan et Lavensans. Et les cinquante lances de mon seigneur de Bouynet, en villes de Grenade et Saint Morice et en ces lieux et villes leur faites bailler logis, vivre , ustensiles et autres choses nécessaires et les payant raisonnablement, sans leur souffrir faire aucune pillerie sur le peuple, et à ce faire contraignez et faites contraindre les manans et habitants en les dites villes et lieux dessus dits par toutes voies et manières dessus et en tel cas requises, nonobstant oppositions ou appellations quelconques pour lesquelles nous ne voulons (pas) être différés. De ce faire vous donnons plein pouvoir, autorité, commission et mandement spécial pour ces dites présentes ; mandons et commandons à tous les justiciers officiers et sujets du dit seigneur que vous en ce faisant soit obéit et entendu diligemment. Donné à Mont-de-Marsan, le Xe jour d’août l’an mil Ve et douze.
Signé François et J. Sédille.
(Scellé aux armes de France à la barre de bâtardise.) (Dans un blason, une barre étroite, à l’opposé d’une bande plus large, est souvent employée comme brisure en signe de bâtardise, elle porte aussi le nom de traverse ou de bâton postérieurement accordé, par François 1er , à cause du meurtre qu’ils venaient de commettre en rixe sur la personne de Pierre Brossard, maçon.)
François, duc de Longueville, comte de Dunois et lieutenant général du Roi et gouverneur en ses pays et duché de Guyenne, à Louis de La Faye dit la Jument blanche, salut ; savoir vous faisons que pour la bonne et entière confiance que nous avons en votre personne et de bon sens et suffisance, nous avons commis et commettons pour loger notre compagnie que nouvellement mettons en les lieux plus proches de lieux de Montguilhon, Maucoet et Eaux approchant de Mont de Marsan, et les faites vivre en ordre et police et contraignez les habitants des dits lieux à leur bailler logis, vivres et choses à eux nécessaires, en les payant raisonnablement. De ce faire, nous donnons pouvoir, mandons à tous justiciers, officiers et sujets qu’avons en ce faisant soit obéi. Donné à Saint Sever le XVIe jour d’août l’an mil Ve et douze.
Signé FRANCOIS et J. SEDILLE
(Scellé du sceau aux armes de France, avec la barre de Dunois.)
En 1515, au contraire, nous retrouvons à Loubigné, cachés peut-être, Louis, Jehan et Antoine de La Faye, fils et neveu des précédents, qui parait à leur tour sur la scène. Cela résulte d’arrangements entre les deux premiers, au sujet de la succession de Cécile Turpin leur mère, et aussi de l’enquête contre les deux derniers faite, et de la lettre de rémission à eux.
Je publie l’enquête sur cette affaire et la lettre royale en entier bien qu’elles se répètent parfois, parce qu’elles se complètent l’une l’autre, et que j’ai moins communément trouvé de pareilles enquêtes que les lettres de rémission qui souvent les suivaient et sont transcrites généralement, à Paris, au registre du trésor des chartes, dans la série JJ des archives nationales.
Enquête au sujet du meurtre de Brossard, maçon.
Fait le VIIIe jour de mars l’an mil cinq cents et quatorze (8 mars 1514).
Clément Gaultier, maçon, à présent demeurant à Javarzay et âgé de XVII ans ou environ, dépose par son serment, que le premier lundi de ce présent carême dernier passé, lui qui déposant étant en la compagnie de plusieurs autres maçons au château du dit lieu de Javarzay où ils besognaient de leur métier, il survint un nommé Mathurin Besnard aussi maçon, arriva environ l’heure de neuf heures du matin à la dite demeure, lequel dit au dit déposant et autres maçons qu’il venait de La Bataille et que les sieurs de Loubigné avaient blessé à mort le dit Pierre Brossard. Et tantôt après, fut dit au dit déposant qu’ils étaient deux gentilshommes à cheval devant l’église du dit lieu de Javarzay ; et alors le dit déposant alla voir quels gens c’étaient et le déposant arrivé devant la dite église y trouva et vit le dit déposant Jean de La Faye, écuyer seigneur de Loubigné et Antoine de La Faye, son fils, lesquels envoyèrent quérir la demoiselle de Beauvoir, femme de Jean Vigeon, écuyer seigneur de Beauvoir, laquelle vint parler à eux et lui dirent qu’ils avaient blessé un des maçons qui besognaient au dit château de Javarzay et qu’ils ne savaient s’il en mourrait ou non ; mais que s’il en mourrait qu’il ne leur importait (1) guère et qu’il n’en avait pas tant qu’il en devait avoir et dirent qu’ils lui avaient ôté ses bâtons en disant au dit déposant qu’il les alla quérir. Ce que fit le dit déposant en la compagnie des dits de La Faye père et fils, et s’en alla avec eux jusqu’au dit lieu de Loubigné. Et quand ils furent au dit lieu de Loubigné baillèrent au dit déposant deux épées et un poignard qu’ils disaient avoir ôté au dit feu Brossard et au dit Mathurin Besnard. Et lesquels bâtons le dit déposant apporta jusqu’au dit lieu de Javarzay. Et dit que le dit Brossard mourut au moyen des dits excès, la nuit suivante, environ l’heure de minuit. Et plus n’en dit.
Étienne Drouslin, fils de feu Pierre Drouslin, homme de bras, demeurant à La Bataille et âgé de XX ans ou environ dépose par son serment que le premier lundi de Carême dernier passé, il était au dit lieu de La Bataille en l’hôtel de Micheau Groux, hôtelier, en la compagnie du dit Pierre Brossard et de Mathurin Mesnard, maçons, lesquels déjeunèrent ensemble et quand ils eurent déjeuné, environ l’heure de huit heures du matin, le dit Brossard sortit du dit hôtel et semblablement le dit déposant, lesquels regardaient les champs près du dit lieu de la Bataille, lorsqu’ils aperçurent quatre ou cinq chevaucheurs (cavaliers). Et aperçurent et connurent que c’était les seigneurs de Loubigné. Et alors le dit déposant dit à un nommé Jean Pradeau, sellier, demeurant à Chef-Boutonne que les dits seigneurs de Loubigné lui voulaient mal et qu’il s’en alla d’ici afin qu’ils ne lui fissent dommage ni excès à sa personne, au moyen de quoi s’en alla le dit Pradeau. Et alors l’un d’eux, monté sur un cheval tout embâtonné d’une épée et d’une javeline (épée, fourche de fer), à course de cheval vint tant qu’il peut à travers les dits Brossard, Besnard et déposant. Et quand il fut près d’eux, les regarda et quand il les eut aperçu s’en retourna aux autres chevaucheurs tant courant sur son cheval qu’il peut.
Et incontinent (sur le champ) qu’il fut un peu avec eux, tirèrent chacun leur épée et vinrent tant courant qu’ils purent, à l’encontre des dits Brossard, Besnard et déposant.
(1) chailloit :du vieux français chaloir.
En ce que voyant les dits Brossard et Besnard en disant qu’ils les auraient et qu’ils les trouveraient bien en jurant le sang dieu et la mort dieu qu’ils les tueraient. Et deux des dits chevaucheurs descendirent de cheval et entrèrent au dit hôtel du dit Micheau Groux, pour chercher les dits Brossard et Besnard. Et de première venue ne les peuvent trouver au moyen de quoi le dit déposant ouït comme ils menaient un grand bruit. Quoi voyant le dit déposant s’en alla et fuit au dit bourg de la Bataille. Et tantôt après survint au dit lieu et place où était le dit déposant un messire André Plastreau, prêtre, demeurant au dit lieu de la Bataille, l’un des dits chevaucheurs, lequel cherchait le dit Pradeau, sellier, auquel un homme de labeur dit, présent le dit déposant, que ses compagnons en avaient trouvé un et qu’ils l’avaient battu et blessé. Et alors le dit chevaucheur retourna à l’hôtel du dit Micheau Groux, auquel hôtel retourna semblablement le dit déposant et vit et aperçut comme le dit Brossard était blessé et avait un coup d’épée par le côté senestre, comme lui semble, par lequel sortait les boyaux et en était grande effusion de sang. Et alors l’un des dits chevaucheurs envoya le dit déposant quérir le barbier du dit lieu de Javarzay pour et afin qu’il alla panser le dit Brossard, lequel le dit déposant trouva en chemin par lequel l’on va de Javarzay à Saint Jean. Et lui dit que les dits chevaucheurs lui mandaient qu’il alla panser le dit Brossard, ce que différa faire le barbier, parce qu’il disait qu’il allait à Saint-Jean, où il avait affaire. Et alors le dit déposant retourna au dit lieu de La Bataille dire aux dits chevaucheurs que le dit barbier s’en allait à Saint-Jean et qu’il n’avait pas voulu aller panser le dit Brossard. Au moyen de quoi l’un d’eux courut sur son cheval au devant du dit barbier et l’amena au dit lieu de La Bataille. Et quand il fut arrivé, il visita le dit Brossard à la requête des dits chevaucheurs, (sic) parce qu’il n’avait pas avec lui et était l’un d’eux vint au dit lieu de Javarzay sur son cheval tant qu’il peut. Et dit que, au moyen des dits excès et blessures, le dit Brossard mourut la nuit suivante. Interrogé quels gens étaient les dits chevaucheurs et s’il les connaît , dit que non et ne sait pas qui ils sont parce qu’il n’a qu’un quarteron d’an (un trimestre) ou environ qu’il demeure au dit lieu de La Bataille ; me dit qu’il ouït bien dire plusieurs du dit lieu de La Bataille que c’était les seigneurs de Loubigné. Et plus n’en dit hors qu’il dit après que le dit Brossard fut blessé il fut retiré de l’hôtel du dit Micheau Groux. Et alors que la femme du dit Groux dit aux dits chevaucheurs telles paroles ou semblables : «Ha monseigneur, ce pauvre homme est mort, j’ai grand peur qu’il trépasse en ma maison». Et alors l’un d’eux lui fait telle ou semblable réponse : «Par le sang dieu, il ne m’en chaut ou pas qu’il mourra, ôtez lui sa robe et lui faite bien payer son écot et ce qu’il a dépensé». Aussi le dit déposant comme les dits chevaucheurs emportèrent les épées et bâton du dit Brossard et du dit Besnard.
Pernelle de Lezay, femme de Laurent Dabillaud, hôtelier, demeurant à La Bataille, âgée de LV ans environ, dit et dépose par son serment que lundi dernier eut huit jours, environ heure de huit heures le matin, elle étant à Pilliers près le dit lieu de La Bataille où elle lavait sa bugée (lessive), il y fut un bruit que l’on disait que l’un des maçons qui besognaient au château de Javarzay avait été blessé et alors se mit en chemin pour aller aux maisons du dit lieu de Pilliers pour voir qui c’était ; arrivée aux dites maisons elle y trouva le dit Brossard blessé et avait un grand coup d’épée par le ventre et après qu’elle l’eut visité elle sortit du dit hôtel et rencontra à la porte du dit hôtel un nommé Antoine de La Faye, Jean de La Faye, lesquels étaient accompagnés d’un autre gentilhomme monté sur un cheval, de la dite déposante inconnu, lequel homme inconnu demanda à la dite déposante que le dit Brossard était fort blessé et malade, laquelle lui fit réponse que à son avis il était en grand danger de mort. Et dit que le dit Brossard mourut la nuit suivante environ heure de minuit, et la dite déposante aida à le ensuairir (Ensuairer : envelopper d’un linceul). Et plus n’en dit.
Mathurin Groux, tisserand en toiles, demeurant à Pilliers, paroisse de la Bataille, âgé de XX ans ou environ, déposant par son serment que lundi dernier, il y a huit jours, vers le matin, il était à l’hôtel de Micheau Groux, frère du dit déposant et auquel celui déposant fait son habitation avec les dits Brossard, Besnard et Pradeau qui y déjeunaient. Et après qu’ils eurent déjeuné, celui déposant vit par les champs, Antoine de La Faye, Petit Jean de La Faye, son oncle, et trois autres en leur compagnie, et tous à cheval, et comme l’un d’eux vint courant jusqu’au devant de l’hôtel de son dit frère et puis s’en retourna à ses compagnons. Et tout en continuant qu’il fut retourné, vit comme ils tirèrent leurs épées, s’en vinrent courant sur leurs chevaux droit à l’hôtel de son dit frère. Et alors le dit Pradeau s’enfuit par les champs. Et les dits Brossard et Besnard eux se retirèrent à l’hôtel du dit Groux où ils se cachèrent, et après que les dits de La Faye et complices furent arrivés, cherchèrent autour du dit hôtel, et voyant qu’ils ne trouvaient aucun, entrèrent au dit hôtel le dit Antoine de La Faye et un autre, ayant leurs épées tirées auquel hôtel étaient cachés les dits Brossard et Besnard lesquels ils ne purent trouver ; au moyen de quoi ils s’en sortirent en jurant et reniant Dieu qu’ils les trouveraient bien, en les menaçant de tuer, et disant qu’ils mettraient le feu au dit hôtel et les feraient brûler. Et alors le dit déposant et son dit frère ayant peur qu’ils fassent brûler leur dite maison, firent sortir hors d’elle les dits Brossard et Besnard, et eux sortis fermèrent la dite maison sur eux. Et tantôt après le dit déposant ouït que l’on disait que le dit Brossard avait été blessé à mort. Et à cette cause lui qui déposait ouvrit la dite porte du dit hôtel et aperçoit comme le dit Brossard avait été blessé par le ventre. Et ouït comme Anthoine de La Faye, Petit Jean de La Faye donnèrent charge au barbier qu’ils envoyèrent quérir, qu’il pensa bien le dit Brossard, aussi comme ils disaient à l’hôtel du dit Groux que celui-ci Brossard fut bien traité et qu’ils paieraient le tout, dit aussi que le dit Brossard mourut au moyen des dits excès la nuit suivante. Et plus n’en dit.
Michelle Grousse, femme de Pierre Drouslin, homme de bras, âgée de XXX ans ou environ, dépose par son serment avoir vu les dits gens à cheval, mais ne sait pas qui ils sont, vit comme l’un d’eux étant à cheval estoqua le dit Brossard, et ouit … le dit Brossard qui s’écriait qu’il était mort en disant à un des dites gens à cheval : «Monseigneur vous m’avez tué, je suis mort, rendez moi mon épée». Aussi dit que le dit Brossard mourut la nuit suivante, ouït comme l’un d’eux donna charge au barbier de le panser, aussi donna charge à l’hôte de le traiter et qu’il paierai le tout à ses dépens. Et plus n’en dit.
Jeanne Michelle, femme de Micheau Groux, maçon, demeurant à Pilliers, paroisse de la Bataille, âgée de XX ans ou environ, dépose par son serment, dit qu’elle vit quatre ou cinq hommes à cheval qui arrivaient devant son hôtel, mais qui ils sont ne sait ; les vit comme ils se battaient et par-dessus vit comme Mathurin Groux témoin précédent. Et plus n’en dit.
Michelle Michelette, femme de Mathurin Groux, tisserand, demeurant à Pilliers, paroisse de La Bataille, âgée de XIX ans ou environ, dépose en tout et partout comme sa sœur ; dit qu’elle vit par sa fenêtre comme l’un d’eux estoqua le dit Brossard. Et plus n’en dit.
Messire André Fillaistreau, prêtre, vicaire de La Bataille, âgé de L ans ou environ, dépose in verbo avoir administré et confessé le dit Brossard, mais ne fut aucunement présent quand il fut blessé, mais dit que auparavant ainsi qu’il déposait, allant à la garenne, il vit Petit Jean de La Faye et Antoine, Jean de La Faye et autres leurs complices, lesquels venaient à travers les champs droit à l’hôtel du dit Groux, et vit le déposant comme il menait un grand bruit autour du dit hôtel en demandant : « Où sont-ils ». Et plus n’en dit.
Marie Ruffine, femme de Pascault Fillastreau, demeurant à La Bataille, âgée de XVI ans ou environ, dit qu’elle vit faire et bailler le coup. Et outre vit faire les menaces et vit comme l’un d’eux , et depuis a ouï dire que c’est le dit Antoine de La Faye, donna charge au barbier de panser le dit Brossard et donna aussi charge à l’hôte de le traiter disant qu’il paierait le tout, dépose pareillement de le mort qui fut environ minuit. Et plus n’en dit.
Rémission pour Jean et Antoine de La Faye
François par la grâce de Dieu Roi de France, à tous ceux que ces présentes lettres verront, salut. Savoir faisons, nous avoir reçu l’humble supplication de Jean de La Faye, écuyer, homme d’armes sous la charge du capitaine Bonneval, et Antoine de La Faye, son neveu, contenant que, dès environ le commencement du mois d’août mil cinq cent quatorze, la compagnie du dit Bonneval par notre ordonnance aurait été mise et posée pour tenir garnison en notre pays et comté de Saintonge, pour la tuicion (tuicion, tuition : garde, défense) et garde du dit pays, qui est assis sur frontière, et aurait été le dit Jean de La Faye suppliant mis pour tenir la dite garnison au lieu de Loubillé auquel lieu celui de La Faye, ses gens et serviteurs, ont toujours demeuré et tenu garnison jusqu’à ce que, par notre ordonnance et commandement, les aurions fait marcher pour aller delà les monts comme les autres gens d’armes. Et est ce lieu de Loubillé un beau prieuré dépendant de l’abbaye et moustier (moustier, mostier, mustier : monastère, couvent, église) de Charroux qui est de fondation royale, qui appartient à Guillaume Turpin, religieux de l’ordre Saint Benoît, oncle du dit Jean de La Faye suppliant, lequel de La Faye Turpin, entre ses droits et prééminences, a au dit lieu de Loubillé tout droit de justice, juridiction et ce qui en dépend, avec l’exercice de celle-ci, et pour faire punir les délinquants et malfaiteurs, celui-ci Turpin aurait fait dresser en sa terre un gibet à trois piliers ainsi que ses prédécesseurs avaient accoutumé faire. Et serait advenu que, le vingt cinquième jour du mois de février au dit an (mil) cinq cent quatorze, un nommé Guillaume Pradeau, homme marié lequel est un grand meurtrier, Pierre Brossard et autres jusqu’au nombre de cinq ou six, s’en allèrent au lieu de Villemain, près le dit lieu de Loubillé de demi lieue. Et illecques (illecques : là, en ce lieu) trouvèrent le vicaire du dit lieu auquel par force et violence, ainsi qu’il était dedans l’église, ôtèrent au dit vicaire sa bourse et tout son argent et lui firent plusieurs oppressions (contraintes). Et ce fait, d’ici s’en vinrent passer par le dit lieu de Loubillé en armes et embâtonnés d’épées et autres bâtons. Et après qu’ils eurent bu et mangé s’en allèrent au lieu de Pilliers qui est une hôtellerie champêtre. Et ainsi qu’ils s’en allaient droit au dit lieu de Pilliers passèrent près le gibet du dit Loubillé lequel était tout neuf, et avec leurs épées et autres bâtons qu’ils avaient, ils découpèrent les piliers des dites fourches patibulaires du dit Loubillé et avec les hugers (?) et autres bâtons, s’efforcèrent (de) mettre le dit gibet et fourches patibulaires par terre. Et averti, le dit Jean de La Faye, suppliant, des excès faits et commis par les dits Pradeau, Brossard et autres leurs conseillers et complices, ce de La Faye, par commandement de justice, monta sur son cheval et avec lui un nommé Gastelet, son serviteur, pour les prendre et mettre prisonniers au dit lieu. Et pour ce faire le dit de La Faye suppliant et son dit serviteur s’en allèrent droit au dit lieu de Pilliers et passèrent près les dites fourches patibulaires du dit Loubillé lesquelles ils virent être fort découpées ou aussi comme les avaient essayé de mettre par terre. Et en allant au dit Pilliers passèrent au lieu de la vigne où était le dit Antoine de La Faye aussi suppliant, auquel le dit Jean suppliant fait récit du fait et excès par les susdits délinquants. Et ce fait ces dits suppliants et Gastelet s’en allèrent au dit lieu de Pilliers et eux arrivés demandèrent à Mathurin Groux, hôtelier du dit Pilliers où étaient les ci-dessus dits Brossard, Pradeau et autres leurs complices, lequel Groux leur répondit qu’ils n’étaient point en sa maison, combien que le contraire fut vérité, leur dit ce Groux qu’ils s’en étaient allés, et ainsi qu’ils s’en voulaient retourner, ils furent avertis par aucun que le dit Pradeau, lequel est tel que ci-dessus et coutumier de piller les prêtres et faire plusieurs maléfices, s’en était enfui droit au lieu de La Bataille qui est près le dit lieu de Pilliers. A cette cause, les dits suppliants s’en allèrent droit au dit lieu de la Bataille, pensant prendre le dit Pradeau pour le faire constituer prisonnier et demeura Gastelet près le dit hôtel et maison du dit lieu de Pillier, et tantôt que les dits suppliants furent partis, le dit Brossard lequel avait une épée et un autre de ses complices nommé Mathieu Masson, sortir hors le dit hôtel, et alors le dit Gastelet se voulut adresser à eux pour les faire prendre et constituer prisonniers, pour les mener à justice, en obéissance aux dits commandements à eux faits par la dite justice, mais Brossard et Masson ne se voulurent laisser prendre, ainsi se mirent en défense et même le dit Brossard lequel de son épée voulait frapper le dit Gastelet. Pour à quoi obvier, Gastelet se rua à l’encontre du dit Brossard un coup droit de son épée de laquelle par fortune il atteignit le dit Brossard par le ventre, tellement que du dit coup, Brossard par faute de son appareil, pansement ou autrement est allé de vie à trépas. Et depuis le dit Gastelet a satisfait la mère, femme et enfants du dit feu Brossard. Et néanmoins les suppliants se seraient absentés du pays, auquel ni ailleurs en notre royaume, ils n’oseraient bonnement converser, réapparaître ni demeurer, si nos grâce miséricorde et pardon ne leur étaient sur ce impartis, en nous humblement requérant que, attendu ce que dit est que, en tout autres cas ils seraient bien famés (1) et renommés sans jamais avoir été atteint ni convaincu d’aucun autre vilain cas, blâme ou reproche, il nous plaise sur ce nos dites grâces, miséricorde et pardon leur impartir. Pour ce qu’il est, nous avons préférer vouloir considérer miséricorde à rigueur de justice, aux dits suppliants ou cas ci-dessus dits, avons quitté et pardonné et de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, quittons et pardonnons le fait ci-dessus dit, avec toute peine, amende et offense corporelle, criminelle ou civile, en quoi, pour occasion du dit cas, ils pourront être encourus envers nous et justice. Et mettant au néant tout appel, ban, bannissement, procès, procédures, sentences et défauts, aucuns s’en sont ou étaient pour ce ensuivi, et les restituons et remettons à leurs bonnes fames (famé : gloire, renommée) et renommées au pays et leurs biens non confisqués, satisfaction faite à partie civile tant seulement, si faite n’est et cela y échoit. Et sur ce avons imposé et imposons silence perpétuel à notre procureur présent et à venir et à tous autres. Si donnons en mandement par ces mêmes présentes au sénéchal du Poitou ou à son lieutenant , en la juridiction duquel le dit cas est advenu, et à tous nos autres justiciers, officiers ou à leur lieutenant et chacun d’eux, si comme à lui appartiendra, que de nous présenter la grâce, quittance, rémission et pardon, fassent, souffrent et laissent le dit suppliant jouir et user pleinement et paisiblement, sans pour ce lui faire mettre ou donner ni souffrir fait mis ou donné, maintenant et pour le temps à venir, aucun arrêt troublant ou empêchement au contraire en aucune manière, lequel se fait mis ou donné leur avait été ou était, mettent ou fassent mettre incontinent (incontinent : sur le champ) et sans délai à pleine délivrance et au premier être dû. Et témoin de ce avons fait mettre notre sceau à ces dites présentes.Donné à Valence, le XIIIème jour de février l’an de grâce mil cinq cent et quinze et notre règne le deuxième.
Signé sur le rabat : par le roi, à la relation du conseil : Démoulin, et de l’autre côté : Regnault.
Scellé en cire jaune à double queue pendante du grand sceau royal de François 1er, en assez mauvaise conservation.
Avec le même soin qu’ils avaient apporté à recueillir cette lettre de rémission et l’enquête, les ayants cause et successeurs d’Antoine de La Faye conservèrent les pièces de son commissariat pour l’aide de François 1er ; et quand, vers le début du XVIIème siècle, pour l’exemption des tailles, ils eurent à fournir devant M. Malon, conseiller au Parlement, leurs titres de noblesse, ils les y ont fait figurer. Je n’apprends à personne de notre compagnie que le rôle, quant à l’élection de Niort, de cette aide pour la rançon du roi, après Pavie, est conservée encore aux archives de notre département ; et que M. Ravan, dans nos mémoires, en a mis au jour des extraits curieux. Le dossier d’Antoine de La Faye ne fait pas double emploi avec les portions publiées ; au contraire, il en complète les détails ; aussi vais-je en entier le mettre au jour en l’accompagnant de quelques réflexions.
Il résulte d’abord de la lettre qui suit que l’assemblée des nobles de la province de Lusignan ne fut pas l’œuvre spontanée de ces derniers ni de la Trémouille lui-même, mais qu’elle fut provoquée par le roi. Mais une fois l’idée mise au jour de délivrer les fils du roi, détenus comme otages, par un dixième d’impôt sur le revenu des fiefs nobles, elle fut acceptée et mise à exécution sans délai. Ce procédé, et surtout la mesure qui le corrige, rentre bien plus dans notre caractère de Poitevins. Sans avoir grands détails sur l’assemblée de Lusignan, nous voyons en effet par les deux lettres ci-dessous que les seigneurs, craignant pour l’avenir le précèdent, demandèrent des garanties, et que François 1er les leur donnait bien vite.
Voici les lettres :
A mon cousin, le sire de la Trémoille, lieutenant général en Poitou et la Rochelle,
Mon cousin, j’ai entendu par ce que vous m’avez écrit, l’honnêteté de quoi ont usé les nobles du Poitou à vous accorder la demande que leur avez fait de ma part, pour m’aider à la délivrance de mes enfants, de quoi j’ai été et suis demeuré si content et satisfait d’eux qu’il n’est possible de plus ; car par si honnête offre ils montrent bien la bonne volonté amour et affection qu’ils me portent, de quoi je vous prie, mon cousin, les vouloir de ma part bien fort remercier et principalement les gens de bien qui vous ont aider à conduire et guider la chose, les assurant hardiment de ma part que là où ils auront affaire en aucune chose de moi, soit pour eux ou pour les leurs, ils peuvent être sûrs que je mettrai peine de si bien reconnaître la bonne volonté qu’ils montrent par effet me porter, qu’ils n’auront regret d’en avoir fait telle démonstration mais auront bonne grande cause de s’en contenter.
Et quant aux patentes et autres choses dont ils vous ont requis, vous leur pourrez dire que j’ai le tout fait commander en la sorte que vous le demandez. Et vous est le tout envoyé comme vous pourrez voir, car il me semble qu’il n’y a rien qui ne soit très raisonnable. Et sur ce je vous dirai à Dieu, mon cousin, qui vous ait en sa sainte garde. Ecrit à Fontainebleau le IVe jour de décembre mil VXXIX. Ainsi signé : François, au dessous Robertet. Et au dos de celle-ci est écrit : A mon cousin, le sire de la Trémoille, mon lieutenant général en Poitou et la Rochelle.
Signé : Trotereau, pour double collationné à l’original.
François par la grâce de Dieu, Roi de France, à notre très cher et aimé cousin, le sire de la Trémoille, notre lieutenant général et gouverneur en nos pays et comté de Poitou, salut et dilection (affection, tendresse). Comme nous ayons été avertis que les nobles et autres ayants fiefs et arrière fiefs, tenus de nous avec moyens et sans moyens, des dits pays et comté de Poitou nous aient, en suivant la requête que de notre part leur avez faite en la convocation et assemblée naguère tenue à Lusignan, libéralement accordé et offert le dixième du revenu d’une année de leurs dits fiefs et arrières fiefs, par libéralité et don pour cette fois seulement, pour nous aider à payer notre rançon et retrouver nos très chers et très aimés enfants, les dauphin de Vienne et duc d’Orléans à présent tenus otages pour nous en Espagne. Parmi ce que notre bon plaisir fut préalablement déclaré que le dit don et présent ainsi par eux à nous offert ne tournera ni pour maintenant ni pour l’avenir, à aucune conséquence ni préjudice aux privilèges, franchises, libertés et immunités de noblesse et sur ce leur octroyer et faire expédier nos lettres patentes à ce nécessaires. Savoir vous faisons que nous, ce considéré, désirant de tout notre cœur, comme chef et protecteur de la dite noblesse, la maintenir et conserver en tous et chacun ses dits privilèges, franchises et libertés ; pour ces causes et après avoir mis cette matière en délibération de notre conseil secret, nous avons l’avis de celui-ci, en acceptant la dite offre et présent des dits nobles et autres tenants fiefs et arrière fiefs en dit pays et comté de Poitou, dit et déclaré, disons et déclarons par ces présentes, que n’avons jamais entendu et n’entendons que, pour le temps présent ni à venir, celui-ci offre, don et octroi libéral puisse aucunement tourner à conséquence ni déroger aux dits privilèges, franchises, libertés et immunités de la dite noblesse, ainsi voulons et entendons nous et eux être et demeurer en semblable état que nous étions auparavant avant le dit don et octroi et que, suivant ce que je leur avais de par nous remontré et fait entendre, ils soient crus à leur simple serment des deniers qui se recueilleront et proviendront du dit dixième d’un chacun d’eux particulièrement, par ceux qui ont été ou seront commis et députés, sans que, au moyen la dite contribution, les dits nobles et commis soient par après rechargés (donner une charge), molestés ni aucunement empêchés en quelque manière que ce soit. Si nous mandons et enjoignons que cette présente déclaration et contenu ci-dessus vous faites crier et publier en et par tous les lieux, ressorts et sièges de nos dits pays et comté de Poitou. Afin que les dits nobles et autres soient avertis de nos dites déclarations, vouloir et intention et n’en puissent prétendre cause d’ignorance, car tel est notre plaisir. Et pour ce que de ces dites présentes l’on pourra avoir à besogner en plusieurs et divers lieux, nous voulons qu’un vidimus (vidimus : mention indiquant qu’un acte a été collationné sur l’original) de cette foi soit ajouté comme à ce présent original. Donné à Fontainebleau le IIIe jour de décembre l’an de grâce mil cinq cent vingt et neuf et de notre règne le quinzième. Ainsi signé, par le Roi : Robertet et scellé en simple queue de cire jaune.
J. Trotereau, procureur, double collationné à l’original.
La copie de ces lettres, transmises à Loubigné, était accompagnée de la circulaire de la Trémoïlle qui nommait commissaire pour l’élection de Niort, Antoine de La Faye. Cette circulaire la voici :
Monsieur de Loubigné, pieça (pieça : naguère, il y a du temps) le Roi m’a envoyé la déclaration, suivant qu’elle fut demandée par les nobles du Poitou pour l’offre par eux faites, les (re)merciant de la bonne volonté qu’ils lui ont démontrée et à messeigneurs ses enfants, laquelle suivant son vouloir, ai fait publier par tous les ressorts du dit pays de Poitou avec commission pour élire la dite noblesse commissaire dedans quinzaine pour recevoir leurs serments et offre, ainsi qu’il fut conclu à l’assemblée à laquelle quinzaine ne se sont trouvés les dits nobles ni procuration pour eux pour élire et parce que comme (vous) savez fut dit que, en défaut de leur élection, j’y en commettrai, regardant aussi que si diligence ni était faite, serait le retardement de l’affaire du dit Sire et de ses deniers. A cette cause et que j’ai toujours connu l’affection et volonté que (vous) avez de lui faire service, et par spécial au recouvrement de messeigneurs ses enfants, et que la suffisance, vertu et bonne diligence est en vous pour ce faire, ces causes regardées et autres, vous enjoignons de par le dit seigneur et ordonnons pour recevoir, lever et amasser les sommes et deniers du ressort de Niort et la dixième partie des fiefs et arrière fiefs selon leur dite offre. Et avec vous commis le seigneurs des Portes. Dont pour de faire, vous envoie commission, vous priant toute excuse cessant, vouloir mettre à exécution la dite commission avec le susdit de point en point, et que pour le plus tard les deniers soient reçus et amassés dedans le mi-février prochaine. Et à l’heure que (vous) les aurez reçus, m’en avertirez et le susdit auquel pareillement j’ai écrit, pour vous assembler ensemble pour ce faire, le plus tôt que pourrez. Et les mises que vous ferez prendre sur la dite dixième, attendant que le dit seigneur ai ordonné où il se prendra ailleurs. Derechef vous prie ne faillir à faire ce que dessus, car vous savez le grand service que vous ferez au dit seigneur et le contentement qu’il en aura de vous. Dont présentement l’avertit en poste de ce que dessus à cette fin qu’il sache et entende comme son affaire a été conduite, qui sera la fin, priant Dieu, monseigneur de Loubigné vous donner ce que désirez. De l’Isle-bouchard ce XXVIIIème de janvier.
Le tout votre ami : de la Trémoille.
Et à cette fin que (vous) ayez meilleure connaissance de la bonne volonté et contentement que le dit seigneur a de vous, je vous envoie le double de ses lettres patentes, dont est fait mention ci-dessus en votre lettre, avec le double de la lettre qu’il m’en a écrite. Retirez-vous vers les gens du dit seigneur au dit Niort auxquels j’en écrit pour vous faire tout l’aide et secours qu’ils pourront.
Or, et ceci est encore bien topique chez les Poitevins, sinon dans l’humanité toute entière, après avoir été très généreux en assemblée, chacun chercha dans son particulier à ne pas être trop chargé pour le paiement. Et les fonds n’arrivant pas vite, la Trémouille fut obligé de venir en aide à ses agents, en menaçant de la saisie des fiefs ceux qui ne payaient pas. Voici sa lettre aux commissaires, avec l’ordonnance à l’appui, dans laquelle, malgré mon respect pour les textes, j’ai cru nécessaire, pour la compréhension, de corriger un peu les fautes d’orthographe.
Messieurs, j’avais averti le roi comme je vous avais commis à lever la dixième partie des fiefs et arrière fiefs des gentilshommes et autres du ressort de Niort pour ce que vous savait personnages suffisants et en volonté de lui faire service. Le dit seigneur vous écrit des lettres que je vous envoie, je l’ai averti par de la bonne diligence que vous et autres y avez faite, je suppose qu’il vous en écrit derechef. Pour ce vous prie que ce qui reste à payer soit amassé pour le plus tard dans le temps qu’il vous écrit, en fasse de votre part le mieux qu’il vous sera possible pour le service du dit seigneur, lequel a mandé au lieutenant du sénéchal du Poitou, faire saisir las fiefs et arrière fiefs de ceux qui n’ont payé. J’ai mandé en chacun ressort de faire cri en lieu public que, dedans huitaine en publication de cri, ils aient à payer sous peine du dit saisissement, qui est dont ce que je vous puis pour le présent avertir de cette affaire, vous avertissent que de ma part, que si vaines choses qui soient en ma puissance, je le ferai de bien bon cœur , priant Dieu, messieurs, vous donner ce que désire. Écrit à l’Ile-Bouchard, au Vème jour de mars.
Le tout votre bon ami : de la Trimouille.
Comme ainsi soit que les nobles de Poitou et autres tenant fiefs et arrière fiefs aient offert au roi, pour le paiement de sa rançon et recouvrement de messieurs ses enfants, à l’assemblée faite à Lusignan, la dixième partie de leurs dits fiefs et arrière fiefs, selon la coutume du dit pays de Poitou et que, pour recevoir celle-ci, ait été commis aux lieux de Niort et ressort de celui-ci, les seigneurs des Portes et de Loubigné, nous été remontré que la plupart des dits nobles et autres ayant fiefs et arrière fiefs n’ont payé ; à cette cause faisons commandement, de par le dit seigneur, à tous les dits nobles et autres tenant fiefs et arrière fiefs restant à payer, que suivant leur dite offre faite au roi, pour toute provision et délai qu’ils aient à payer et bailler en mains des dits commissaires et de chacun d’eux,la dixième partie de leurs dits fiefs et arrière fiefs tenus et mouvants sous le ressort de Niort et bailliage de celui-ci, huit jours après la publication de ces présentes, sous peine d’être désobéissant au roi ; et en défaut de ce, l’en avertiront pour y pourvoir comme il lui plaira, en mandant au lieutenant du dit Niort faire faire le cri et publication ci-dessus, sans y faire faute. Fait le XXIIIème jour de février l’an mil cinq cent vingt et neuf.
Par commandement de mon dit seigneur : Masoteau.
Les injonctions de la Trémouille ne suffirent pas et bien des personnes s’abstenant encore de payer, on fit comme une enquête, avec l’aide des fabriqueurs collecteurs habituels de l’impôt, et on dressa la liste des récalcitrants. J’ignore par exemple si la poursuite en a été faite et si la procédure fut poussée plus loin. Le don étant tout gracieux, j’imagine que non. Ici je ne puis malgré moi m’empêcher de blâmer l’état des nobles qui ne contient de cette liste que huit noms et six autres qu’on y a joints, mais par erreur. Ou il fallait la donner toute entière, ou bien ne transcrivant, comme on l’a dit, que des extraits, n’en pas parler du tout. Je demande la permission de la reprendre ici textuellement d’après le manuscrit.
NOBLES DÉCLARÉS PAR LES FABRIQUEURS
Par Antoine Dabillon, fabriqueur de la Faye Monjau :
-
Le prieur de la Faye Monjau, duquel François Maboul tient un fief à cause de sa femme.
Par Alexandre Gibouin et Jean Moreau, fabriqueurs de Praheq :
-
Guillaume Tarques,
-
Le seigneur d’Orion à cause d’e la Gâcheterre,
-
Les hoirs (héritiers) de feu André du Vivier,
-
Jean Morice dit Aquin,
-
Guillaume Picard et ses enfants,
-
Jean Prévost, écuyer.
Par Lucas Ajaon, fabriqueur de la Chapelle Themer :
-
Thomas Prevost, écuyer,
-
Jacques de la Dive, écuyer,
-
Louis Prévost, écuyer, seigneur de la Frette,
-
François de la Roche, écuyer,
-
Pierre Roux, écuyer,
-
Jean Dorin, écuyer,
-
N… Gazeau, écuyer,
-
François Gelier, écuyer,
-
Antoine Ortie, écuter,
-
Pierre Deshoulières, écuyer,
-
N… Bigot, écuyer, seigneur de la Girardière,
-
N… Dausseure, assesseur de Poitiers,
-
Mathurin Aymer,
-
N… Audoyer, écuyer,
-
Le prieur de Payré.
Par Jean Lombard et Antoine Contret, fabriqueurs de Romazières :
-
François des Cards, écuyer, seigneur de Romazières,
-
Jean de la Tour, écuyer, seigneur de Cerfx, pour le fief à Pitrac,
-
Hutin Roy, écuyer, pour le fief des Houches.
Par Jean Boudin, fabriqueur de Saint Maixent de Fontaines :
-
Louise de Beaumond, veuve de Louis de Montbron, écuyer, seigneur de Fontaines, pour la châtellenie du dit lieu,
-
Le seigneur de Magné, pour le fief de Magné, en châtellenie de Fontaines,
-
Le seigneur de Barrault, pour le fief de Bassac, en la dite châtellenie,
-
Pierre Bastard et Jean Guillon, pour le fief de la Lesgne
Par Pierre Bobin et Pierre Thomas, procureurs de Cointré :
-
Placide de Toutessain, écuyer, seigneur du dit Cointré,
-
Patrix de Caumont, écuyer, pour la seigneurie de la Chantemerlière, paroisse de Cointré,
-
Les Gauvains de Cointré, pour le fief Gaigne,
-
Les Bobin et Penault et parsonniers (parsonnier :communauté familiale ayant une propriété indivise), pour le fief du Serizier,
-
Thomas Mycault, en même paroisse, pour l’autre fief du Serizier,
-
Pierre de la Place, écuyer, en même paroisse, pour les fiefs de Lyé et de la Préjalière,
Par Jean Ferreau, fabriqueur des Gours, châtellenie de Fontaines,
-
Louis de Monthron, écuyer, seigneur des Gours,
-
Pierre Hélyes, écuyer, et ses parsonniers, pour le fief de la Chaulme,
Par Simon Cherbonneau, fabriqueur de Villiers, châtellenie de Fontaines,
-
Louis de Méricourt, écuyer, et ses parsonniers, pour le fief de Méricourt en dite paroisse,
-
Jean Buffeleschaptz, pour le fief de Champallier, en même paroisse,
Par Jean Gaillard, fabriqueur d’Aulnay,
-
Madame, mère du Roi
-
Maitre Bertrand Fourré, écuyer,
-
Jean Bellin, écuyer,
-
Les héritiers de feu Louis Joslain,
-
Maître Antoine de la Rochechandry,
-
Bernard Bouyer,
Par Mathurin Jarousseau, fabriqueur de Saint Georges de Longepierre,
-
Les héritiers de feu Fançois Gillier, écuyer,
-
François de la Tour, écuyer,
-
Jean Artus, écuyer,
-
Maître Antoine de la Rochechandry,
-
Jean de Lesignac,
-
Le seigneur de Chauvin.
Par Jean Burgault, fabriqueur de Coutures, et Guillaume de Limoges, fabriqueur,
-
Les seigneurs de la Faye à savoir Antoine Berry, Louis et maître Nicoles et Guyon Berry, neveux du dit Louis,
-
François de Bellabre, écuyer,
-
Jeanne de Croizet, demoiselle, veuve de feu Nicolles Primauld,
-
Louis de Barbezières, seigneur d’Estrade,
-
Maître Louis Juillet et maître Pierre Baudouin qui tiennent fiefs et arrière fiefs dans la paroisse,
Par Michel Perdrial, fabriqueur de Vinax, vicomté d’Aulnay,
-
Louis de Félix, écuyer,
-
Le seigneur de Ribemont,
Par Louis Benet, fabriqueur de Salles, vicomté d’Aulnay :
-
Benest Dollebeau et ses parsonniers.
Par Colas Deslandes, fabriqueur de Saint Martin de Juillé, vicomté d’Aulnay :
-
Jean de la Magdeleine, écuyer, seigneur du Breuil Meslemault.
Par François Martin, fabriqueur de Pallé, vicomté d’Aulnay :
-
Louise de la Rochebeaucourt, demoiselle,
-
Pierre Brun, écuyer,
-
Demoiselle Marie de la Magdelenne,
-
Le seigneur de Toucherolle,
-
Le seigneur de Valladin,
-
Le seigneur de Chantemerlière.
Par Étienne Morin, fabriqueur de Cherbonnières, vicomté d’Aulnay :
-
Louis de Ponthieux, écuyer, seigneur de Grant Fief,
-
Patrix de Cumont, écuyer,
-
Le seigneur d’Augres,
-
Guillaume Corbin et ses parsonniers.
Par Jean Justin, fabriqueur d’Asnières, vicomté d’Aulnay :
-
La dame de Chiefvoultonne (Chef Boutonne)
-
Jean de Vezin, meunier,
-
Mery de Vezin,
-
Antoine de Vezin,
-
Jean Jourdain,
-
Collin Guenault.
Par Guillon Rechin et Henri Rousseau, fabriqueurs de Nuaillé, vicomté d’Aulnay :
-
Jean de Lezignac, écuyer, seigneur de Conguyon,
-
Le seigneur de Rebemont,
-
Maître Antoine de la Roche Chandry, chr
Par Jacques Arnauld, fabriqueur de Paizay le Chapt :
-
Louis Fradin, écuyer, et ses parsonniers,
-
La demoiselle de Limor,
-
Messire Louis Main, prêtre,
-
André Raoullet,
Par Thomas Lambert, fabriqueur de Saint Brix, dit Saint Mandé :
-
Louis Dubois, écuyer, seigneur des Portes,
-
Pierre Fromentin,
-
Morice Gervais.
Par François Rimbault et Guillaume Gaultier, fabriqueurs de Fors :
-
Le seigneur de la Chauvinière,
-
Huguet Bizars,
-
Les Charruyers,
-
François Garnault,
-
Le seigneur de Nouzère.
Par Berthommé Mousset, fabriqueur de la Villedieu d’Aulnay :
-
La demoiselle de Ville Morin, pour le fief d’Arvelong,
-
Le seigneur de la Bigoterie de Niort, pour le grand fief,
-
Antoine Cherpentier, pour le fief Boucard.
Par les fabriqueurs de Notre-Dame de Celles :
-
Les seigneurs de Moujatterie, pour une place à la Revetizon, paroisse de Celles,
-
Le seigneur de la Chambre de Melle, pour une place tenant noblement à la moumue.
Par Jean Daniau, fabriqueur de Ville Morin, vicomté d’Aulnay :
-
Placide de Toutessain, écuyer,
-
Louis de Felix,
-
Pierre de la Place, seigneur de Saint Méard,
-
Jean Ravard, écuyer, seigneur d’Oriou,
-
Guillaume Cherbonnier,
-
Hilairet Plancher.
Du dit 30 mars 1530
|
Revenus |
Dixièmes |
Mathurin Jaguin, de Ternanteil, paroisse d’Échiré, receveur d’Ambroise de Granis, écuyer, seigneur des Couteaulx, absent de Poitou et demeurant au pays du Maine |
70 |
7 |
Micheau Pinet, de Lussay |
25 |
2 ; 6 |
Jean de la Rochechandry, écuyer, seigneur de Mallatrait, pour lui et Geneviève de la Rochechandry, sa sœur, demoiselle |
20 |
2 |
Jean Rochemil, procureur de Messire Philippe de la Rochechandry, ch, seigneur de Vernou, pour la dite seigneurie de Vernou |
80 |
8 |
Guyot Vallentin, écuyer, pour le seigneur de Barbezières |
110 |
11 |
Jean Tardy, pour Jean de la Magdelenne, écuyer, seigneur du Breuil Meslemault |
80 |
8 |
Helies le Massacre, écuyer |
10 |
1 |
Jean Arribat, seigneur de Faulgères |
50 |
5 |
Mathurin de Saint Gelais, écuyer, seigneur de Paultrot, comme tuteur de ses neveux et sœur, seigneur et dame de Séligné |
50 |
5 |
Plus 1 de supplément par lui due aux commissaires de Civray, pour sa seigneurie de Paultrot |
|
1 |
Antoine de la Faye, ch, seigneur de Loubigné, pour lui et Jean de la Faye, écuyer, son oncle |
40 |
4 |
François Guilhen, seigneur de l’Aultremont, et échevin de Niort, pour lui, sa femme et les héritiers de feu Louis Brotheron |
10 |
|
Sire Guy de Villiers, seigneur de la Motte de Genouillé, et Echevin de Niort |
30 |
3 |
Or, C, 2, Arch. dép. des D. S. cahier parch.
Voici maintenant le texte du reçu donné par ses collègues à de la Faye pour son dixième. Le modèle est commun à tous.
Reçu par nous, Louis Dubois, écuyer, seigneur des Portes, Guy de Villiers, seigneur de la Motte de Genouillé et François Guilhen, seigneur de Lautremont, commissaires du roi, notre sire, et de très haut et puissant François, seigneur de la Trémoille, chevalier de l’ordre, comte de Guynes, de Benon, vicomte de Thouars et prince de Thalmond, lieutenant général du dit seigneur en ses pays et comté de Poitou, Saintonge, ville et gouvernement de la Rochelle, et aussi commissaire du Roi en cette partie, de Messire Antoine de la Faye, chevalier, seigneur de Loubigné tant pour lui que pour Jean de la Faye, écuyer, son oncle, pour la dixième partie de quarante livres tournois de rente qu’il a affirmé par son serment tenir noblement, en fief et arrière fief, en ce comté de Poitou selon son ancienne étendue, et en divers ressort, à us et coutume du dit pays de Poitou, comme contenu est les lettres patentes du dit seigneur, et que le don ou contribution ne préjudicie les droits, libertés et franchises de noblesse. Fait sous nos seings, le XXème jour d’avril, l’an mil cinq cent trente.
Signé : Dubois, de Villiers, Guylhen.
(1 p. parch.)
Collecte faite et recette perçue, les commissaires financiers, François Guilhen, seigneur de Lautremont particulièrement, reçurent l’ordre de Montmorency, grand maréchal de France, de porter leur recette au commis de Bourgogne, à Bordeaux. Mais Dubois, seigneur des Portes, ayant conféré avec eux, transmit à Loubigné la pensée d’aller trouver M. de la Trémoille à Angoulème, et d’y porter les fonds comme faisaient les commissaires de Saint-Maixent et probablement de Civray. Je remplacerai par des points, dans la seconde lettre, certaines gaillardises tout à fait dans le goût du temps, et je soulignerai encore cette pensée de Dubois qu’il faudra plus tard penser à leurs valets, vu que dans Niort, pendant la perception, ils ont fait leur métier.
A Messeigneurs des Portes et de Loubigné, au port,
Monseigneur, tant humblement qu’il est possible, notre bonne grâce, nos recommandations.
Monseigneur, expressément vous envoyons ces présentes pour vous avertir que, ce premier jour de mai, avons reçu des lettres de monseigneur le maréchal de France, Montmorency et pareillement de monseigneur Doineau de Poitiers, par lesquelles nous est mandé de porter les sommes que nous avons reçues, à Bordeaux, à Jean Michellet, commis du général de Bourgogne, et le plus promptement que fera se pourra, et afin que n’aie cause d’ignorance, vous avons bien voulu avertir de toutes les dites affaires, comme verres par les lettres de mon dit sieur le grand maréchal et Doineau lesquelles par ce présent porteur vous envoyons.
Monseigneur, nous avons avisé et trouvé par conseil que vous ou bien monsieur de Loubigné à qui communiquerez l’affaire, que subito et lettre vista vous transporte un de vous à monseigneur de la Trémoille que par le présent trouverez à Taillebourg, en lui remontrant, comme savez bien faire, comme nous avons à nous gouverner et conduire en cette affaire, autrement sommes pour en tomber un gros inconvénient, par quoi messieurs, vous supplions tant qu’il nous est possible, que ayez les dites affaires pour recommandées ; et incontinent [sur le champ] avoir eu la réponse du dit sieur de le Trémoille, aurez à vous rendre en cette ville de Niort pour y conclure et délibérer cette affaire.
Monseigneur, ayez en mémoire de parler à mon dit seigneur de la Trémoille de tous les frais que avons faits et que avons affaire, lui suppliant les nous faire allouer, car ne serait la raison avoir pris tant de peine et de perdre le sien. Je vous envoie le double de la lettre que mon dit seigneur de la Trémoille nous récrit dernièrement et derechef avez le tout pour recommander.
Messeigneurs, je prions Dieu que vous ayez en sa garde et votre maison, à Niort, ce second jour de mai 1530.
Vos serviteurs et bons amis, Guy de Villiers et François Guilhen.
Monsieur de Loubigné, je me recommande à votre bonne grâce. Je vous envoie les lettres que mon homme a porté tant de Bougon que de Niort, afin que les voyez et faire s’il vous plait le contenu de celles-ci qui est, que pour le mieux, vous devez aller jusqu’à Angoulême et parler à monsieur de la Trémoille et savoir avec lui si nous porterons nos deniers qu’avons à Niort ou Angoulême, ainsi que fait monsieur de Boisseguin, comme pourrez voir par les lettres de monsieur de Bougon que je vous envoie. Les dits commissaires de Niort ont dit à ce porteur que vous rembourseront de vos peines et mises, et là où ils ne le voudront faire, je vous promets d’y contribuer au prorata et à l’autre voyage à porter l’argent, je vous ferai accompagner. Nos valets ont assez fait leur métier à Niort ainsi que (vous) verrez, nous en reparlerons après qu’aurons vuide (régler, terminer) le principal, vous priant, monsieur mon compagnon et grand ami, quand vous aurez faites les besoignes [besoin, affaires] à madame de Loubigné ….. que montez le matin à cheval pour aller faire les choses dessus dites, en me recommandant bien fort à la bonne grâce de madame de Loubigné, la priant qu’elle vous éveille le matin et endure…
Le tout votre bon ami et compagnon.
Dubois.
Madame ma mie, je vous envoie des cerises …
Le reçu de François Vasselot, extrait du chartrier de la Chenaie, va nous montrer François de Vivonne, écuyer, seigneur de Bougon, et René Parthenay, chevalier, seigneur d’Availles, chargés de lever la même aide pour l’élection de Saint-Maixent. Malheureusement leur manuscrit ne s’est pas retrouvé. Quant à M. de Boisseguin, la proximité de sa terre me le fait placer à Civray, mais je n’ai pas de document à cet égard.
Reçu par nous François de Vivonne, écuyer, seigneur de Bougon, et René Parthenay, chevalier, seigneur d’Availles, commissaires du Roy notre sire, et monseigneur de la Trimouille, lieutenant du dit seigneur au comté de Poitou, ville et gouvernement de la Rochelle, et aussi commissaire du Roi en cette partie, de François Vasselot, écuyer, seigneur de la Chaignée, la somme de dix livres pour la dixième partie de ce qu’il tient noblement en fiefs et arrière fiefs, en ressort de Saint Maixent ; estimé pour une année par son serment fait par devant nous, la somme de cent livre selon l’estimation coutumière du dit pays de Poitou, comme par lettres patentes du dit seigneur est contenu, et que la dite contribution ne déroge au droit, franchises et libertés de noblesse.
Fait sous nos seings et marques de nos armes, au lieu de la Villedieu-des-Ponts-de-Vaulx, en l’hôtel de François Conzay, le troisième jour de février, l’an mil cinq cent vingt neuf.
Signé : de Vivonne, Parthenay.
(Scellé de deux sceaux de cire rouge aux armes.)
Maintenant, quand j’aurai publié le reçu de Pierre Dapesteguy, de huit cent quatre vingt livres tournois, donné à Angoulême, pour l’élection de Niort, j’aurai fini, pour aujourd’hui, car dans un autre ordre d’idées, je suis loin d’avoir épuisé l’intérêt de ce chartrier.
Je, Pierre Dapesteguy, conseiller du Roi, général de ses finances en Bourgogne et Receveur général de ses finances et parties casuelles, confesse avoir eu et reçu comptant au lieu d’Angoulême, de nobles hommes messeigneurs Antoine de la Faye, chevalier, seigneur de Loubigné, Louis Dubois, seigneur des Portes et Guy de Villiers, par les mains de François Guilhen, commissaires commis à recevoir les deniers du don et octroi octroyé au Roi notre dit seigneur par les nobles du ressort de Niort, la somme de huit cent quatre vingt livres tournois fournie en espèces ci-après déclarées. A savoir IIe XLIII é sol à XLI s. II d., XXII é. et demi couronne à XL s ; LII é.aigle à XXXXVIJ s. et le surplus testons et monnaie, sur ce qu’ils ont pu et pourront recevoir à cause du dit don et octroi que les dits nobles du dit Ressort de Niort ont libéralement fait et accordé au dit seigneur, de la dixième partie du revenu d’une année que chacun d’eux a et peut avoir tenu et «mouvent» noblement, pour subvenir au paiement de sa rançon, recouvrement de messieurs ses enfants et autres ses exprès (sûr, certain= affaires. Cette somme de VIII c IIII xx L (8 cent 4 vingt livres= à moi ordonné par le Roi notre dit seigneur, pour convertir et employé ou fait de mon office et la distribuer en ses dites affaires, ainsi qu’il lui plaira me commander et ordonner. De laquelle somme de VIII c IIII xx L je me tiens content et bien payé et en ai acquitté et quitte les dits de la Faye, Dubois, Villiers, Guilhen et tous autres témoins, mon seing manuel ci-mis, le XVIe jour de mai l’an mil cinq cent trente. Signé : Dapesteguy. Et au dos est écrit : pour servir de quittance, année finissant mil cinq cent trente.
(1 p. parch.)
(sceau enlevé.)
A.B.
(1) teston : ancienne monnaie d’argent qui sous François 1er valait dix sous et quelques deniers.
Monographie Loubigné
On ne sait à quelle époque remonte l'origine de cette commune située à la naissance des collines du Poitou. Les registres de l'état civil déposés aux archives de la mairie datent de 1731, ce sont les seuls documents accusant l'existence antérieure de cette commune.
Lieux-dits (extrait de la matrice cadastrale)
Les Prés de la Chagnée
Les Prés de l'Église
Les Grands Champs
Les Prés de Sevreau
Les Prés du Bois Vinet
Les Placeaux
La Garenne
Rors Vinet
Les Chaumes du Portail
Sevreau
Les Parcs
Beauregard
Le Goulet
Les Cartes
La Croix de la Bataille
Le Pré de Vilaine
Le Renclos
La pièce de la Toucherolle
Les Gouannes
Le Pré de la Brousse
Le Parc
Les Prés Bernard
Le Pré Viollet
Les Aigres Mortes
Le Champ du Lac
Les Champs des Cailles
Le Pré Cornioux
Les Prés Bornu
La Nour
La Pérouze
Le Gros Buisson |
Les Chaumes
Les Près Cadet
Les Champs Bonet
Les Tartifumes
Les Prés Charnier
Le Poteau
Les Fosses
Les Champs Longs
Les Maisons Blanches
Le Puy Jalangues
La ?...
Le Pré Cason
Les Cheintres
Les Terres Fort
Les Champs du Puy
La Pièce de Corne
Sur Corne
Les V.?
Mon Compéré
Les Prés Verts
Les Mottes
La Brousse à Challet
Les Brousses Touches Moines
Le Bois Trapeau
Le Fraigne
Les Bâtisses
Village de Pérouze
Village de Loubigné
La Chaume des Ormes
La Brousse Gaillard
Sur la Rivière |
Le Portail
Villeneuve
La Chaume du Cormier
Les Champs du Pommier
Les Vallées Arnaud
Le Puy de la Grue
Les Champs du Puy
Le Village de Domazan
Les Champs de No...
Village de No...
Les Entre Deux Chemins
La Vallée des Buissons
Le Bois des Rouches
Les Champs de Macaux
Les Champs de la Vigne
Les Chaumes de la Vigne
Derrière le Pas
Les Charbonnières
Les Groies
La Gasse
Les Robineries
Le Chêne Toray
Les Terres du Moulin
A Chinet
Les Commeridats
La Coudraye
Beau Puy
La Claie du Bois
Les Vallées à Robin
Les Granges |
Chiffres de la population selon les états de recensement conservés aux archives de la mairie
Années |
Habitants |
Années |
Habitants |
1836
1841
1846
1851
1856 |
344
334
360
339
337 |
1861
1866
1872
1876
1881 |
328
317
314
309
296 |
Mouvement de la population depuis 1731 et jusqu'à 1885 inclus
Naissances : 1329 ; décès : 952 ; mariages : 410.
De constitution robuste, travailleurs infatigables, aux mœurs pures et d'une grande tempérance, les habitants de Loubigné vivent très vieux, plusieurs dépassent les 80 ans. La plupart des anciens sont illettrés, les femmes surtout.
Bien que la commune n'ait jamais eu à subir les horreurs de l'invasion étrangère, plusieurs de ses enfants sont morts au champ d'honneur pendant la guerre franco-allemande.
Les seigneurs de Toucherolles
Des recherches faites sur les registres de l'état civil, il résulte que Loubigné a donné naissance a une suite Méchain, écuyers, seigneurs de la Toucherolles, et que deux de ces personnages ainsi que plusieurs membres de cette famille ont été inhumés au sein de l'église paroissiale. Ce qui reste aujourd'hui de cette seigneurie de la Toucherolles, n'est plus qu'un hameau et n'offre aucun intérêt, ce n'est plus qu'une maison de forme très ordinaire.
Il existait aussi au chef-lieu une seigneurie sur l'emplacement de laquelle s'élève aujourd'hui une belle maison bourgeoise.
La tradition rappelle, sans pouvoir en préciser la date, qu'un des enfants du noble qui l'habitait alors, tua d'un coup de fusil un pauvre ouvrier couvreur tranquillement occupé à son travail sur les murs de ce domaine. Pour la somme de trois cents francs versés au trésor du roi, père et fils furent acquittés.
L'église
Il y a un siècle, une belle église, paraît il, ornait le milieu du bourg, elle fut vendue après le décret de 1794, qui déclara bien communaux les immeubles du clergé. En 1806, un autre décret annexa la commune de Loubigné à la paroisse de la Bataille quand au culte. Dans l'impossibilité de parcourir, 4, 6, 8 et 10 kilomètres pour entendre la messe, la commune est demeurée privée des secours de la religion depuis cette époque. Voulant mettre un terme à cet état des choses qu'elle considère comme nuisible à ses intérêts religieux, elle vient de commencer l'appropriation d'une grange qu'elle possède à son chef-lieu pour le services des cérémonies catholiques.
L'école communale et ses instituteurs
A la place de l'ancien cimetière s'élève actuellement l'école communale bâtie en 1872. Cet édifice se compose de trois chambres au rez-de-chaussée, y compris la salle de la mairie, et trois au premier étage, la salle de classe faisant suite au logement de l'instituteur, elle mesure 10 mètres de long sur 6 de large. L'instruction primaire était donnée dans la commune dés 1800 par un M. Villars, instituteur, auquel a succédé M. Malapart vers 1810.
En 1820, MM. Ménard père et fils ont continué jusqu'en 1836. La rétribution scolaire était de 1,50 fr pour apprendre à lire et de 2 fr pour apprendre à lire et à écrire (d'après le témoignage des anciens).
En 1836, M. Pacaud fut nommé instituteur communal à Loubigné et il a exercé jusqu'en 1869, date de sa retraite.
De mars 1869 à janvier 1873, M. Delavault.
De février 1873 à janvier 1874 M. Marteau et du 1 octobre 1874 jusqu'à ce jour M. Cellier
Nombre d'enfants qui fréquentent l'école depuis 1869 (l'école n'a pas de registre avant 1867)
Année |
Janv. |
Fév. |
Mars |
Avril |
Mai |
Juin |
Juil. |
Aout |
Sept. |
Oct. |
Nov. |
Déc. |
1867 |
24 |
26 |
25 |
25 |
23 |
23 |
23 |
18 |
|
4 |
18 |
22 |
1868 |
21 |
30 |
32 |
30 |
28 |
24 |
17 |
16 |
|
15 |
22 |
28 |
1869 |
31 |
27 |
28 |
28 |
26 |
24 |
21 |
21 |
|
24 |
30 |
35 |
1870 |
36 |
34 |
34 |
30 |
31 |
21 |
29 |
23 |
|
14 |
26 |
32 |
1871 |
34 |
34 |
33 |
26 |
24 |
24 |
24 |
19 |
|
20 |
25 |
37 |
1872 |
37 |
37 |
38 |
38 |
38 |
38 |
30 |
30 |
|
34 |
37 |
46 |
1873 |
43 |
40 |
41 |
37 |
33 |
31 |
27 |
24 |
|
32 |
42 |
49 |
1874 |
43 |
36 |
34 |
26 |
23 |
23 |
18 |
18 |
|
22 |
29 |
44 |
1875 |
43 |
39 |
32 |
35 |
31 |
27 |
24 |
24 |
|
25 |
34 |
43 |
1876 |
43 |
36 |
33 |
32 |
29 |
26 |
24 |
21 |
|
20 |
28 |
37 |
1877 |
37 |
36 |
29 |
24 |
30 |
27 |
23 |
23 |
|
28 |
29 |
37 |
1878 |
40 |
36 |
36 |
30 |
27 |
21 |
18 |
16 |
|
17 |
27 |
39 |
1879 |
41 |
39 |
33 |
32 |
28 |
24 |
23 |
21 |
|
24 |
31 |
44 |
1880 |
48 |
40 |
34 |
30 |
28 |
26 |
22 |
18 |
|
21 |
25 |
34 |
1881 |
46 |
44 |
37 |
31 |
27 |
24 |
20 |
17 |
|
26 |
30 |
39 |
1882 |
38 |
36 |
35 |
34 |
27 |
27 |
26 |
18 |
|
29 |
29 |
38 |
1883 |
40 |
38 |
34 |
34 |
30 |
28 |
30 |
27 |
|
28 |
33 |
38 |
1884 |
44 |
40 |
39 |
34 |
33 |
33 |
32 |
30 |
|
34 |
34 |
43 |
1885 |
46 |
44 |
41 |
37 |
33 |
32 |
31 |
29 |
|
30 |
37 |
47 |
Récapitulation
Nombre d'inscriptions annuelles au registre matricule
Année |
Nb. élèves |
Année |
Nb. élèves |
Année |
Nb. élèves |
1867 |
31 |
1874 |
49 |
1881 |
50 |
1868 |
36 |
1875 |
50 |
1882 |
48 |
1869 |
38 |
1876 |
47 |
1883 |
55 |
1870 |
45 |
1877 |
49 |
1884 |
58 |
1871 |
42 |
1878 |
47 |
1885 |
56 |
1872 |
47 |
1879 |
48 |
|
|
1873 |
50 |
1880 |
52 |
|
|
Par un sentiment que partagent - et c'est un... - la plupart des hommes, chacun partant de son pays, se plait à en faire une peinture attrayante et en augmente la richesse. Malheureusement ces sentiments honorables naissent quelquefois des erreurs qui entrainent à leur suite des conséquences les plus regrettables ; en effet, de ces erreurs découlent les faux calculs, les fausses richesses, et portant les inégales répartitions des charges. C'est à ces causes sans doute qu'il faut remonter pour trouver l'origine et la justification des lourds impôts qui pèsent sur la commune de Loubigné et qui paraissent si peu en harmonie avec ses forces productives, et l'économie si sage, si réfléchie de nos lois fiscales.
Situation agricole
C'est une triste à confesser pour ses propriétaires : la commune de Loubigné mérite d'être rangée parmi les communes les moins fertiles du département des Deux-Sèvres. Son sol, composé de terres argileuses et calcaires, subit les influences de ces deux éléments qui s'y trouvent avec excès, les unes profondes, froides, humides et imperméables, craignent la pluie, le gel et le dégel, toujours d'une culture difficile, elles réclament les plus forts attelages ; les autres, légères ardentes craignent le soleil et la sécheresse. Ces terres rebelles aux amendements modernes impropres aux prairies artificielles, aux plantes fourragères restent fatalement stationnaires devant les progrès agricoles auxquels tant de communes doivent leur prospérités et la richesse. A ces causes d'infériorité que nos terres tiennent de la nature, il faut ajouter celles occasionnées par la diminution des bras et de la fumure.
Ces bras nombreux et dociles, qu'elles trouvaient autrefois dans l'agglomération de la famille, émigrent aujourd'hui vers les villes. Ces grands troupeaux de moutons qui les fertilisaient par leur riche fumure, et qui, de leurs toison habillaient les cultivateurs, ces nombreux troupeaux pour la plupart n'existent plus, et cependant tous le diront : avec le bénéfice de ce même troupeau vendu à la boucherie, le fermier, le colon partiaire payait la moitié de ces impôts, affligeante vérité : la bergère est trop chère de même que les troupeaux...!
La culture des céréales sur notre sol ingrat, la seule cependant possible, ne suffit plus pour faire face à ces exigences graduelles de l'augmentation des salaires et des animaux ; ici le fermier s'appauvrit et la jachère grandit.
La commune de Loubigné, dont la principale récolte est celle du froment, en produit une moyenne de 17 à 1.800 hectolitres, sur lesquels il faut en déduire 1.035 pour la nourriture de ses 300 habitants et 286 pour les semences, reste environ 900 hectolitres de bénéfice. Le maïs et l'avoine sont en grande partie consommés par les cochons, les bœufs, les moutons et les juments qui se trouvent dans les exploitations.
Par ces motifs, la commune de Loubigné doit être rangée parmi les communes pauvres de l'arrondissement de Melle.
Loubigné 31 janvier 1886
L'instituteur communal.